J'ai mal...
Le noir m'entourait. Je ne voyais rien, je n'entendais rien, je ne sentais rien.
Seule la douleur me faisait me dire que je n'étais pas mort.
J'arrivais à sentir mes membres uniquement par la peine qui les tiraillaient.
J'ai si mal...
Je ne sentais même pas l'air entrer et sortir de mes poumons. Toutes les sensations en dehors de la douleur étaient invisibles.
J'avais mal.
C'était tout ce que je pouvais savoir.
Je dois me réveiller... Il faut que je fasse quelque chose...
Mes paupières me semblaient aussi lourdes que d'énormes rochers. J'avais l'impression d'être aussi lourd que de la pierre, bouger mon corps me semblait impossible. Pourtant, la lune fini par éclairer mon regard.
Il fait encore nuit...
Quelques sons parvinrent à mes oreilles. J'entendais des crépitements de flammes, et je percevais une respiration haletante, sifflante. La mienne. J'arrivais à peine à respirer, et tout mon corps était engourdi.
C'est vrai... J'ai été empoisonné...
Je sentais mon sabre posé dans ma main, mais je n'avais plus aucune sensation de mon autre main après le coude. Avec beaucoup de difficultés, je tournai la tête et aperçu mon bras. Dont le bout manquait.
Et il m'a aussi coupé le bras...
- T'es encore vivant toi ?
Cette voix que je parvins à distinguer malgré mes oreilles à moitié bouchées, provenait d'en dessous de moi.
C'est lui...
Je me retournai sur le ventre et m'aperçut que j'étais allongé sur un toit, et que je faisais face au quartier des plaisirs. En feu.
Ils ont tout brûlé... C'est horrible... Pitié, faites que les habitants se soient déjà tous enfui...
- Tu n'as plus rien mon pauvre, tous ceux qui étaient avec toi sont hors d'état de nuire.
Je parvins à distinguer Tanjiro dans une ruelle, agenouillé, la boîte de Nezuko derrière lui, la démone aux obi assise sur un toit proche de la scène et, juste devant lui, le dominant de sa taille, le démon aux faucilles, qui lui parlait en ricanant.
- J'ai transpercé le cœur du sanglier, railla-t-il, le blond est en train d'agoniser sur les débris, il mourra bientôt... Il se débat comme un insecte, c'est pathétique... La fille hideuse est en train de perdre les derniers litres de son sang... Je l'aime bien cette gamine, elle a une belle fougue, et son pathétisme me plaît... Le pilier aussi avait une belle fougue, mais quel rigolade... Il a suffi que le poison atteigne son cœur pour qu'il s'effondre... C'est plus qu'un cadavre maintenant... Et le petit monstre, tu veux savoir comment il va ? Il est là...
Il désigna l'endroit où je me trouvais et je fermai les yeux pour qu'il ne remarque pas que j'avais repris conscience.
- Il est en train de se vider de son sang et le poison progresse dans son corps... continua le démon, Mais ne t'inquiète pas pour lui... C'est le seule qui survivra... C'est un monstre après tout, ce genre de choses ne peuvent pas le tuer...
La ferme...
Il commença à rigoler en se griffant le visage, et fini par apercevoir Nezuko, la boîte qui la transportait s'étant ouverte.
- Ce petit machin est de ta famille ? demanda-t-il à Tanjiro, Je sens que votre sang est similaire... C'est ta grande sœur ? Ta petite sœur ?
Lorsque le garçon répondit, le démon éclata de rire.
- Que tu es pathétique ! T'as même pas réussi à protéger ta sœur !
Il s'agenouilla à son niveau et lui cassa d'un coup deux doigts de sa main droite.
Arrête...
- Dis-moi, continua-t-il en attrapant les cheveux de Tanjiro pour le secouer dans tous les sens, Qu'est-ce que ça ta fait d'être le seul minable à avoir survécu ? Ta sœur est épuisée, alors qu'elle était ta seule chance de salut ! Dis-moi, petit moins que rien ? Écervelé. Crétin poltron. Bon à rien. À quoi ton existence a servi au juste ?
Laisse-le...
- Bouge donc ton petit corps d'humain fragile et lourdaud et essaie de finir le travail en me coupant la tête ! Allez, vas-y, je t'attends !
Son dernier cri résonna dans les rues détruites du quartier.
Il est trop puissant... On ne peut rien faire...
Tanjiro s'empara alors de la boîte de sa sœur et se mit à fuir loin des deux démons, haletant.
Tanjiro...
Le démon commença à éclater de rire et se moqua de lui, avant de récupérer ses faucilles qu'il avait plantées au sol et de marcher vers le garçon.
Non, laisse-le tranquille...
Avec beaucoup de difficultés, je parvins à me relever, et me précipitai vers les deux frères. Je titubais, ma vision était floue, et les sons me parvenaient de moins en moins bien. Le démon rattrapa Tanjiro et lui donna un coup de pied qui l'envoya valser dans une maison en feu, avant de le coincer dans une impasse. Le garçon commença à lancer sur son ennemi tout ce qui lui tombait sous la main, avant que le démon ne lui enfonce son genou dans le ventre, lui faisant cracher du sang.
