Angel
Nous sommes en pleine après-midi. Le soleil a presque eu le temps de faire en entier son arc de cercle dans le ciel. Je dirais qu'il est à peu près seize heures quand nous arrivons enfin à Paris.
Harry et moi avons demandé notre chemin à plusieurs citoyens. Afin de savoir où se trouve ce fameux château Devigneron.
- Le château Devigneron ? Tss... Si vous voulez mon avis, il vaut mieux que vous retourniez chez vous ! Il est impossible d'avoir une audience avec cet homme. Nous répond un homme dans la cinquantaine.
...
- Devigneron ! Oh... Je rêve tellement de le rencontrer ! Nous dis alors une femme en pleine extasie.
...
- Ah... Ce très cher Philippe ! Il nous délivrera de ce maudit roi ainsi que de toutes ses lois qui n'ont ni queue ni tête ! Nous répond un artisan.
...
Peu importe à qui nous demandons notre chemin, nous sortons de ces discussions les mains vides. Aucune information, hormis le fait que ce soit un homme formidable pour la plupart des français. Tout cela commence à m'agacer.
Nous continuons notre route toujours sur le dos de nos fidèles montures. Harry lui aussi est agacé.
Soudain, lorsque nous pensions à notre défaite, j'aperçois au loin une carriole. Je plisse les yeux afin de mieux distinguer les écritures sur les caisses de marchandises, prêtes à être embarquées.
De... Devigneron !
Je n'en reviens pas ! Je frappe l'épaule d'Harry, lui qui était perdu en plein dans ses pensées.
- Tu n'es pas obligée d'être aussi violente ! S'écrie-t-il les sourcils froncés.
- Arrêtes de rêver et regarde plutôt là-bas ! Lui dis-je en pointant la carriole à marchandises du bout de mon index.
Il écarquille les yeux. Nous retrouvons enfin espoir !
- Allons-y Angel ! Dit-il en demandant le trot à son cheval.
- Oui ! Dis-je en faisant de même.
*
Après avoir suivi les domestiques, nous arrivons enfin au château Devigneron.
Je ne peux pas m'en plaindre, il est vraiment somptueux. C'est un château en pierre massif pour garder ce côté médiéval mais en plus moderne. Il possède également une grande cour en forme de cercle afin de pouvoir accueillir les invités. Avec une grande fontaine à la Louis quatorze en son centre. Il a dû coûter une fortune.
Finalement le château était non loin du centre de Paris. Il se trouve un peu en retrait mais non loin tout de même. Il nous a fallu suivre les domestiques durant à peine dix minutes.
Nous continuons de les suivre en nous faisant passer pour des habitués des lieux. Ainsi, ils ne nous prêtent pas trop attention. Nous nous approchons de l'entrée des domestiques, à l'arrière du château.
- Attends Angel, nous allons cacher les chevaux dans le verger juste là. Me chuchote Harry, en faisant demi-tour.
- Compris. Dis-je à mon tour.
Après avoir attaché les chevaux à un tronc d'arbre. Nous nous faufilons discrètement derrière un buisson qui donne une vue d'ensemble sur cette fameuse entrée.
- Ce ne va pas être de tout repos, il va falloir être prudents si nous voulons passer cette porte. Dit Harry en observant les gardes.
Je réfléchis. Il est vrai que ces soldats ne nous rendent pas la tâche facile. Soudain, je vois des courtisanes arriver près de l'entrée. Les gardes les laissent passer directement. Sans demander quoi que ce soit. Je crois avoir trouvé une idée !
- Harry, il faut qu'on se déguise en catin ! Dis-je fier de mon illumination.
Il se tourne brusquement vers moi et me regarde avec toute l'incompréhension du monde dans ses yeux.
- Tu n'es pas sérieuse j'espère ? Dit-il choqué.
- Très sérieuse ! Les gardes font rentrer les courtisanes automatiquement ! Si nos déguisements sont convainquant, ils nous laisseront passer ! Dis-je avec dynamisme.
Il me regarde comme si je lui demandais l'impossible.
- C'est NON ! Jamais tu me feras porter une robe de catin ! Dit-il en croisant les bras, bien décidé à ne pas suivre mon plan.
Agacée, je me mets face à lui en serrant mes poings.
- Monsieur Harry Styles ! Tu vas mettre une robe que ça te plaise ou non ! Dis-je en lui jetant mon plus grand regard noir.
* Quelques minutes plus tard*
- Allez Harry dépêche-toi ! Dis-je joyeusement en lui faisant signe de venir.
En guise de déguisements, j'ai fait avec ce que j'ai pu. J'ai déboutonné quelques boutons de ma chemise afin de créer un beau décolleté. Et j'ai découpé un bout de ma robe afin d'en faire une jupe avec une fente sexy. Je pense que ça fera l'affaire.
- Bon Harry ! Dis-je avec un ton plus menaçant.
Il se montre enfin, avec honte. Je n'ai pu me retenir de rire.
- C'est cela ! Fous-toi de moi ! Dit-il en boudant et en croisant les bras.
- Ohh... Mais tu es juste parfait, crois-moi ! On dirait juste... un gigolo ! J'espère pour toi qu'il laisse passé les transgenres avide de sexe. Lui réponds-je en manquant de m'étouffer dans mon propre rire.
Il est habillé à peu près comme moi. Il a juste découpé son pantalon pour en faire un tout petit short. C'est tout à fait parfait !
- Bon arrête de rigoler, on y va. Dit-il fâché en me prenant par le bras.
Je sèche mes larmes et nous nous dirigeons enfin vers l'entrée des domestiques.
- Fait comme moi. Chuchote-je à Harry en marchant avec sensualité.
- Non, tout sauf ça. Me chuchote-il à son tour en croisant les bras.
Qu'est ce qu'il m'énerve aujourd'hui lui. Je décide de jouer mon joker.
- Fait le pour... Suya. Lui réponds-je avec un clin d'œil.
Son visage devient rouge d'un seul coup. Aussi rouge qu'une écrevisse. Je ricane doucement et continue à marcher sensuellement.
Finalement, il se résout à faire ce que je lui dis. Je suis en train de réduire à néant son charisme d'homme virile. D'un côté, je me sens mal mais d'un autre je rigole de bon cœur.
Voici arrivé le moment fatidique où nous devons passer la porte. Les gardes nous regardent. Ils ont l'air de pas réagir. Je passe alors la première en leur offrant mon plus beau sourire. Mais après mon passage, soudainement, ils arrêtent Harry.
Hé merde...
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Mesdemoiselles
General FictionTrois jeunes filles, durant le règne de Louis XVI, vivent des vies totalement différentes. Au bord de la révolution française, prête à éclater, ces jeunes filles devront se rencontrer afin de pouvoir échapper à ce soulèvement qui risque d'avoir des...