Chapitre 32 -Skara

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Skara

Mon cœur palpite au plus je me rapproche de la salle à manger. Quelque chose me dit que la pièce se trouve au bout de ce long couloir. J'entends que le bruit de mes talons qui s'écrasent contre le parquet laqué en bois. Rien d'autre, hormis mon cœur qui bat.

J'ai décidé de me vêtir d'une longue robe grise anthracite, avec des finitions en dentelle. Evidemment, j'ai pris la plus chère de toute la garde robe. C'est comme si Philippe avait préparé cette chambre sur mesure, rien que pour moi. Tout me va à la perfection. C'est terrifiant.

Au niveau de la coiffure, j'ai fait simplement une longue tresse sur le côté. Après tout, ce n'est qu'un dîner et il est hors de question que j'opte pour une coiffure parfaitement élaborée pour ce misérable de Devigneron.

Et pour le maquillage, je n'ai pas voulu faire un truc trop complexe également. Seulement quelques coups de poudre blanche sur le visage et un peu de mascara. Je n'ai pas envie de ressembler à un bouffon si jamais je devais réaliser... quelques exercices intensifs, suite à ce repas. Dieu sait ce qu'il peut se passer...

Après quelques instants, je me trouve face à la porte. Je sens mes tripes se recroqueviller sur elles même, dû au stress. Je m'apprête à frapper à la porte jusqu'à ce qu'elle s'ouvre depuis l'intérieur de la pièce, grâce à deux gardes du château.

Je suis ébloui par tant de lumière. Mon regard se pose en premier sur Philipe. Il est là bas, en face de moi, de l'autre côté de la longue table bien dressée. Ma mâchoire se serre au moment où il me sourit. Il me dégoûte.

- Ah... Là voilà. La plus belle femme d'Angleterre ! Et je pèse mes mots... Dit-il dans un élan de bienveillance.

Il se lève de sa chaise et vient à ma rencontre. Face à moi, il s'agenouille devant moi, prend ma main et y dépose un baiser. Rien que de voir ses lèvres craquelées touchées ma peau, me file la nausée. J'ai tellement envie de fuir.

Je lui fait une révérence, sans rien dire. Juste après, il m'invite à m'asseoir en écartant une chaise de la table. Je m'assois à contre-cœur.

En attendant qu'il retourne s'asseoir de l'autre côté de la grande table, j'observe le dressage des couverts et de mes assiettes. Tout est quasiment ornementé d'or et d'argent. Mais ce n'est pas tout, absolument tout la pièce possède du luxe. Elle est pleine à craquer. Cela ne m'étonne pas venant d'un des conseillers du roi.

En regardant Philippe s'asseoir, je me remémore de ma première rencontre avec lui. Je le savais depuis le début qu'il était louche... mais pas au point de m'enlever. J'aurais dû être plus sur mes gardes. Dès mon arrivée à Versailles, il était venu me voir en personne. Chose qu'il ne fait jamais, d'après ce que le comte Ejea m'avait dit.

Bon sang... Archer...

Je me demande comment il va. Sait-il que j'ai été enlevé ?

Je pense soudainement à Zoro. Ce marquis sortit de nul part... Et qui pourtant, a fait virevolter mon cœur en l'espace d'un instant. Je me rappelle d'hier soir... au banquet. Nous étions là tous les deux. Le vin à nos lèvres, en train d'échanger sur tout et de rien. J'avais l'impression d'être seule au monde avec lui. Le reste ne m'intéressait peu... Hormis lui.

- Alors, appréciez-vous votre nouvelle chambre ? Demande Phillipe pour briser la glace.

Entendre sa voix rauque et pesante, me ramène subitement sur terre. Mon cœur se sert à l'idée de savoir que je ne reverrais peut- être plus jamais Zoro... Vu la situation dans laquelle je me trouve. Je dévisage mon interlocuteur.

- Oh... Je connais ce visage ma douce. Je sais que... ce voyage a été dur pour vous. Mais n'ayez crainte, tout ce que vous possédiez avant, je peux vous l'offrir et en plus beau ! Dit-il en se servant un verre de champagne.

- Je ne veux pas de vos babioles. Réponds-je prétentieusement.

Il ricane en prenant une gorgée de sa boisson.

- Je le sais bien ma chère. Mais vous n'avez pas le choix, puisque vous allez vivre ici avec moi...

Il prit un instant avant de continuer sa phrase.

-...jusqu'à ce que la mort nous sépare.

Sa phrase me choque. Je bondis de ma chaise en frappant à l'aide de mes mains, la table.

- JAMAIS NOUS SERONS FIANCER ! Lui hurle-je.

Il rigole de bon cœur. Il se tortille sur sa chaise. Ma colère l'amuse t-il ? Il me donne des envies de meurtre.

- Que dites-vous ma chère... Regardez plutôt ceci...

Il claque des doigts et un de ses gardes me montre un long document déplié avec le sceau de la famille Delfire dessus. Je suis tellement choquée que j'en tremble.

- Cela ne se peut...

- Hélas ma douce, c'est bien le cas. C'est un contrat de mariage. J'ai entendu dire que votre père a des problèmes financiers ? Dit-il en ricanant doucement.

Les larmes coulent le long de mes joues. Je suis brisée et dévastée. Je sers de toutes mes forces le tissu de ma robe afin de canaliser ma rage et ma tristesse.

- Vous avez... AUCUN DROIT SUR MOI ! Crie-je en me dirigeant vers Phillipe.

Un garde me stoppe net dans ma course.

- Oh que si, vous voulez que je vous lise le contrat pour vous le prouver ? Dit-il calmement en faisant signe à son garde lui emmené le document.

Il prit une grande inspiration avant de lire. Pendant que je me débat dans les bras d'un de ses garde qui est beaucoup plus costaud que moi.

- "Moi, le Grand Duc de Norfolk Alfred Delfire, donne ma bénédiction à ma fille la marquise Skara Elisabeth Victoria Delfire, et au Duc Philippe Albert Devigneron afin qu'il puisse s'unir pour célébrer leur amour..." Dois-je continuer ? Demande-t-il en souriant.

Je me sers les dents.

Mon père...

Comment as t-il pu signer cela ? Je sais bien que je devais trouver un mari possédant une grande fortune... Mais j'étais loin d'imaginer qu'il puisse choisir à ma place ! NON, cela ne se peut pas... C'est un coup monté !

Soudain la porte s'ouvre brusquement et des coups de feu résonnent dans la pièce... 

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