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Le fourgon venait d'arriver à destination. Les agents funéraires transportèrent avec précaution leur chargement jusqu'à la morgue, suivis de Florence. Le médecin légiste les attendait. Il salua Florence, puis installa le nécessaire pour pouvoir faire le prélèvement.

Florence recula dans un coin pour s'adosser contre le mur. Elle était là pour vérifier le bon déroulement des opérations dans le cadre de la procédure mais n'avait nullement besoin d'être trop près. Aujourd'hui elle n'avait pas la force de s'approcher...

Lorsque tout fut prêt, le légiste se tourna vers Florence. Il vit qu'elle était devenue blême.

-Commissaire? Vous êtes prête? on peut commencer?

Hochement de tête de Florence. Le légiste sortit alors des ossements du cercueil qu'on venait de lui apporter. Tout ce qu'il restait d'Evelyne, à présent... Florence se mordit la lèvre. Ne pas craquer...Le légiste vit à quel point s'était éprouvant pour Florence. Il fit les prélèvements proprement mais rapidement pour ne pas prolonger inutilement son supplice. Lorsqu'il reboucha le dernier flacon et annonça : "j'ai terminé", Florence craqua. Ses jambes se dérobèrent et elle se laissa glisser à terre le long du mur qui l'avait soutenue jusque là. Des  larmes se mirent à jaillir en torrents, ses épaules tremblaient convulsivement. Le médecin légiste, ne voulant pas l'embarrasser, l'observa d'un peu loin pendant qu'il finissait de ranger son matériel, cela laisserait à la commissaire le temps de retrouver un peu son calme, pensait-il.

Mais il n'en fut rien, lorsqu'il eut terminé, Florence était toujours dans le même état. Il s'approcha d'elle et s'accroupit à côté d'elle pour essayer de l'apaiser un peu. Ce ne fut pas très efficace.

 Au bout d'un moment, il se releva et s'éloigna. Elle n'apprécierait peut-être pas ce qu'il était sur le point de faire, mais il ne voyait pas trop quoi faire d'autre. Il se dirigea vers son téléphone et appela le commissariat. C'est Sissi, à l'accueil, qui décrocha. Le légiste lui expliqua la situation, Sissi lui répondit qu'un de ses collègues allait venir la chercher. 

Sissi accusa le coup. Dans l'open space,  on avait entendu le téléphone sonner, sans y prêter attention, ça arrivait toute la journée... Lorsque Nicky tourna la tête, elle remarqua la mine déconfite de Sissi, qui avait toujours le téléphone à la main, qu'elle regardait l'air perdu. Quelque chose clochait. Elle s'approcha de l'accueil : "Sissi? Tout va bien?"

Celle-ci hésita, mais il fallait bien en parler à quelqu'un et Nicky était probablement la mieux placée. Elle lui répéta ce que lui avait dit le légiste. Nicky comprenait mieux le désarroi de Sissi, elle allait s'occuper de la commissaire : "inutile d'en parler aux autres." "Ce n'était pas mon intention." Elles échangèrent un petit sourire triste avant que Nicky ne sorte.


Cassandre : Une épreuve pour RocheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant