Chapitre 8 - Skara

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Skara

-Merci Mademoiselle d'avoir modifié la robe, elle me va comme un gant.

Elle range ses ciseaux et ses fils dans sa grosse boîte à couture. Elle a dû la faire elle-même.

-Pas de problème Mademoiselle Delfire, je suis heureuse qu'elle vous plaise.

Pour tout dire, je n'ai jamais vu une aussi bonne couturière. Les finitions sont juste parfaites et tous les tissus sont choisis minutieusement. Elle a dû travailler toute sa vie pour savoir confectionner d' aussi jolies robes.

Après m'être levée de ma chaise en médaillon, je me dirige vers mon bureau pour y prendre un crayon de bois et une feuille de chèques.

-Combien je vous dois ?

La jeune femme, qui plus est à l'air d'avoir le même âge que moi, me regarde avec des grands yeux de merlans fris.

-Je...Ce n'est pas avec moi qu'il faut régler le prix de la robe Marquise..

Elle est perturbée par ce que je lui propose, mais je refuse de payer à son patron !

-Ecouter, je haïs votre patron alors je préfère largement payer votre travail à vous, plutôt que de donner cet argent à ce vieux schnock.

Elle est encore plus confuse que tout à l'heure.

Elle ne veut pas de mon argent ?

Je la regarde en levant un sourcil. Elle est timide à cause de ma proposition. Je ne sais pas dans quelle condition elle vit, ça se trouve elle vit dans la banlieue de Paris ? Non, cela ne peut être possible, elle travaille tellement bien qu'elle doit sûrement faire partie d'une grande maison de couture. Je n'en sais trop rien.

-Vous avez raison Mademoiselle, mais vu qu'actuellement je travaille pour un patron, l'argent revient à son commerce.

Honorable, elle est extrêmement fidèle. C'est très intéressant. C'est rare les femmes comme elle de nos jours.

-Bien, si telle est votre décision. Dis-je en rangeant mon crayon et mon chèque dans le bloc tiroire de mon bureau. Nous allons descendre rejoindre vos collègues.

Elle ouvre la porte de ma loge pour me céder le passage en première vers le couloir. Elle est très distinguée, je me demande même si elle a été servante avant.

Nous marchons ensemble dans le long couloir à l'est du château. Elle n'ose pas m'adresser la parole, en même temps, elle doit respect et silence à quelqu'un de mon grade. J'avoue que c'est parfois ennuyant, alors je décide de briser la glace.

-Êtes-vous déjà venue par ici ?

Elle pose le regard sur moi, elle a l'air étonnée que je lui adresse la parole.

-Et bien, non c'est la première fois Mademoiselle. Je suis venue ici seulement pour accompagner mon patron pour des affaires commerciales.

Je vois, donc elle n'a pas de formation servante. Sinon, elle serait déjà venue ici avec tous les nobles qui circulent.

-Je vois.

Je veux en savoir plus.

-Je sais que c'est osé mais, où habitez-vous ? Vous n'êtes pas obligé de répondre.

Elle regarde le sol, sûrement parce qu'elle est gênée par ma question.

-Je suis désolé si je n'ai pas posé la bonne interrogation.

-Non il n'y a pas de problème, c'est juste que c'est délicat...

-Alors ne dites rien, si c'est mieux pour vous.

Elle m'affiche un sourire. Elle est vraiment gentille.

-Mademoiselle puis-je vous poser moi aussi une question ?

Dans d'autres conditions, je n'aurais pas accepté car les domestiques ne doivent pas poser de questions cela va de soie. Mais, je me sens en confiance avec elle.

-Allez-y.

-Qui êtes-vous Mademoiselle ? Je sais juste que vous êtes une marquise mais c'est tout.

Je ne dois pas encore être assez populaire ici, je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Il existe pire comme question.

-Je suis la Marquise Delfire. Je viens de la famille britannique Delfire. Je possède des terres en France, par conséquent, je suis ici juste pour représenter ma famille.

-Oh je vois, j'ai déjà entendu parlé de vous. Votre père est un grand duc britannique.

-Exact. Vous avez l'œil.

Nous ricanons ensemble, décidément je m'entend très bien avec elle. Certains pourraient considérer ça comme le début d'une amitié.

Soudain, j'entend des bruits de pas sourd provenant de derrière nous. Le bruit d'une paire de chaussures en cuire qui viennent s'écraser sur le carrelage, à ne pas en douter c'est sûrement un homme.

Je n'ai même pas le temps de me retourner que cette personne inconnue pose brusquement ses maudites mains sur mes épaules et me fait sursauter avec la couturière.

-Mademoiselle Delfire !

Je réussi à me retourner et à apercevoir le visage de cet homme ingrat.

-Monsieur Devigneron ! Vous m'avez fait une de ces peurs.

Il ricane tel un ogre sans aucun scrupule. Il me dégoûte.

-Je vois que vous êtes accompagnée, qui-est-ce ?

Je pose le regard sur la couturière. Je n'ai pas envie de dire que c'est une employée.

-C'est une amie.

-Une amie ?

Elle me sourit, elle a l'air d'apprécier que je la considère comme tel.

-Enchantée Mademoiselle ?

-Diekens. Mais vous pouvez m'appeler Angélique.

J'ai complètement oublié de lui demander son prénom ! En même temps, on n'a pas eu beaucoup le temps de se présenter à cause de cet énergumène...

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