Une page qui se tourne

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Pourquoi je fais ça ?
Je pris une profonde inspiration.
Elle va me renvoyer c'est sûr...
Cela faisait dix bonnes minutes que je restai immobile, devant une porte en bois, le cœur battant la chamade. Et cinq minutes que mon bras, levé pour frapper contre le porte, ne bougeait pas, tremblant comme une feuille.
Est-ce que c'est vraiment une bonne idée d'aller lui parler ? Mais maintenant que j'y suis ce serait trop bête de reculer... Bon sang !
Je frottai ma joue gauche, dessinant de mes doigts la cicatrice que Gyutaro m'avait laissée.
J'ai pu m'en sortir sans le pouvoir de Nezuko, mais ce n'est pas passé loin...
Je fermai les yeux, prit une nouvelle inspiration, et frappai deux petits coups à la porte.
Je veux au moins essayer...
À peine avais-je décollé mon poing du bois que la porte s'entrouvrit pour se refermer l'instant d'après.
      - Vas-t-en, cracha Nikumi de l'autre côté de la porte, Je t'interdis de m'approcher.
D'abord résigné par cet échec logique, je poussai néanmoins la porte qui n'était pas verrouillée et pénétrai dans le domaine du pilier de l'ombre.
Où elle est partie ?
Je fini par l'apercevoir qui s'éloignait rapidement et me précipitai vers elle, lui attrapant la main.
      - Attends s'il te plaît...
La femme se dégagea, me faisant tomber au sol.
      - Disparais.
Elle me dominait de sa grande taille, et, même si ses émotions étaient masquées, je pouvais pratiquement toucher sa haine. La peur m'envahit mais je refusai de me laisser submergé et me relevai, fixant le masque opaque.
      - Écoute-moi s'il te plaît, la priai-je, J'ai peut-être trouvé une solution...
      - Une solution ? La seule solution que je serais prête à accepter c'est ta mort à toi et celle de Kibutsuji. Tu peux faire ça pour moi ?
Ses mots me fouettèrent tellement fort que ma respiration se coupa un instant, et la femme s'éloigna de nouveau.
Laisse-moi parler à la fin !
      - Je sais comment vaincre le poison !
J'avais crié cette phrase dans un mélange de tristesse et de colère, et les pas du pilier s'arrêtèrent soudainement. Elle ne bougeait plus.
C'est maintenant ou jamais !
      - Nous avons affronté les deux démons qui nous avaient retrouvés cette nuit-là, et j'ai aussi été empoisonné, comme toi...
Le souvenir de la douleur me revint alors, et je me touchais ma cicatrice une nouvelle fois.
      - Je ne l'ait été que très peu de temps et la douleur m'avait semblée insurmontable, alors je n'ose même pas imaginer ce que tu vis depuis tant d'années...
Je m'avançai d'un pas vers la femme, qui me tournait toujours le dos.
      - Nezuko a pu guérir Uzui et Tanjiro, qui avaient été eux aussi empoisonnés ! Son pouvoir sanguinaire brûle tout ce qui est démoniaque, alors je pense que cela pourrait aussi marcher sur toi...
SLAP !
Je reculai d'un pas.
Ma joue me brûlait.
Je sentais le goût du sang envahir ma bouche.
Je me tins la joue et regardai, hébété, la femme qui se tenait devant moi, la bras levé, prêt à frapper de nouveau.
      - Ne me parle pas comme si tu me connaissais... murmura-t-elle en m'attrapant par le col de mon uniforme, Je ne veux plus jamais te voir ni t'entendre, tu es trop stupide pour comprendre ça ?
Elle me relâcha et, pour la première fois, je parvins à distinguer sa marque, d'un doux bleu ciel.
De la culpabilité ?
      - Déguerpis, m'ordonna-t-elle, Ne m'approche plus jamais.
Je baissai la tête et fit doucement demi-tour pour partir. Je senti une larme couler le long de ma joue rougie et, une fois arrivé à l'entrée de son domaine, je me retournai brusquement et criai à l'intention de celle qui se cachait derrière ce masque inexpressif :
      - Je n'ai plus comme objectif de mourir avant un bon moment sache-le ! Moi aussi j'ai perdu des personnes qui me sont chères, et je compte bien les venger ! Ne te crois pas plus légitime que moi juste parce que j'ai son sang dans mes veines ! Tu m'as dit que tu avais perdu ton fils il y a dix ans ? Et bien moi aussi ma mère est morte il y a dix ans !
Et sur ces derniers mots, je claquai la porte et m'éloignai du domaine.
C'est trop tard, tu ne peux plus me briser !

KIMETSU NO YAIBA : Les liens tissés par le temps (Boy Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant