Flash-back
Premier jour au collège. Je ne saurais dire à quel point je suis angoissée. Pour tenter de garder mon calme, j'essaye de me dire que mon père doit ressentir la même chose en débarquant dans un nouveau pays, dans une nouvelle guerre. Je me persuade tant bien que mal que ce stress est dû à l'adrénaline.
Dans cette immense cour, je cherche autour de moi des têtes connues. Mais il y a trop de monde. Je me mets sur la pointe des pieds pour mieux voir. C'est un échec. J'aimerais retrouver Thomas. Je ne lui ai pas parlé de tout l'été après ce qu'il s'est passé dans les derniers jours de primaire. Je m'en veux d'avoir réagi de la sorte.
Ne voyant toujours rien, j'hésite à me faufiler entre les gens pour être tout devant. Mais un homme prend la parole. Son ton se veut enjouer, il tente même des petites blagues par ci par là pour apaiser les nouveaux collégiens. Ensuite il commence à nous appeler un par un pour former les classes. Je sens la boule d'angoisse dans mon ventre doublée de volume. Soudain des doigts s'emparent des miens et serrent de plus en plus.
"Je n'ai pas peur." Déclare une voix de fille d'un ton déterminée.
Je me tourne vers elle. Elle semble moins déterminée qu'elle ne veut l'avouer. Mais son audace m'arrache un sourire. Je ne connais ni d'Eve ni d'Adams cette fille blonde aux yeux vert, qui à côté de moi a mêlé ses doigts aux miens.
"Je n'ai pas peur." Avoueais-je à mon tour.
Elle se retourne vers moi. Elle me sourit d'un air de défi en regardant nos mains liées. D'un seul coup elle lève notre poing en l'air.
"On n'a pas peur." Hurle-t-on à l'unisson.
Quelques parents autour se tourne vers nous. Certains sourient de notre courage, d'autres sont dépités de voir deux jeunes filles non accompagné par leur parents un jour de rentrée, crier ainsi. Le proviseur s'amuse de la situation avant de continuer sa liste de classe.
"Ricki Meisson en sixième D. Thomas Mendes, sixième D.
- C'est moi. Sourit-elle gaiement.
- Béa Roberts, sixième D. Continue le directeur.
- Et ça c'est moi."
Toujours les mains liées nous nous frayons un chemin jusqu'au centre de la cour où notre classe nous attend. Finalement cette nouvelle année n'est pas si mal partie.
Fin flash-back
Ricki fonce droit sur moi. Je me réfugie derrière le bar.
"Ça va te tuer de répondre au téléphone ? Surtout quand c'est ton amie qui t'appelle ? Ça ne t'as pas effleuré l'esprit que je pouvais être inquiète après ce qu'il s'est passé pendant le devoir de maths ? Et puis quoi tu réponds à Raoul mais pas à moi ? S'énerve-t-elle.
- Je me suis endormie et je n'ai pas vu tous tes messages. La coupais-je. Je m'excuse.
- Un smoothie à la fraise et tu es pardonnée. Si tu promets de ne plus me refaire ce coup."
Je lui la promesse de ne plus ignorer ses appels et lui sert son smoothie. Elle s'assoit sur un tabouret et Raoul débarque avec une part de gâteau au chocolat.
"Une idée de Béa. Le gâteau." Annonce-t-il en m'adressant un clin d'œil.
Je n'ai pas commandé de dessert pour Ricki mais elle a l'air de se réjouir de cette initiative alors je lui offre mon plus beau sourire.
"Plus sérieusement, maintenant qu'on est réunis tous les trois. Commence Ricki en plantant sa fourchette dans son gâteau au chocolat. Béa dit moi que cet anti-sèche n'était pas la tienne ?"
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Dis-le.
RomanceDans une de ses chansons Jacques Brel a dit : Il y en a qui ont le coeur si large qu'on y rentre sans frapper. Il y en a qui ont le coeur si frêle qu'on le brise d'un doigt. Il est le grand coeur. Je ne suis que le coeur frêle.