Chapitre 8

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Août 1982, Los Angeles

J'attrape le comprimé que Michael me tend pour le poser sur ma langue. Un large sourire se dessine sur mon visage. Ça va faire longtemps que je lui ai dit vouloir essayer. Aujourd'hui, c'est la première fois que j'en prends. Il pose ses lèvres sur les miennes et je lui rends son baiser. Nous nous sommes enfuis de la soirée de nos parents. Nous en avions tous les deux marre de ces bourgeois trop classes pour nous. Enfin surtout pour lui. Moi, je me suis seulement dit que j'allais le suivre. Michael est le fils d'un grand sénateur. Il a l'argent et un nom de famille, mais dans notre milieu, tout le monde le voit comme le vilain petit canard. Parce qu'il s'en fout. Il est vulgaire, il se drogue et il écoute du rock'n'roll. Il est fier que toute la décadence du monde soit incarnée en sa seule personne. Et moi, ça me plaît d'avoir quelqu'un comme lui dans le milieu, quelqu'un de différent.

Il glisse sa main sur mon torse nu et embrasse mon cou. Je frissonne. Nous nous connaissons depuis longtemps et, pourtant, quand il m'a embrassé il y a deux semaines, ça m'a semblé évident qu'on était plus qu'amis. Alors je ne l'ai pas rejeté, j'ai glissé ma main dans sa nuque pour prolonger notre baiser. Puis le jour d'après, nous avons été plus loin, il m'a fait jouir avec sa main. Le jour suivant, on était nus. Nous ne posons pas de mot dessus, parce que nous n'avons pas envie d'y réfléchir. Hier, c'était la deuxième fois qu'on couchait ensemble, et aujourd'hui, alors qu'on a décidé de fuir nos familles pour continuer nos expériences, c'est la première fois que je me sens aussi vivant. J'ai déjà couché avec des filles, mais avec Michael c'est différent. J'avais l'impression que tout mon corps répondait au sien. Dès qu'il me touche, je ressens comme une décharge, et j'ai toujours plus envie de lui, de le toucher, de le serrer contre moi. Il embrasse de nouveau mes lèvres.

— J'ai envie de toi, susurre-t-il.

— On est sûrs que personne ne va se poser des questions sur notre absence ? demandé-je.

— Ils sont tous obnubilés par le gala. A mon avis, notre absence leur fait plaisir. On ne gâchera pas leur soirée.

Je souris. Nos familles sont amies depuis longtemps, et Michael et moi, nous nous sommes toujours rendus chez l'un ou l'autre. Notre disparition n'est pas surprenante de toute façon. Je m'approche de lui pour quémander un nouveau baiser. Il entrouvre sa bouche et happe ma lèvre avec désir. Sa langue caresse tendrement la mienne en même temps que je sens son bas-ventre se durcir contre ma cuisse. Je glisse mes mains sur son dos.

— Monsieur Olson, me laisseriez-vous l'incroyable privilège de vous déshabiller ?

Je pouffe de rire avant de répondre innocemment.

— Si je ne suis pas le seul à être déshabillé, je n'y vois aucun problème.

— J'accepte ce compromis.

Michael déboutonne mon pantalon de smoking et je l'aide à le glisser sur mes jambes alors qu'il retire également le sien. Il revient au-dessus de moi, s'asseyant sur mes cuisses. Ses mains glissent sur mes flancs jusqu'à atteindre mon caleçon déformé par mon érection. Je souris. Il enlève le tissu et je le regarde, totalement excité. Il emprisonne mon sexe entre ses lèvres. Je me cambre instantanément de plaisir. Bordel, c'est bien trop bon. Je glisse mes mains dans ses cheveux. Je fonds sous sa langue. Je ne veux pas parler de ce qu'on est parce que y'a pas de mots pour ça. Je suis nu devant lui, totalement vulnérable et pourtant, je suis beaucoup trop curieux des événements pour m'empêcher de continuer avec lui. Peu importe où ça nous mène, je ne crois pas que ça soit si grave de toute façon. On s'arrêtera quand lui et moi on ira trop loin. Pour l'instant, j'ai juste l'impression d'être quelqu'un.

Les oiseaux du BoystownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant