Liliana n'était pas sortie de la chambre de toute la journée. Elle avait refusé de voir Eldian et n'avait pas touché aux repas qu'elle lui avait apportés. Eldian commençait à perdre patience, le comportement de Liliana la rendait folle et son mutisme n'arrangeait rien. Elle comprenait enfin ce qu'avait dû ressentir Siyas durant toutes ces années où ils se disputaient continuellement et qu'elle refusait de parler. Elle voulait l'aider, comprendre ce qui lui arrivait. Elle avait essayé de trouver Siyas, pour lui demander des explications, mais il était parti sans dire où il allait. Eldian se retrouvait seule à devoir gérer la jeune blonde et elle ne savait pas comment s'y prendre. Jamais de sa vie elle n'avait eu à se soucier d'une autre personne. Il n'y avait toujours eu qu'elle et Siyas. Aujourd'hui, voilà qu'elle devait s'occuper d'une jeune fille et pas n'importe laquelle. Elle qui n'arrivait déjà pas à prendre soin d'elle-même, à s'accepter telle qu'elle était. À accepter ce qu'elle était. Siyas lui disait ce qu'il fallait faire, comment le faire. Il était là pour elle, la soutenait même si elle ne voulait pas toujours de son aide. Elle l'avait rejeté plus de fois qu'elle ne pouvait le compter, abandonné autant de fois, si ce n'était même plus. Elle s'était réfugiée dans un silence accablant, banni toute discussion avec son mentor, rejetant la faute sur lui de ce qu'elle considérait comme sa misérable vie.
Petite, elle avait voulu connaître sa mère, savoir si elle avait un frère, qui était son père. Siyas l'aimait, la couvait du mieux qu'il pouvait. Du haut de ses seize ans, il l'avait protégé, soigné, éduqué, lui donnant tout ce qu'une enfant de deux ans pouvait espérer. Hormis une famille. Du jour où elle avait compris pourquoi, elle n'en avait fait qu'à sa tête : fuguant des dizaines de fois, tenant tête aux villageois, se bagarrant avec les garçons, refusant toute discipline. Elle lui en avait fait baver. À présent, elle comprenait combien elle avait été difficile. Elle se remémora leur dernière violente dispute. Elle avait été à deux doigts de le frapper et s'était retenue à temps.
La porte de la maison s'ouvrit, la sortant de ses pensées. Heol était bas, elle avait passé son après-midi à ruminer dans la cuisine. Aegis et Kuma entrèrent, le sourire aux lèvres, et s'arrêtèrent brusquement en voyant Eldian. Ils avaient discuté tout le jour de leurs dons et des Guerriers Drakyens. Aegis évitait de penser le plus possible à sa mère et son frère, elle s'attendait presque à la voir surgir au détour d'une maison pour la réprimander. Kuma la voyait retenir ses larmes et dans ces moments-là, il resserrait son bras autour de sa taille, lui signifiant qu'il était là et qu'il ne partirait pas.
— Je... commença Eldian.
Elle voulait leur demander de l'aider, mais les mots ne sortaient pas. Il lui était si facile de refuser quelque chose, dire non. La simple phrase « aidez-moi » restait coincée au fond de sa gorge. Les deux Guerriers attendirent qu'elle continue, la rendant mal à l'aise sous leurs regards insistants.
— Liliana refuse de manger... elle n'est pas sortie de sa chambre depuis ce matin et je... je ne sais pas quoi faire, ajouta-t-elle dans un murmure.
— Où est Siyas ?
Eldian reporta son regard sur Aegis. Ses yeux avaient perdu leur éclat sombre du matin et reflétaient toute l'inquiétude qu'elle ressentait pour la blonde. Ses épaules étaient voûtées, elle semblait aussi perdue qu'une petite fille. La Panthère comprit alors que Liliana et Eldian étaient liées autant qu'elle et Kuma.
— Il est parti... je serais allée le voir, mais... oh et puis, non. Laissez tomber, je vais me débrouiller, répliqua rapidement Eldian en se levant.
— Attends, l'arrêta Aegis alors que la rousse se dirigeait vers les escaliers.
Eldian s'arrêta sans lui faire face pour autant.
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Les Guerriers Drakyens - Tome 1
Fantasy- Pourquoi j'ai ce besoin de te toucher quand ça ne va pas ? Pour seule réponse, Eldian la serra plus fort contre elle. "Parce que nous sommes toutes les deux complémentaires. Parce que nous sommes un Guerrier Drakyen. Parce que ton corps ressent ce...