Depuis le départ forcé de Cédric, je me sens plus seule que jamais. Bien-sûr mes amies sont à mes côtés pour traverser cette épreuve mais elles ne pourront pas totalement m'empêcher de souffrir le martyr. L'absence de Cédric me pèse, emplit mon horizon, rature mes lendemains. Si seulement j'avais un moyen de communiquer avec lui, un moyen de lui dire que je l'aime encore.
Que mes sentiments perdurent malgré les six mois qui nous séparent à présent. J'ignore pourquoi je continue de songer à lui constamment. Il y a de fortes chances pour qu'il soit mort depuis longtemps sous les morsures des coups de fouet. Il n'est probablement déjà plus de ce monde. J'ai le sentiment qu'en fait, il ne l'a même jamais été. Malgré sa disparition soudaine, je garde l'espoir secret qu'un jour il reviendra dans ma vie. Pour y mettre un peu de lumière, de couleur : du bleu, de préférence. Le bleu me manque atrocement.
Je lui écris des lettres, tous les jours. Des lettres pour lui assurer que je ne l'oublie pas, que mes sentiments sont encore vivaces, que je ne les laisserai pas se tarir. Je lui écris des lettres et je sais qu'il ne les lira jamais mais je crois que ça me fait du bien. Ca me donne l'impression de lui parler. Parler à un mort, c'est stupide. N'est-ce pas ? Mais je ne peux pas accepter l'idée qu'il soit définitivement parti, pas tant que je n'en aurais pas la preuve certaine. En attendant un signe du destin, j'écris sans relâche. J'aligne les mots, je couche mes pensées sur le papier. Ma corbeille est remplie de feuilles roulées en boule, jetées, abandonnées et trempées de larmes.
Je me fais la réflexion que la vie est injuste parfois. Elle est capable de tout vous offrir sur un plateau d'argent puis, l'instant d'après, c'est comme si vous n'aviez jamais rien eu. Quelques nuits, quand je peinais à dormir, je me surprenais à envisager que toute notre histoire n'avait peut-être été qu'un fantasme, qu'un doux mirage dans lequel j'avais plongé aveuglément. Il ne me restait rien de lui à présent. Pas une photo, pas une esquisse de son visage. Pas un parfum. Que des souvenirs que le temps vouait à s'effacer jour après jour. Des souvenirs qui déjà s'effritaient dans ma mémoire, tel le papier que le feu dévore à une vitesse fulgurante.
Où était-il désormais ? A supposer qu'il soit encore quelque part en ce monde. Que faisait-il ? Et surtout, surtout, à quoi pensait-il ? Pensait-il à moi en ces sombres heures ? Pensait-il encore à moi quand moi, je ne cessais de penser à lui ? Quand il hantait mon existence, pareil à un fantôme zélé. Souvent, j'aimerais le chasser. L'intimer de s'en aller. De me laisser tranquille. Mais finalement, en y repensant, la douleur est ma seule et unique preuve de sa réalité.
Ses mots résonnaient en moi comme une prière, que je me répétais incessamment. Ils tournoyaient dans ma tête, en une ronde sans fin. Parfois, je me laissais entraîner par cet élan. D'autres fois, je m'y refusais. Six moix qu'il était parti. Six mois qu'ils l'avaient fait partir. Six longs mois. Six mois de vide, de chagrin, d'amertume et de cris dans la nuit. Six mois de rancoeur. Six mois d'amour.
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Les Frontières : Tome 2
FantasyLy ne sait plus du tout où elle en est. Cédric lui a été arraché. Il est retourné dans le domaine des Eaux et est sans doute fait prisonnier. Déterminée à le sauver, elle va tout tenter avec l'aide de ses amies et de Mathias. Ly a cependant bien d'a...