Les Guerriers Drakyens - Tome 1

Chapitre 20

Les jours qui suivirent la découverte des pouvoirs de ses hôtes et du sien furent très éprouvants pour Liliana. Elle ne dormait plus, le sommeil lui faisait peur. Dans ses songes, le baron apparaissait très souvent, en compagnie d'une Ombre qui la terrifiait au-delà des mots. Elle ne savait pas qui était cette Ombre et essayait d'y penser le moins souvent, principalement la journée. Eldian l'aidait beaucoup, elle se sentait mieux en sa présence mais n'arrivait pas à mettre de mots sur ce sentiment de bien-être.

Cette nuit-là était déjà bien avancée. Liliana avait enfin réussi à s'endormir, aucun cauchemar n'était venu perturber son sommeil. Aucun bruit n'était audible de l'extérieur de la maison. Pourtant, Liliana s'éveilla sans savoir pourquoi. Tournant son visage vers la gauche, elle aperçut la chevelure rousse d'Eldian dépasser de la couverture sur le plancher en bois. Liliana s'était sentie gênée lorsqu'Eldian lui avait proposé son lit quelques jours plus tôt, mais la jeune rousse avait tellement insisté que Liliana n'avait eu d'autres choix que d'accepter. Elle repensa à ce qu'Eldian lui avait raconté ce même-jour. Elle revit Siyas et Aegis sous leur forme animal et se demanda à nouveau quelle pouvait bien être celle d'Eldian.

— Tu sais que la nuit est faite pour dormir, entendit-elle soudain provenir de dessous le drap fin.

Un mince sourire lui échappa lorsqu'Eldian se découvrit et qu'elle s'assit de façon à être à la hauteur de Liliana, toujours couchée.

— As-tu fait un nouveau cauchemar ?

— Non, je n'arrive plus à dormir. Je n'arrête pas de repenser à... à ce qu'il s'est passé dans la cuisine.

Elle n'arrivait pas encore à mettre de mots sur ce qu'elle avait vu, tout était trop confus pour elle. Eldian le comprenait aisément, mais l'air songeur de Liliana lui disait que de multiples questions tournoyaient dans son esprit. Elle ne voulait pas la brusquer et attendit que son amie lui fasse part de ses interrogations.

— Qui es-tu ? Je veux dire... parmi les Guerriers, quel est ton don ?

De toutes les éventualités auxquelles avait pensé Eldian, Liliana lui posait la question qui la dérangeait le plus. La rousse s'éclaircit la gorge, cherchant une réponse adéquate.

— J'aurai cru que tu me poserais cette question bien plus tôt et je m'attendais plus à... à des cris, des pleurs, voire du déni. Tu as vu Siyas et Aegis se transformer, nous t'avons dit que d'autres personnes en avaient le pouvoir et la seule question que tu me poses, c'est ce que je suis ?

— Je ne peux nier que tout cela est réel, mais j'aimerais vraiment te connaître un peu plus. Parle-moi de toi, s'il te plaît.

Malgré l'obscurité, Eldian voyait briller dans les yeux de son amie une lueur qu'elle n'avait encore jamais vue jusqu'ici, mais ne chercha pas à savoir ce que c'était. Elle se leva doucement et demanda à Liliana de lui faire une petite place dans le lit. Une envie irrépressible de la prendre dans ses bras la taraudait depuis plusieurs jours et elle n'arrivait plus à la faire taire. Liliana se décala jusqu'à toucher le mur du dos et Eldian s'allongea à ses côtés.

— On sera plus confortable pour discuter.

Ce n'était qu'un demi-mensonge, la nuque d'Eldian commençait à devenir douloureuse et une ancienne douleur dans son dos s'était réveillée, conséquence d'un malheureux geste qu'elle avait eu il y a plusieurs années et dont elle gardait encore les cicatrices.

— Je... laisse-moi te montrer quelque chose d'abord et ensuite, tu pourras me poser toutes les questions que tu veux. D'accord ?

Liliana acquiesça silencieusement et la vit se relever, puis se déshabiller. Surprise, Liliana détourna les yeux, ne sachant ce qu'Eldian faisait. Elle se sentit mal à l'aise, alors qu'Eldian se retrouvait nue devant elle. Puis elle vit son corps se déformer. Sa peau se recouvrit d'écailles, ses bras et ses jambes grossirent et des griffes apparurent aux extrémités. Son visage s'allongea et Liliana vit avec horreur des crocs sortir de sa gueule. Une longue queue lui poussa dans le bas du dos, surmontée par une crête qui courait le long de son dos jusqu'au haut du crâne et qui se finit par deux cornes. Liliana avait perdu l'usage de la parole, elle ouvrait et fermait la bouche incapable de formuler un seul son. L'animal devant elle était bien plus petit que celui qu'elle avait vu dans la forêt, près de chez elle. Une version miniature de la bête qui l'avait sauvé du baron. Elle ne put retenir un mouvement de recul en la voyant s'approcher d'elle.