L'envers du décor

V. Conversations bureaucratiques

Tintintin ! Sept fois neuf ? 

Jurant depuis le canapé, Gregory tenta tant bien que mal de répondre à la question pour mettre fin à la musique infernale de son alarme. 

-Huu... Soixante trois ? 

La musique satanique se changea en ode victorieuse avant de soudainement prendre fin. En pestant contre le cadeau-blague qui lui avait été offert par son équipe de Scotland Yard quand il était passé DI, l'inspecteur finit par se lever à regret.  

Un coup d'œil au réveil le fit soupirer bruyamment : six heure quinze. Il était temps de se lever. 

Après une toilette expresse et un petit-déjeuner éclair, l'inspecteur laissa un post-it jaune sur le frigo à l'intension de sa femme avant de descendre les escaliers quatre à quatre. 

Dès qu'il posa un pied dehors, Gregory se prit une vague de froid en pleine face, faisant perdre deux degrés à son pauvre organisme endormi. Ajustant son vieux manteau, le DI marcha rapidement jusqu'à l'endroit où il avait garé sa nouvelle voiture. 

Acquise dans des circonstances parfaitement légales, bien entendu. 

Et même si son acquisition avait réellement été réglementaire, Gregory l'aurait toujours caché à sa femme. Trop de ses affaires avaient été vendues parce qu'il "n'en avait pas besoin". 

Une petite voix dans sa tête lui reprocha son manque de confiance en sa compagne mais l'inspecteur la fit taire : sa journée n'avait même pas encore commencée et il n'allait pas la gâcher de si bon matin. 

Après une petite demi-heure dans le traffic, Gregory arriva à Scotland Yard, prêt à se plonger dans la paperasse qui allait forcément l'attendre sur son bureau. 

Avec l'aide de Sherlock, les dossiers étaient certes bouclés plus vite, mais tous les papiers qui s'accumulaient à une vitesse ahurissante finissaient toujours par retomber sur le DI. Qui commençait à regretter les jours où il passait moins de temps derrière un bureau. 

-Boss, le commissaire divisionnaire veut vous voir ! lança soudain Sally depuis son bureau. Si j'étais vous je me dépêcherais, il a pas l'air de bonne humeur... 

Greg remercia son sergent et se leva, traversant le bâtiment à toute allure pour ne pas être en retard. Il finit par arriver devant le bureau de son supérieur et toqua brièvement à la porte. 

Un "entrez" grogné plus tard et le policier se retrouva mal assis dans un des fauteuils en plastique en face du bureau de son commissaire divisionnaire. 

-M. Lestrade, commença l'homme qui approchait de la retraite en le regardant derrière ses sourcils broussailleux. A quelle sauce allez-vous donc être mangé ? 

En pensant qu'il préférerait ne pas être mangé du tout, Gregory offrit un sourire nerveux à son supérieur, attendant ce qu'on allait lui reprocher. 

-Tout se passe bien dans votre équipe, ces derniers temps ? 

-Euh oui, finit par répondre l'inspecteur, confus par la nature de la question. Tout va comme sur des roulettes... 

-Bien. Excellent même ! Car voyez-vous mon p'tit, j'ai le neveux de ma belle sœur qui aimerait bien trouver une brigade. J'ai immédiatement pensé à vous ! Cela vous dérangerait-il de le prendre sous votre aile pendant quelques temps ? 

Sachant très bien que répondre non serait signer sa démission, Gregory accepta avec un enthousiasme mitigé. La plupart des "fils à papa" -ou en l'occurrence des "neveux à tonton"- ne faisaient que déranger, posant des questions inutiles en pensant savoir mieux que tout le monde.