「six」

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Bonne lecture !

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– Bon, je t'attends là, hein, proposa Bokuto lorsqu'ils arrivèrent devant la porte de l'infirmerie. Normalement à cette heure-là, Saeko est déjà rentrée chez elle. Peut-être qu'elle l'a enfermé à l'intérieur pour la nuit ?

– Peut-être ouais. Tu sais toujours comment forcer une porte ?

– Bien sûr, tu me prends pour qui ?

– Pour un mec qui pourrait se battre avec quelqu'un qui a marché sur la queue d'un chien. J'ai toujours un peu de mal à savoir si tu es un bon gars ou pas.

– Les gens sont cruels et sans cœur. Tiens d'ailleurs tu me fais penser que ça va faire deux heures que j'ai pas sorti Kiwi.

Kuroo laissa un rictus poindre sur ses lèvres.

– Toi et ton chien, alors... Bon, ouvre-moi cette porte et je le sors avec toi après.

Un immense sourire apparut sur ses lèvres.

– Ouais ! Allez, va le faire chier quelques minutes et ensuite on ira !

Bokuto s'accroupit devant la porte, sortit un vieux trombone qui traînait dans la poche arrière de son jean, puis s'affaira à se souvenir de ce qu'il avait appris étant gamin. Les habitudes avaient la vie dure, si bien qu'en quelques secondes un clic retentit et il fut capable d'abaisser la clenche.

– Un jeu d'enfant, murmura-t-il en laissant passer Kuroo. À tout à l'heure !

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En entrant dans la salle, Kuroo fut tout de suite rassuré par quelque chose : Daishou dormait profondément. Il regarda sa poitrine s'élever et s'abaisser au rythme de sa respiration, puis fit quelques pas vers lui avant de s'arrêter.

Il n'aurait pas dû être inquiet. Dans les faits, il adorait cette situation : se disputer quotidiennement avec cet imbécile leur permettaient à tous les deux de ne pas trop réfléchir. Daishou ne pouvait physiquement pas s'entendre avec ses amis, alors la seule façon pour eux de continuer à se parler un minimum (et dans le fond, peu importe ce qu'ils se disaient, c'était les interactions qui comptaient) était celle-ci : deux ennemis de première qui passaient leur temps à se lancer des piques.

Mais là, pour le coup, il pouvait difficilement faire autre chose que de s'inquiéter pour lui.

Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, mais il crut réellement ce dernier allait s'arrêter lorsque les sourcils de Suguru se froncèrent. Ses paupières tremblèrent, un frisson remonta le long de son bras droit – Kuroo put apercevoir la chair de poule qui recouvrit sa peau – et la seconde d'après, ses pupilles noires légèrement vitreuses se posèrent sur l'obscurité de la pièce.

Il ne mit pas longtemps à remarquer sa présence.

– Quoi ? grommela-t-il. Ça défrise, hein ?

Kuroo laissa échapper un éclat de rire étonné.

– Sérieux ? Ça fait combien de temps que tu cherches à la caser, celle-là ?

Daishou ferma les yeux, un vague sourire sur les lèvres.

– En fait, je l'ai sorti à Saeko tout à l'heure. Mais je crois qu'elle a trouvé ça nul parce qu'elle a juste tiré le rideau pour me séparer du reste de la pièce.

– Pauvre de toi, ça doit pas être facile d'avoir un humour de merde.

– C'est ça, fous-toi de moi. En attendant, j'ai quand même réussi à trouver un jeu de mots alors que je suis passé à deux doigts de la mort.

– À deux doigts de la mort, hein ? Heureusement que t'es pas du genre à exagérer.

– Heureusement, oui.

Le volume de sa voix diminuait de plus en plus, ses paupières se refermèrent à nouveau, et soudain sa respiration se fit complètement régulière.

Kuroo regarda son visage et ses muscles se détendre petit à petit, puis reposa son poids contre le mur derrière lui. Il faisait assez frais dans l'infirmerie, et le lit sur lequel était allongé cet emmerdeur ne comportait qu'un drap blanc à peine plus épais qu'une serviette en papier.

Il balaya la pièce du regard et s'avança vers l'évier qui se trouvait près de la fenêtre. Il attrapa un gobelet, le rempli au trois quarts, puis alla le déposer sur la petite table à côté du lit. Ses yeux furent soudain attirés par le bout des doigts de Daishou.

Ils étaient rouges et brûlés, légèrement ensanglantés.

Sans s'en rendre compte, il tendit le bras, comme hypnotisé, et sa peau frôla la sienne. Un petit sursaut de Suguru le fit se redresser immédiatement, et Kuroo fit un pas en arrière.

En arrivant dans sa chambre, le chien de Bokuto courait partout dans la chambre et sautait sur son lit.

– Alors ? lui demanda-t-il en relevant la tête. Allons-nous retrouver le corps inanimé de Daishou demain matin ?

– Nan, il dormait, répondit-il en enfilant sa veste. Et je suis pas encore assez désespéré pour lui arracher son sparadrap dans son sommeil. Quoique, maintenant que j'y repense...

– Trop tard, bro'. Maintenant tu dois m'accompagner.

Il lui offrit un grand sourire.

– Je crois que Kiwi a très envie de pisser sur ta couette.

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Un monde sans danger || HaikyuuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant