Chapitre 22 - Melcrith

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Je levai la tête de mes papiers pour regarder Cobalt passer près de moi.

― Est-ce que tu peux relire le dernier paragraphe du rapport ? me demanda-t-il, les sourcils froncés dans une expression d'intense concentration.

C'était le troisième tour de la pièce qu'il réussissait à faire seul et sans s'arrêter. Le mélange de concentration et de détermination qui l'habitait était admirable. Un véritable esclave aurait dû se concentrer uniquement sur son corps, et ne porter aucun vêtement. Cobalt, lui, supportait les frottements du phallus et les multiples orgasmes tout en m'écoutant lire les rapports.

Il portait une robe de chambre qui laissait deviner l'ampleur de son érection et s'entraînait depuis presque deux heures maintenant. Bien qu'il semble épuisé d'avoir joui d'innombrables fois, il maintenait courageusement son effort.

― Non, on fait une pause, dis-je en reposant la liasse de parchemins sur mon bureau. Viens là.

Il revint vers moi et contourna le bureau, l'air soulagé.

― Tu as besoin d'arrêter un peu, ou tu seras complètement à bout tout à l'heure chez Cadmée. Tu as très bien progressé, tu dissimules de mieux en mieux tes orgasmes. Comment est-ce que tu sens ?

Je l'attirai à moi et il s'installa sur mes genoux, cuisses écartées de manière à ce que l'extrémité du phallus ne soit pas écrasée.

― Je me sens comme quelqu'un qui aurait dévoré un festin et dont l'estomac serait prêt à déborder, mais qui éprouverait pourtant une faim immense.

J'écartai délicatement les pans de sa robe de chambre dont le velours caressa son membre douloureusement dressé. Il frissonna et se crispa.

― Ne touche pas, s'il-te-plaît, m'implora-t-il en fermant les yeux et en plaçant les mains sur mes épaules pour se tenir à moi.

Cela faisait longtemps qu'il était repassé au tutoiement, me vouvoyer lui était difficile ; et je n'aimais pas cela non plus, pour être honnête. Son membre solide tressautait par moments, le spectacle était une merveille.

― Comment est-ce que les esclaves font pour supporter cela pendant des jours ? Ou des mois ?

― Ou des années, rectifiai-je.

― Je ne peux pas croire qu'on s'y habitue. Personne ne peut s'habituer à cette frustration...

― Je pense aussi. Disons seulement que les esclaves comprennent que la privation est définitive. Et qu'ils ne peuvent pas lutter contre la volonté de leur maître. Ils se résignent, comme pour beaucoup d'autres choses.

Je caressai sa joue.

― La tienne n'est pas définitive. Je suis désolé de t'infliger cela, mais il faut que tu puisses tenir plusieurs heures avec l'anneau lorsque nous devrons nous afficher en société. C'est un entraînement désagréable, mais je te libèrerai ce soir.

Je posai le bout des doigts sur son gland. Cobalt se pinça fort les lèvres pour réprimer un cri, son corps eut un spasme et je vis nettement l'anneau comprimer son membre pour empêcher l'éjaculation.

― C'est devenu douloureux, constatai-je. On arrête, je veux que tu t'entraînes, pas que tu souffres.

Il s'agrippa à moi par réflexe lorsque je le soulevai pour l'emmener jusqu'au lit. Sur le chemin, je pris une fiole d'une huile particulière que j'avais préparée en prévision un peu plus tôt. Un fois sur le lit, j'écartai complètement le peignoir que portait Cobalt et je versai un peu d'huile sur mes doigts. Je sentis l'effet immédiatement sur ma peau, l'huile était mélangée à de la menthe et d'autres plantes. Ce fut comme étaler de la neige sur mes mains.

MâcheferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant