Mise au point

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-Ce qu'il s'est passé ? c'est Nicky qui prit la parole et raconta à Sissi. Toutes les deux savaient à quel point ces mots avaient dû trouver un écho cruel dans la tête de Florence. 

-Comment avez-vous pu lui dire une chose pareille, capitaine?

Pascal gardait la tête baissée. Il savait qu'il avait blessé Florence, sa joue le sentait encore, elle n'y était pas allée de main morte...mais il l'avait mérité! Comme il ne réagissait pas, Sissi poursuivit. Il fallait bien que quelqu'un lui mette les points sur les i, puisque personne n'avait osé le faire jusque là, et c'était la commissaire qui en avait fait les frais, alors qu'elle n'avait vraiment pas besoin de ça.

-Vous ne le pensez pas vraiment, tout de même? Facile? Vous croyez vraiment que ça a été facile pour elle aujourd'hui? Elle était avec vous au cimetière ce matin, vous avez eu l'impression que c'était facile?

Bien sûr que non, il le savait, ça n'avait pas été plus facile pour elle que pour lui. Elle avait été là pour lui, avait tenu le coup pour l'épauler, lui. 

Comme il ne répondait toujours rien, Sissi continua:

-Et encore, ça c'est ce qu'elle a bien voulu vous laisser voir...

Là, intrigué, il releva la tête. Nicky fusilla Sissi du regard en secouant la tête : non, il ne fallait pas faire ça. Malgré tout, elle continua :

-Facile? Pendant que vous êtes rentré tranquillement ici, la commissaire a dû assister aux prélèvements à l'IML. Vous pensez que ça a été facile, ça?

Elle s'arrêta là, mais Pascal avait surpris le regard de Nicky à Sissi. Il interrogea Jean-Paul du regard, qui fit non de la tête : il n'en savait pas plus que lui. 

-Major, vous en avez trop dit ou pas assez, qu'est-ce que vous savez? 

Sissi hésitait. Mais, effectivement, maintenant que Sissi avait commencé, il valait mieux tout dire, ou presque. Alors Nicky raconta, sans trop entrer dans les détails, qu'elle était allée chercher Florence à l'IML tant elle avait été bouleversée.

Lorsqu'elle eut fini sa dernière phrase, personne n'osait plus parler. Pascal se sentait encore plus mal. Non seulement, elle avait fait tout ce qu'elle avait pu pour être à ses côtés et le ménager, alors que lui n'avait rien pu faire pour elle, mais en plus il l'avait enfoncée et avait déversé sa colère sur elle. Il l'avait réellement méritée, cette gifle. Comment allait-elle pouvoir lui pardonner cette fois? Il fallait qu'il aille s'excuser. Il se dirigea vers la porte.

Arrivé devant la porte close du bureau de Florence, il prit une grande inspiration puis frappa. Rien. Il frappa à nouveau, et finit par s'adresser à la porte : "Florence? je...je vous demande pardon. Je n'aurais jamais dû dire ça...Florence?" Il entrouvrit la porte et passa la tête par l'entrebâillement, inquiet. "Sortez!". Il ne se le fit pas dire deux fois, inutile d'en rajouter. Mieux valait lui laisser un peu de temps pour se calmer.

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Florence avait fini par quitter le commissariat et rentrer chez elle. Pascal ruminait, elle ne devait pas rester toute seule, dans cet état. Mais elle n'accepterait jamais de l'écouter ce soir, c'était encore trop tôt après son coup d'éclat. Il y avait bien une personne capable de la réconforter, mais il n'était pas Annecy en ce moment. Pascal savait par Florence qu'il travaillait à Lyon cette semaine, il pouvait être là rapidement. Il sortit son téléphone et chercha son nom dans le répertoire.

Cassandre : Une épreuve pour RocheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant