Chapitre 17

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Noir était le monde, sombre le ciel, invisibles les étoiles. Pieds nus, Hinata errait dans le manoir, simplement vêtue d'une robe blanche lui arrivant aux genoux. Ainsi parée, elle ressemblait à quelques esprits, mais cette comparaison ne l'intéressait guère.

Non, ce qui occupait ses pensées était une ombre noire, aperçue par la fenêtre. Ses pieds nus effleurant légèrement le sol, elle descendit les escaliers, se dirigea vers la porte de service, et put enfin sentir la fraîcheur de l'air nocturne. Un bref instant, l'éclat d'une étoile lui parvint, avant de disparaître, absorbé par la distance.

Un bruit étrange retentit, claquement de voiles de navires, et elle se retourna. Sans surprise, elle contempla la sombre silhouette apparut, qui lui rendait regard pour regard. Mais il n'était pas comme de coutume. Ses yeux étaient dépourvus de leur morgue habituelle, et une douce chaleur y régnait. Voilà qui était décidément étrange, aussi fut elle sur ses gardes.

Toujours un air paisible sur ses traits, il lui sourit, et sa beauté, qui atteignit alors son paroxysme, lui coupa le souffle. Comblant rapidement la distance qui les séparait, il fut bientôt devant elle, et l'enserra d'une étreinte protectrice. Elle ressentit alors tout ce qu'elle n'avait jamais connu, l'amour d'un père, la tendresse d'un frère.

Hésitante, elle lui rendit son étreinte, s'attendant à quelques mauvais coups. Mais rien. Au contraire, il enfouit profondément son visage dans son cou, et Hinata, le nez dans ses vêtements, inspira légèrement son odeur.

Fruitée mais masculine, elle lui plût infiniment. Enserrant sa prise autour du torse du jeune homme, elle ne put que murmurer faiblement :

« Est-ce bien toi, Itachi ? »

« Qui d'autre ? » lui sourit-il.

Mais brusquement, ses traits se convulsèrent, et toute la méchanceté du monde se mit à y luire. Deux ailes noires se déployèrent dans son dos, tandis qu'il l'observait, amusé, se décomposer devant ce subit changement.

« Tu as voulu savoir qui j'étais, » ricana-t-il, « vois donc ! »

Et de vastes espaces apparurent sous eux, des champs de flammes, où se tordaient les damnés. La terreur et la nausée la prirent devant ce terrible spectacle, et elle supplia pour que cessent ces horreurs.

De nouveau, le rire cruel retentit, avant que la voix doucereuse ne lui réponde :

« Tu connais la condition… Pour que cela cesse, tu dois devenir mienne… ou veux-tu les rejoindre ? »

Et il la précipita vers les Enfers, où elle chuta en hurlant de terreur.

Le cœur battant la chamade, encore terrifiée par le cauchemar, Hinata se redressa violemment dans son lit, rejeta au loin les draps, et tenta de se calmer. Une peur irrationnelle menaçait encore de la submerger, et elle s'obligea à faire des exercices de respiration pour ramener son rythme cardiaque à la normale. Peu à peu, les derniers vestiges de la peur s'évanouirent, mais les images de ce rêve étaient encore nettement imprimées derrière les paupières d'Hinata. Elle secoua la tête, se demandant pourquoi diable elle avait rêvé de ce stupide Don Juan.

Sans s'en rendre compte, le prénom franchit la barrière de ses lèvres, pour se fondre dans le silence. Tous dormaient à cette heure.

C'est pourquoi elle bondit de surprise quand, de l'entrée de sa chambre, retentit une voix mi ironique mi charmeuse :

« Lui-même… »

DANSE ET SÉDUCTIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant