Le lendemain, les dégâts étaient bel et bien là.
La jeune fille avait les yeux gonflés et cernés de noir, résultats d'une nuit sans sommeil passée à pleurer et à ruminer. Elle n'avait habituellement aucun problème pour dormir, mais pour la première fois de sa vie n'avait pas pu le faire cette fois-ci.
Eloïse, peu pressée de se rendre au réfectoire -où devait sûrement se trouver Bertholdt à l'heure actuelle, faisait mine de traîner pour mettre son uniforme afin que ses amies partent en la laissant seule, pour qu'elle n'ait pas à prendre son petit déjeuner dans la foulée.
Mais ses camarades n'étaient pas dupes. Elles avaient vu clair dans le petit manège de la jeune fille abattue. Ce fut Ymir qui se dévoua pour la traîner, littéralement, jusque dans le réfectoire bondé de monde, bruyant comme jamais.
Eloïse, qui n'avait pas fermé l'œil de la nuit et qui avait affreusement mal à la tête, grimaça à peine entrée, Ymir ne la lâchant pas d'une semelle, Crista sur leurs talons, ainsi que les autres filles.
Avec difficulté et lassitude, Eloïse avait fini par se résigner à s'asseoir aux côtés de ses amies sur l'une des nombreuses tables du réfectoire, évitant avec soin du regard celle où Bertholdt avait l'habitude de s'asseoir pour manger, qui était la table voisine de la sienne, rien que cela.
Pour avoir jeté un coup d'œil rapide à la dite table, elle avait en effet confirmé que le grand garçon s'y trouvait bel et bien, aux côtés de Reiner comme toujours. Certaines de ses amies s'étaient mises à lancer des regards meurtriers au pauvre garçon, avant qu'Eloïse ne leur demande d'arrêter.
Ce n'était pas la faute de Bertholdt si ses sentiments n'avaient pas été réciproques. Le brun n'y était pour rien, ce que les filles avaient beaucoup de mal à accepter. Ce n'était pas lui qui avait passé la soirée à réconforter une jeune fille en pleurs, après tout.
Mais Eloïse ne pouvait pas le blâmer pour autant. Elle aurait cependant aimé pouvoir revenir dans le temps afin de ne jamais avoir avoué son amour ; et peut-être aurait-elle eu de ce fait, en cet instant présent, le courage de regarder dans les yeux Bertholdt sans risquer d'éclater en sanglots encore une fois.
Rien que le fait de penser à hier soir faisait monter les larmes, et elle sentait sa gorge se serrer.
Le reste du petit déjeuner, malgré les conversations de ses amies autour d'elle ainsi que des autres soldats, se passa dans le silence le plus religieux de son côté. Elle se contentait de manger malgré l'absence de faim, la tête baissée et les cheveux cachant son visage.
Elle était comme déconnectée de la réalité, et cela la désespérait. Comment un simple rejet avait-il fait pour la mettre dans un état pareil? Cela ne lui ressemblait pas du tout. Certes, elle était toujours très réservée, mais toujours souriante malgré tout.
Et là, rien que le fait de penser à sourire lui donnait envie de vomir. Elle n'avait qu'une seule envie, à cet instant, et c'était celle de partir de ce réfectoire, s'éloigner autant qu'elle le pouvait de Bertholdt.
Elle ne savait cependant pas que son vœux allait lui être exaucé plus vite que prévu. Et d'une manière dont elle n'aurait jamais pu prévoir l'existence même.
Son petit déjeuner était à présent presque terminé, ayant en effet glissé en cachette son pain à Sasha, afin que les autres filles ne voient pas, au quel cas elles l'aurait forcée à manger alors qu'elle n'en avait pas envie.
Elle était prête à se lever et à rejoindre les terrains d'entraînement, souhaitant profiter d'un peu de solitude avant que tout le monde n'arrive pour commencer leur journée, lorsqu'une voix qu'elle connaissait appela son prénom.
En se retournant, la personne l'ayant appelée se trouvant en effet juste derrière elle, Eloïse fut surprise de tomber sur Connie, avec Jean et Marco à ses côtés, ces deux derniers occupés à discuter entre eux de leur côté.
Reportant son attention sur le garçon aux cheveux rasés, la jeune fille plissa ses yeux gonflés et cernés, se demandant pourquoi Connie l'avait interpellée.
-Wahou, la tête que t'as! s'exclama le jeune soldat d'une voix horriblement forte. T'as pas dormi de la nuit ou quoi? C'était vrai alors que tu t'es pris un râteau hier, hein?
Le manque de tact et la naïveté de Connie lui avaient toujours parues amusantes jusqu'à présent. Mais, cette fois-ci, Eloïse ne souriait pas. La voix forte de Connie avait eu le mérite de se faire entendre au-dessus de toutes les autres conversations, et un silence inquiétant planait à présent sur le réfectoire autrefois relativement bruyant.
Elle n'en revenait pas. Venait-il réellement de dire tout cela à voix haute, devant l'ensemble de la promotion? Devant Bertholdt...?
Brisant le silence, un cri de douleur échappa à Connie alors que Jean venait lui assener une claque sur le sommet du crâne.
-Mais t'es pas bien toi! s'exclama ce dernier, n'en revenant toujours pas. La discrétion, tu connais?
Mais le mal était déjà fait, et ce malgré la prise de conscience de Connie, qui bafouilla quelques excuses en riant nerveusement.
Elle sentait le regard de tous sur elle, et elle était sûre que Bertholdt la regardait lui aussi. Elle devait avoir l'air pathétique ainsi, elle qui avait toujours pris grand soin de se fondre dans le décor, de ne pas faire de vague.
Elle regrettait son courage d'hier, plus que jamais.
Une main apaisante se posa sur son épaule, celle de Crista, mais Eloïse ne put en supporter davantage. Alors que les larmes recommençaient à couler, signe qu'elle en avait encore beaucoup d'autres en réserve malgré la nuit qu'elle venait de passer, la jeune fille se leva précipitamment.
Sans accorder un regard à qui que ce soit, et encore moins à un certain brun, elle couru hors de la salle le plus vite possible, souhaitant échapper à l'humiliation qu'elle venait de subir devant tout le monde.
Les portes du réfectoire se refermèrent derrière elle en claquant, elle qui ne s'arrêta de courir qu'une fois sortie dehors, et une fois hors de vue de quiconque passerait par là. Cachée derrière un arbre, un peu plus en contrebas du terrain d'entraînement, la pauvre jeune fille laissa éclater ses sanglots une fois de plus, sanglots qu'elle s'efforça malgré tout de dissimuler du mieux qu'elle le pouvait.
Elle se trouvait terriblement pathétique en cet instant. Alors que certains mourraient en se battant contre les titans, que d'autres vivaient dans la misère la plus noire, que d'autres perdaient femmes et enfants...
Elle, elle pleurait juste parce que le garçon qu'elle aimait ne l'aimait pas en retour?
Cette pensée n'eut comme conséquence que de la faire pleurer encore davantage, alors qu'elle ressassait en boucle le regard d'horreur que portait Bertholdt lorsqu'elle lui avait avoué ses sentiments, ainsi que l'humiliation qu'elle venait de subir devant tout le monde. Devant le garçon qu'elle affectionnait.
Elle regrettait, encore plus que la veille. Encore plus qu'à son réveil, après une courte nuit de quelques heures seulement.
Elle regrettait d'avoir gâché son amitié avec Bertholdt.
A suivre...
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Shingeki No Kyojin x Reader // One-Shots
FanfictionC'est avec beaucoup d'émotion que je vous présente mon tout nouveau recueil d'histoires sur l'œuvre de SNK, ou L'Attaque des Titans en français. En espérant que ce que je propose vous plaira! J'utilise des prénoms aléatoires pour remplacer celui du...