Protège et pourfend

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Sept jours s'étaient écoulés. Sept jours durant lesquels j'avais lutté pour protéger et sauver. Le démon qui m'avait séparé de Tanjiro n'avait pas vécu plus longtemps, mais je n'avais plus revu le garçon malgré toutes mes tentatives pour le retrouver.
Tu as intérêt à t'en être tiré.
Durant ces heures longues et dures, j'avais croisé bon nombre de candidats que j'avais aidés, mais je n'avais jamais pu rester avec l'un d'eux. Les démons s'acharnaient sur moi et me séparaient des autres à chaque fois. Chaque visage de ces candidats ressurgissait dans mon esprit ; j'espérais de tout mon cœur qu'ils s'en étaient tous sortis et qu'ils survivraient à la sélection finale.
Je ne peux pas être le seul à survivre une fois encore... Ce serait trop injuste...
Lorsqu'enfin je me retrouvai en dessous de glycines que le soleil commençait à éclairer de sa douce lumière, j'inspirai profondément leur parfum, soulagé. La pression qui ne me quittait plus depuis ces sept jours s'en alla enfin et je senti une douce quiétude m'envahir.
     - Papa... Kazaro-san... J'ai réussi...
Mais, une fois arrivé au rassemblement des survivants, il n'y avait que trois personnes.
Seulement quatre ?! Mais nous étions une vingtaine !
Je ne voyais pas un seul des candidats que j'avais aidés durant la semaine. La quiétude que je ressentais se brisa comme un miroir, pour laisser la place à la culpabilité.
     - Bon sang... jurais-je, Pourquoi je survis encore ? Pourquoi je n'ai réussi à sauver personne ? Pour quoi je n'arrive jamais à protéger les personnes qui le mérite...
J'avais les larmes aux yeux et mes poings étaient si serrés que je sentais du sang émerger de mes paumes.
J'aurais dû faire plus ! Je ne me suis pas assez entraîné ! J'aurais pu tous les sauver si j'avais été plus fort !
     - (t/p) ! Je suis si content de te voir !
Je me retournai aussi vite que je pu à l'entente de cette voix.
     - J'étais si inquiet de ne pas te revoir mais tu as survécu aussi ! Je suis vraiment désolé de ne pas t'avoir retrouvé...
Kamado Tanjiro. Il avait les yeux brillants, affichait un sourire triste, était couvert de poussière et blessé, mais vivant. Quand je le vis ainsi, une larme s'échappa et roula sur ma joue, et je me précipitai dans les bras du garçon. Il ne comprit rien de ce qui lui arrivait et bégaya des inquiétudes lorsqu'il se rendit compte que je pleurais.
     - Non, ce n'est rien...
Je me reculai et sécha mes yeux humides.
     - Je suis heureux de te revoir vivant... lui dis-je en souriant.
Tanjiro me regarda et rougit, visiblement désarçonné, lorsque les deux jumelles que nous avions rencontré au début de la sélection arrivèrent et nous félicitèrent tous les cinq. Elles nous présentèrent par la suite une table recouverte en nous annonçant notre grade actuel de pourfendeurs.
     - Il existe dix grades, expliqua la brune, allant de Kinoe à Mizunoto. Vous êtes actuellement au grade le plus bas : Mizunoto, et vous allez aujourd'hui choisir votre morceau de Tamahagane, morceau à partir duquel votre sabre de pourfendeur sera forgé d'ici quinze jours.
Tamahagane ? Je n'ai jamais entendu parler de ça...
     - Mais avant ça... commença l'autre jumelle.
Elle frappa dans ses mains et des corbeaux descendirent du ciel pour se poser chacun sur nos épaules.
     -... nous vous assignons à chacun un corbeau de liaison.
J'observai l'oiseau perché sur mon épaule.
C'est avec des corbeaux que l'armée des pourfendeurs communique entre elle ?
Tandis qu'un garçon blond se demandait pourquoi son corbeau ressemblait très fortement à un moineau, un autre avec le crâne à moitié rasé s'énerva contre les jumelles et ordonna à celle aux cheveux blancs de lui donner un sabre du soleil. Il fut bien rapidement calmé par Tanjiro qui s'interposa et lui attrapa le bras qui avait saisi les cheveux de la fille.
     - Enfoiré... jura l'énergumène en massant l'endroit où Tanjiro lui avait brisé les os.
     - Votre discussion est-elle terminée ? demanda la jumelle brune de sa voix toujours aussi inexpressive.
Après cet incident, nous nous réunîmes devant la table dont le drap rouge avait été retiré et fûmes invités à choisir parmi ces morceaux de métal celui qui formera notre lame. Parmi tous ceux que j'avais face à moi, je pris celui que mes yeux avaient repéré dès le début et que mon instinct me disait de choisir.
Je ne veux plus échouer à sauver des vies...
Une fois chaque morceau de Tamahagane choisi par son épéiste et une fois les mesures pour nos uniformes prises, nous fûmes libérés et je m'empressai de rentrer chez mon maître, épuisé et engourdi de partout. Kazaro-san m'accueilli avec un sourire soulagé et me félicita pour ma réussite à l'épreuve de la sélection. Il me prépara un copieux repas et je tombai de fatigue peu après.

KIMETSU NO YAIBA : Les liens tissés par le temps (Boy Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant