"Maman, réveille-toi. Maman. Dépêche-toi, tu vas être en retard au boulot. Continuais-je en la secouant.
- J'arrive. Encore trente petites secondes. Me répond-t-elle.
- J'ai pas le temps."
Je tire sur ses couvertures. Elle se tourne vers moi avec sa grimace habituelle.
"Tu as gagné.
- Merci." Lui souriais-je.
Je me penche vers elle et lui dépose un baiser sur le front en lui souhaitant une bonne journée. Elle m'attrape les mains et plonge son regard dans le mien. Ses yeux s'emplissent alors de larmes. Sachant pertinemment ce qu'elle essaye de me dire, je lui embrasse les mains avant de me diriger vers la porte. Je l'entends alors déclarer un faible 'Je t'aime ma puce'. Puis je quitte sa chambre.
Dans l'entrée j'attrape mon sac et sort. Je marche jusqu'à mon arrêt de bus en tentant de démêler mes écouteurs. Enfin parvenu à bout de ce nœud je branche ma musique et lance ma chanson du moment 'Ne me quitte pas' de Jacques Brel. Je suis une grande fan de la musique de Jacques Brel contrairement à... N'en parlons pas. Le bus finit par arriver. J'essaye de me trouver une place assise tranquille.
Au lycée, je retire mes écouteurs avant de rejoindre Ricki, la seule amie qui veut bien de moi depuis que... Enfin bref. Avec Ricki on s'assemble tout comme on s'oppose. Elle est blonde avec de grand yeux vert et elle est tellement sarcastique, jamais satisfaite. Tandis que je suis rousse aux yeux marron et très romantique, ce qu'elle ne peut pas s'empêcher de me reprocher. A cela s'ajoute mon goût prononcé pour la musique d'antan alors qu'elle, n'écoute que des groupes de rock. Sur ce point elle me fait beaucoup penser à... Non.
"Salut, ma Béa préférée, comment va ton Roméo ? Quand vais-je enfin pouvoir le rencontrer ? S'exclame-t-elle.
- Il a eu un problème avec sa monture ce matin. Une prochaine fois peut-être.
- Je suis obligée de constater que tu t'améliores de jour en jour niveau sarcasme. Ça fait plaisir à voir." Me félicite-t-elle.
Un sifflement nous interrompt. Un groupe de garçons passe près de nous en nous reluquant, il faut le dire très discrètement. Ricki ne perd pas une seconde, alors que je baisse la tête pour ne pas croiser son regard.
"Bande d'imbéciles, que des pervers dans ce lycée. C'en est affligeant.
- Ricki." Tentais-je de l'arrêter.
La sonnerie les empêche de rétorquer et tant mieux sinon j'aurais dû avoir à faire à une Ricki plus remontée que jamais. Nous nous dirigeons vers notre salle de classe. Durant tout le chemin dans les couloirs elle ne peut pas s'empêcher de me réprimander :
"Béa, on ne peut pas les laisser gagner à chaque fois.
- Je sais.
- Arrête de faire une fixette.
- C'est plus facile à dire qu'à faire." Rétorquais-je.
Avant d'entrer dans la salle de cours, elle me sourit gaiement et va s'asseoir à sa place, au premier rang, le rang des indisciplinés comme elle aime l'appeler. Des fois j'aimerais plus lui ressembler. J'aimerais me sentir aussi libre qu'elle, de pouvoir dire ou faire ce qu'il me passe par la tête. Mais malheureusement un de nos seuls points communs c'est d'avoir toutes les deux un passé de merde. Déterminée je redresse la tête et m'apprête à faire une entrée triomphale dans la salle. Mais quelqu'un me bouscule d'un coup dans l'épaule.
"Ne t'excuses pas surtout." M'écriais-je.
Après avoir retrouvé mon équilibre je lève les yeux sur la personne qui m'a bousculer. Il a un sourire moqueur et ce regard vide quand il pose les yeux sur moi.
"Tu réponds maintenant ?" Me demande-t-il en s'avançant plus près de moi.
Je m'écroule à nouveau dans mon désespoir. J'ai horreur qu'il me parle comme ça. Je ne le reconnais plus. Je baisse la tête, incapable de le regarder en face.
"Je préfère ça." Déclare-t-il avant de s'éloigner.
Je soupire un grand coup et sans jeter un regard vers Ricki affligée d'avoir assisté à une telle scène, je rejoins ma place un rang avant celui du fond.
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Une nouvelle histoire :) J'espère qu'elle vous plaira autant que les autres :) N'hésitez pas à donner votre avis
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Dis-le.
RomanceDans une de ses chansons Jacques Brel a dit : Il y en a qui ont le coeur si large qu'on y rentre sans frapper. Il y en a qui ont le coeur si frêle qu'on le brise d'un doigt. Il est le grand coeur. Je ne suis que le coeur frêle.