- Tu es vraiment pathétique... cracha ce dernier, Mais tout pathétique que tu sois, je ne te déteste pas... Justement, j'aime tout ce qui me paraît affreux, misérable et pathétique... Et ta cicatrice au front est tellement moche ! Je l'adore... J'ai une idée ! Tu devrais devenir un démon toi aussi ! Tu pourras aider ta sœur !
Pas encore...
- Deviens un démon et je vous aiderai, puisque tu sauras des nôtres ! Si tu refuses, j'étriperais ta sœur... J'en ai rien à faire de la sœur d'un parfait inconnu... Si tu acceptes, tu pourras dire adieu à ton minable corps humain et limité, tu sentiras la puissance affluer en toi... Qu'est-ce que t'en dis, hein ?
Je saisi par terre un débris de bois et le lançai vers le démon. Ce dernier se le prit sur la tête et se retourna vers moi, avant de sourire.
- Tanjiro...
Ma voix était sifflante et rauque en même temps, j'avais du mal à articuler.
- Va-t'en...
Ce sont les seuls mots que je parvins à formuler. Mon corps fut soudain secoué de spasmes et je m'écroulai à genoux, pris d'une violente quinte de toux accompagnée de sang sortant de ma bouche.
- (t/p) ! me cria Tanjiro, Attention !
Je me retournai et vis que le démon était derrière moi. Avant que je n'aie le temps de réagir, il me saisit par le cou et me souleva de terre, m'empêchant de respirer.
- Arrête ! s'exclama Tanjiro, Laisse-le !
- Le petit monstre a repris conscience on dirait... railla le démon, Et pourquoi tu es si mal en point ? Qu'est-ce que tu attends pour te soigner ?
De quoi il parle ?
- Qu'est-ce que tu espères ? Tu ne veux pas que tes copains sachent ce que tu es ? Pathétique... Tu pourrais les sauver, et tu ne saisis même pas cette chance...
Il m'écrasa par terre, m'enfonçant dans le sol de la ruelle.
- Dis-moi misérable, pourquoi t'as rejoint les pourfendeurs ? me demanda-t-il en commençant à me rouer le corps de coups de pieds, Pourquoi t'as continué à t'accrocher à la vie alors que tu ne mérites pas ta place en ce monde ? Qu'est-ce que tu es exactement ? Est-ce que tu cherches à justifier ton existence ? Tu sais qu'une fois qu'ils sauront que tu vis grâce à celui qui a massacré leurs familles, tes amis te laisseront tomber ? Peut-être même qu'ils essaieront de te tuer, après tout, tu n'es même pas humain... Réponds-moi, qu'est-ce que tu es exactement si tu n'es pas un monstre ? Tu le sais au moins ? Tu as une réponse à me donner ? Je t'écoute !
Pourquoi ?
C'est vrai... Pourquoi je suis devenue pourfendeur déjà ?
Un corps ensanglanté.
Ah oui. C'était pour venger mon père. Mais est-ce que ça valait vraiment le coup ? Est-ce que j'étais prêt à retrouver toutes les horreurs de mon passé ? Est-ce que j'étais prêt à encaisser tous ces chocs ?
- Meurs.
- Quand je pense que tu vis avec insouciance en ayant de plus en plus de cadavres qui s'empilent derrière toi.
- Comment peux-tu te regarder dans la glace en sachant de qui tu es le fils ?
- Tu ferais mieux de crever.
- Ton existence n'apporte rien de bien, tu ne fais que faire souffrir des gens, qu'est-ce que tu attends pour en finir ?
C'est pas moi... Je n'ai rien fait de mal...
- Tu es une erreur de la nature. Tu n'auras jamais dû naître normalement.
J'ai jamais voulu qu'il vous tue... Je voulais juste être heureux...
- En portant le poids de pareilles tueries sur les épaules ?
- Tu te rends compte que tu as vécu du bonheur sur des cadavres d'innocents ? Et tu voudrais continuer à vivre comme ça ? Tu me répugnes !
- Ta mort en apaiserait plus d'un.
- Seuls les êtres humains méritent le bonheur.
- Toi, tu n'es qu'un monstre.
- Meurs tout de suite, tu as déjà vécu beaucoup trop longtemps.
- Personne ne veut de toi vivant, tu n'as plus aucune raison de continuer à vivre.
- C'est toi qui aurais dû mourir à notre place.
- Corrige le tir avant que d'autres innocents ne meurent.
Je suis fatigué.
Leurs voix résonnent dans ma tête à longueur de journée, impossible de les faire taire.
Je suis fatigué de devoir tout le temps tout endurer.
Fatigué de devoir tout le temps justifier mon existence.
Peut-être qu'ils ont raison.
Peut-être que je me fais du mal pour rien.
Qu'est-ce que ma vie m'a apporté jusqu'à maintenant ?
Je ne me souviens même plus de la dernière fois où j'ai sincèrement ri et souri... Même avec mon père, je n'ai jamais été complétement sincère dans mon bonheur...
Mieux vaut cesser cet enchaînement de souffrance.
Oui, ça ne dérangera personne que je meure...
VOUS LISEZ
KIMETSU NO YAIBA : Les liens tissés par le temps (Boy Version)
AventurePourquoi ? J'observais, béat, mes mains, des mains couvertes de sang. Pourquoi, pourquoi ça recommence ? Pourquoi tout se brouille autour de moi ? Je senti mes joues s'humidifier, et deux petites perles tombèrent au creux de chacune de mes mains. Je...