Chapitre 16.✨

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Voilà, faut que je me lance, c'est mon moment.

Il est là devant moi, nous sommes seuls et il m'écoute attentivement.

J'avais répété cette scène beaucoup trop de fois dans ma tête mais, j'avais jamais pris en compte que mes émotions pouvaient prendre le dessus. Je voudrais lui dire les milliards de mots qui défilent dans mes pensées.

Malheureusement, aujourd'hui ils sont bien trop fugaces.

Et je n'arrive qu'à en saisir que quelques-uns. Peut-être pas les plus originaux, ou encore les plus extraordinaires.

Mais les plus "moi".

Encore malheureusement, mes pinceaux s'emmêlent, ma langue a déserté et mes mots s'évaporent. Aucun des propos que j'énonce n'ont la forme qu'ils méritent. Ils sont maladroits, bancales et peut-être un peu idiots sur les bords mais, à défaut de ne pas être tout ce que je voudrais qu'il soit, pour moi, ils restent parfaits.

La perfection d'une déclaration ne se trouve pas dans les enchaînements de lettres et les grandes métaphores. Mais dans la beauté de l'instant et dans l'effort qu'on lui attache. C'est le moment présent qui peint les mots de toutes les couleurs et c'est mon intention qui leur donne tout leur sens. Un mot à sa couche extérieur et sa couche intérieure. On peint les mots et on les remplit de valeurs. La couleur à donc pour fonction d'interpeller ton interlocuteur. Une fois son attention capturée, la valeur de ton mot coche une flèche en plein cœur. Sans la couleur, il est possible de toucher, certes. Mais, il est plus fort probable de raté.

Chose que je ne veux pas tenter.

Ainsi, me voilà devant lui, tentant à grand coup de pinceau tous les mélanges possibles, afin de créer des couleurs encore inconnues, pour refléter les exactes émotions qui m'habitent.

Ces émotions qui ne sont que simples locataires de notre être quelques secondes. Une émotion ne peut donc pas nous définir, comme les mots, elle est notre couche intérieure. Elle n'est qu'une partie d'un duo élémentaire. Un duo qui lui est défini.

Cette émotion qui m'habite est un tourbillon de mystère. Il me semble qu'elle n'a pas encore été découverte. Ou alors je soupçonne qu'on ai voulu lui cacher son existence, car un sentiment aussi beau ne peut que réveiller notre part égoïste.

Alors, oui me voilà.

Un couteau dans la main, coupant et arrachant un morceau de mon cœur à chaque mot qui sort de ma bouche.

Je lui offre donc une partie de mon être, sans vraiment savoir si par la suite il sera jeté aux ordures. Car, je ne sais pas ce que lui ressent. Je ne sais pas si je vais le regretter.

Et, je pense que c'est à ce moment précis qu'on définit l'amour. Quand on est prêt à tout donner au risque de tout perdre. Je précise que je ne pense pas que l'amour soit le fait de tout offrir. Mais la définition c'est ce risque en lui-même.

C'est cette incertitude, ce doute, peut-être même un mauvais pressentiment, mais c'est le faire quand même. C'est mettre en péril tout son être et risquer de se perdre.

Dans un sens l'amour c'est l'audace.

Ou alors dans le fond ce n'est peut-être juste que de l'imprudence.

Une larme coule le long de ma joue, alors que j'ai à peine commencé. J'ai un mal de ventre, la peur me fait vraiment me sentir mal. J'ai tellement envie de quitter cette chambre pour reprendre ma vie sans soucis.

Je manque visiblement d'audace à ce moment précis.

Mais sûrement pas d'imprudence. Toute ma vie a été bercée par cette imprudence sans nom.

Le Temps D'un Été [NALU]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant