Suivre la marque

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     - Et comment comptes-tu t'y prendre ?
Mon sang ne fit qu'un tour et je me retournai, la peur se faisant de nouveau envahissante en moi. Mais lorsque que je vis l'homme vêtu d'un kimono vert et dont les longs cheveux blancs lui tombaient sur les épaules, ma crainte s'atténua, remplacée par une étrange sérénité.
Le regard de cet homme était transperçant ; j'avais l'impression que chaque portion de moi-même était analysée, mais, malgré cela, ce sentiment de sérénité et d'apaisement ne partait pas. Je me sentais étrangement bien.
     - Ce n'est pas avec ta force actuelle que tu pourras vaincre des démons.
J'écarquillai les yeux de stupeur.
     - Comment vous savez...
     - Je suis un formateur, me coupa l'homme, J'entraîne et je forme de futurs pourfendeurs de démons.
Il leva son doigt et le pointa vers moi.
     - Tu es couvert de sang, et des particules de démon recouvrent ton visage et tes mains. Il ne faut pas beaucoup plus d'indices pour voir que la nuit a été longue pour toi.
Instinctivement, mes mains se posèrent sur mon visage humide et sale, et je les regardais. La peur me saisit de nouveau, provoquée par la vue de la « marque » sur mes mains. Un filtre d'une lueur bleutée entourait mes poignets, là où, quelques heures plus tôt, le démon qui avait tué mon père m'avait saisi.

Gakumirio observait le jeune homme qu'il avait en face de lui. Ses yeux étaient rougis, des sillons marquaient les traces des larmes qui avaient coulé le long de ses joues, et ses vêtements étaient couverts de sang.
Vu le sang séché sur son corps et ses vêtements, cela doit bien faire plus de 12 heures qu'il a échappé au démon. Pourtant ses traces persistent et sont toujours très fraîches. Ce petit a beaucoup de chance d'être encore en vie ; le démon qui l'a attaqué doit être extrêmement puissant.
Il avait vu cet enfant perdu arriver sur la montagne, vidé de toute énergie, dévasté par la perte d'un proche.
Il est dévoré par la culpabilité... C'est de ce petit dont tu n'arrêtais pas de parler dans tes lettres, Hiro ? Je comprends mieux tes mots, son désir de mourir est toujours palpable et profondément ancré en lui.
Il regardait le jeune homme qui observait ses mains, à la fois terrifié et en colère, et un sourire se forma sur les lèvres du vieil homme.
Hiro... c'est ton sang que je reconnais sur le corps et les vêtements de cet enfant. C'est toi l'être cher qu'il a perdu... Mais tu peux être fier de ton fils ; tu lui as apporté le bonheur qui lui manquait, et il a désormais une volonté inflexible de vivre afin de te venger.

Ce voile bleuté sur mes mains. C'était la signature, la « marque » de l'assassin de papa. Cette marque qui dégageait une telle pression que ma respiration s'était coupée pendant un instant, et que la terreur avait refait surface. C'était comme s'il était encore là, juste derrière moi, avec ses yeux brillants et son sourire terrifiant. Mes poings se serrèrent et mes dents grincèrent de colère. Je gravai l'image de sa marque dans mon esprit, et incrustai profondément en moi la pression et la peur qu'elle me faisait éprouver.
La prochaine fois, je ne fuirais pas, sale monstre !
Je redressai ensuite la tête pour m'adresser à l'homme qui m'observait toujours de son regard perçant.
     - S'il vous plaît ! m'exclamais-je, Pouvez-vous me formez à tuer des démons pour que je puisse venger mon père ?!
En disant ces mots, j'inclinai le buste devant cet inconnu qui pourtant m'inspirait déjà un grand respect.
     - S'il vous plaît... répétais-je, les yeux fermés.
J'entendis un léger bruissement dans l'air, puis la voix de l'homme résonna à mes oreilles.
     - Suis-moi et atteint ma maison avant la nuit. Si tu y arrives, je t'enseignerais.
Je me redressai aussi vite que je pus, mais j'étais de nouveau seul. Aucune trace de l'homme dans les environs. J'eus beau regarder partout, impossible de savoir par où il était parti, et la forêt était si vaste que, fatigué comme j'étais, je ne pouvais pas prendre de direction au hasard si je voulais réussir avant la nuit.
Calme-toi. Respire. Il a forcément laissé des traces, même minuscules. Tous les humains laissent des traces, même s'ils ne veulent pas être retrouvés...
Je fermai les yeux. Le sentiment de sérénité provoqué par l'arrivée de cet homme était toujours gravé dans mon esprit, même si je ne le ressentais pas. Mais la « marque » ne s'éteignait pas. Je sentais les émotions de cet inconnu, dispersées dans l'air. Elles formaient une direction précise, et, lorsque je rouvris les yeux, ils virent sa « marque » : un voile d'une teinte verte, fin et léger, qui flottait en l'air.
Il a sauté pour éviter de laisser des traces plus visibles au sol.
Je voulu avancer vite et courir pour ne pas perdre de temps, mais, au premier pas, mes jambes qui étaient plus lourdes que du plomb cédèrent sous mon poids.
J'ai couru toute la nuit, évidement que je n'ai plus de force...
Mais, malgré la fatigue et la faim qui commençait à me tordre le ventre, j'inspirai profondément et me relevai tant bien que mal. Et j'avançai, suivant la marque de cet homme, faible mais présente.

