willow

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Un décembre gris décolore mes lettres froissées qui gisent sur le sol.

Elles tremblent sous les coups de ma respiration saccadée,

Attendent toujours ta réponse,

Ta lumière douce dans mon monde où ton absence crie.

Ma main étire l'obscurité jusqu'à se refermer sur ton cœur figé.

Je crois qu'une ombre respire sur le plafond,

Pourtant j'aurais juré que mon corps était bleu.

De la buée se répand sur la vitre marquée par le passage des années,

Par le lierre qui fissurait les murs.

C'était une nuit froide au parfum de l'orage,

Un sommeil éblouissant me gardait éveillé.

J'ai cru apercevoir tes mèches en désordre dans le silence de la maison,

Mais ton fantôme s'est échappé et je l'ai suivit jusqu'au jardin.

De minces flammes tremblaient dans les lanternes,

S'étiraient douloureusement sous un vent qui s'aggripait à ton souvenir

Jusqu'à dérober les étoiles qui se reflétaient dans tes yeux,

Dévorant lentement ta silhouette incertaine qui ondulait sous mon regard embrumé.

J'ai traversé des centaines de rêves pour retrouver celui-ci.

Alors je retrace mes pas hésitants sur les dalles du sentier,

Suivant un chemin gravé profondément sur les parois frêles de mon cœur.

Je ne sais plus si ces souvenirs sont les miens,

Si tu as déjà frôlé mon âme solitaire du bout de la tienne,

Si tu m'as déjà connu ou bien si le futur a perdu son chemin à travers la forêt et est tombé d'amour pour mon présent.

Ton souffle froid entremêle les pensées qui oscillent au dessus de ma tête,

L'incertitude fait valser le battement troublé de mon coeur.

Je retrouve mon chemin entre les aiguilles de pins, la mousse recouvrant les marches brisées de l'escalier en pierre.

Tu t'y étais écorché les genoux en essayant de retrouver Aslan,

Tu avais dissimulé tes larmes dans mon cou et m'avait fait promettre de ne rien dire.

La peur voguait souvent sur ton être épuisé par des questions sans réponses,

Ternissait tes sourires,

Étouffait tes rires jusqu'à me faire pleurer avec toi.

Le ciel gronde et tu précipite dans la cabane sous le grand saule pleureur.

Quelques bandes dessinées parsèment le sol et se perdent entre les couvertures et les coussins.

Ce sont mes constellations à moi, mes trésors étincelants.

Tu essayes de réchauffer tes mains glacées dans mes paumes brûlantes

Mais mon temps se consume et ton image se déchire,

Tu te défais de mes yeux brillants.

Le sommeil avait donné tes couleurs sensibles à ma vision mais à présent elle retrouve son reflet terne.

Notre cabane est devenue celles d'outils oubliés et de toiles d'araignées.

Je m'allonge sous les derniers fragments de ta poussière dorée et ferme les yeux,

Il fait de plus en plus froid.

Je suis désolée de ne pas avoir pu garder tes joues rosées,

Ta voix vivante.

Ton nom s'est dissipé avec les années,

Mais mes lèvres gardent toujours une trace vague de sa mélodie familière.

Quelques mots brisés restent en suspens sur la teinte écarlate du matin.

"Tu pourrais m'accorder un dernier souhait ?

Tu pourrais effacer ce sentiment glacé, ce vide qui grandit au delà des falaises ?

Retrouve-moi,

Parce que moi j'y arrive pas."

omnia ☆.*。・゚✫ [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant