Les Guerriers Drakyens - Tome 1

Chapitre 19

Faë et Wysard se reposaient après avoir chevauché pendant plusieurs jours. Ils venaient de finir de décharger leurs montures. Faë installait sa couverture pour la nuit et Wysard s'occupait de préparer un feu, lorsque les scènes de massacres auxquelles assistaient Lareg envahirent son esprit. Il tomba à genoux dans un cri déchirant, tenant sa tête entre ses mains. Il n'arrivait pas à arrêter leurs flots incessants. Elles étaient tellement insoutenables qu'il finit par s'évanouir.

Faë avait accouru vers lui dès qu'elle l'avait entendu crier et l'avait rattrapé avant qu'il ne tombe dans les braises encore chaudes. Elle veillait à présent sur lui. Elle voulut faire baisser sa fièvre, mais se rendit vite compte qu'elle ne pouvait rien n'y faire. Il n'était ni malade, ni blessé. Elle attendit donc à ses côtés, espérant qu'il reprenne rapidement connaissance.

La température du jeune homme diminua enfin, jusqu'à disparaître complètement puis il revint à lui. Lareg eut du mal à se souvenir de l'endroit où il se trouvait. Les images qui l'avaient assailli le hantaient encore. Il n'arrivait pas à s'en défaire.

L'inquiétude se lisait sur le visage de Faë. Wysard essaya de lui sourire et de lui expliquer ce qui lui était arrivé, les scènes qu'il avait vues. Il omit délibérément certains détails, trop glauques, trop sombres et perturbants. Il ne pouvait pas plus affirmer d'où venaient ces scènes atroces. Elles lui apparaissaient généralement sous forme de rêve, mais il était persuadé qu'il y avait quelque chose de plus. Un incident les avait déclenchés ou plutôt quelqu'un. Le seul être capable d'une telle chose était en train de se réveiller. Wysard sentit la peur l'envahir alors que son esprit entrevoyait à peine ce dont le Nemarok était capable.

Faë s'affairait au-dessus du feu, elle avait vu Wysard s'enfermer dans ses pensées et ne voulait pas le déranger. Elle lui servit un bol de potage fumant dont l'odeur suave le ramena à la réalité. Prenant le chaud breuvage à deux mains, il la remercia d'un sourire. La boisson lui fit le plus grand bien, oubliant pour un instant l'inquiétude qui lui taraudait le cœur.

— De jour en jour, il devient plus puissant, commença-t-il doucement. On ne connaît pas l'étendue de ses pouvoirs et nous avons beau être des Guerriers Drakyens, protecteurs de cette Terre, à quoi peuvent bien nous servir nos dons, si on ne sait pas les utiliser ?

Wysard avait la tête baissée, parlant à voix basse. Faë n'avait malheureusement pas de réponses à lui donner.

— Tu es le premier à m'avoir parlé des Guerriers. Tu m'as dit toi-même que c'était là une chance que nous avions. Tu n'as pas le droit de baisser les bras. Nous devons garder courage.

Wysard était reparti dans ses pensées et Faë ne le dérangea plus. Ils se recouchèrent, espérant que le sommeil les emporte et qu'ils puissent passer une bonne nuit de repos.

Faë se réveilla en sursaut. Wysard était agité, il marmonnait des paroles incompréhensibles. La couverture à ses pieds, il était entouré de deux immenses aigles. Ils veillaient sur le jeune homme d'un air farouche et lorsque Faë voulut s'approcher, l'un des aigles lui bloqua le passage en déployant ses ailes.

Wysard s'agita de plus en plus, un troisième rapace arriva et poussa un cri qui fit trembler Faë. Wysard ne l'entendit pas. L'aigle glapit à nouveau, plus fort cette fois-ci. Faë tenta une deuxième approche. L'un des becs se referma à quelques millimètres de sa main. Elle se recroquevilla alors dans sa couverture et veilla sur Wysard de loin.

* Le jeune homme avait froid, il sentait la pierre glacée sous ses pieds. En face de lui, une silhouette était couchée sur le sol. Sans savoir comment, il le connaissait. Il voulut l'appeler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Sa gorge était sèche, irritée. Il essaya d'avancer, mais s'aperçut qu'il avait les membres entravés. Un homme entra et dans ses yeux, brillait une haine farouche.