Pister les émotions des gens.
Chaque être vivant a des émotions, et celles-ci se dispersent sur leur passage. Lorsque je suis en présence de quelqu'un, si je me concentre, j'arrive à décrypter ses émotions, et plus elles sont fortes, plus je suis affecté.
Quand je cherche quelqu'un, je peux percevoir son parcours d'émotions qu'il laisse derrière lui, comme une marque ou une odeur qu'il sème sur son chemin. C'est pour ça que, même perdu dans le noir, j'avais toujours retrouvé sa trace. Malgré toutes ses tentatives de fuite, sa peur brillait à mes yeux même dans la plus sombre des forêts...
     - Cesse de me suivre sale monstre !!!

Je secouai la tête, le cœur de nouveau au bord des lèvres.
Arrête d'y penser !
A chaque pas de ma course, mon corps s'alourdissait, et je n'arrivais plus à l'oxygéner, ma gorge était sèche et me brûlait à chaque inspiration. Mais je devais continuer. Le chemin était encore long, et la journée progressait vite, je ne devais pas m'arrêter maintenant. Si je voulais y arriver et devenir plus fort, je devais continuer.
Papa, je te promets de réussir...

Le soleil se couchait et la lune commençait lentement à apparaître quand je m'écroulai à genoux devant la petite maison en bois située à l'orée de la forêt que je venais de quitter. Je réussi, avec les dernières forces qu'il me restait, à ouvrir la porte, pour trouver l'homme de ce matin assis devant un feu et occupé à lire des lettres. Il me regardait, et je murmurai, juste avant de m'effondrer de fatigue :
     - Je... suis... là...

Le petit s'était écroulé de fatigue contre la porte d'entrée, définitivement vidé de ses forces. Gakumirio le souleva dans ses bras et l'amena dans la salle de bain de sa maison. Là-bas, il nettoya son corps sale et meurtri et effaça les traces de sang qui s'accrochait encore à son visage et à ses mains. Une fois propre, le jeune homme fut transporté et couché dans une chambre que le vieil homme avait préparée pendant la journée, et ce dernier alla laver ses habits eux aussi tachés de sang.
     - Tu es digne de mes enseignements, Oyomi (t/p)... dit-il au jeune homme endormi.


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Voilà le second chapitre, un peu plus court

Normalement je sortirais le troisième demain, comme celui-là était un peu court

Alors, vos impressions concernant ce nouveau personnage? Et sur notre cher (t/p)?

J'espère que ce chapitre va vous plaire, je m'excuse si vous trouvez que votre personnage est efféminé ou si j'oublie de corriger des changements de caractère pour faire passer votre personnage d'une fille à un garçon, comme j'écris en premier la version fille, mais je corrige les oublis dès que je les voit ^^

Sur ce, je vous dis à demain, et que la bonne fortune vous accompagne ;)

KIMETSU NO YAIBA : Les liens tissés par le temps (Boy Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant