𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐢𝐧𝐠𝐭

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𝓔n l'espace de quelques instants, je m'étais sentie vivant

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𝓔n l'espace de quelques instants, je m'étais sentie vivant. Ma respiration avait été normale. J'avais pu arrêter de me morfondre. J'avais volé plus haut que mon passé, je l'avais survolé quelques minutes. Grâce à elle, j'avais pu me libérer d'un poids.

Un poids qui s'était installé dans mon coeur depuis bien trop longtemps. Les regrets qui empêchaient mon coeur de battre, s'étaient endormis le temps de deux petites minutes. Je ne pourrais décrire les sensations que cela me procurait. J'avais l'impression de vivre et ne plus simplement survivre. C'était comme si elle avait répondu à mon appel à l'aide.

Mais lorsqu'il a fallut descendre de la grande roue, tout m'est revenu en pleine face ; telle une gifle. Je ne l'avais pas vu venir et j'aurais préféré ne pas en payer les frais. La survie a reprit possession de moi. Mon sourire avait disparu et j'étais redevenu morose.

Je n'avais plus du tout adressé la parole à Dylan. Puis j'avais inventé une excuse débile pour pouvoir rentrer chez moi. Elle n'avait pas insisté pour en savoir plus. Je l'avais donc laissé en plan ; devant la grande roue. J'étais le pire des idiots.

Les mains dans les poches, je marchais depuis une dizaine de minutes. J'arrachais une clope de sa boite pour la poser dans le coin de mes lèvres. Je ne tardais pas à sortir mon briquer pour l'allumer. La flamme s'élevait dans l'air. J'inspirais une grande bouffée de fumée.

Celle-ci me consumait mais je n'en avais plus rien à faire. La mort me collait à la peau ; c'était indéniable. Abby avait beau me supplier pour que je signe ce putain de papier pour les dons d'organe. Je ne le ferais pas. Jamais.

Hors de question que je laisse l'espoir envahir le peu d'humanité qu'il me reste. Je laisse la fumée s'évaporer de ma bouche. Personne, je dis bien personne, ne peut me comprendre. Je suis seul à pouvoir décider de ce que j'adviendrais. Ma vie n'appartient qu'à moi ; et moi seul. Dorénavant, je ne pense qu'à moi et à ce que je veux faire du peu de temps qu'il me reste.

Le monde ne cessera jamais de tourner autour de moi. Pourtant, moi, dans moins de trois mois, je ne le verrais plus. Je serrais enterré six pieds sous terre ; sans retour en arrière. Mon destin paraissait sombre mais il faisait parti de moi. Je devais faire bon usage des jours qu'ils me restaient.

En moins de vingt minutes, je me retrouvais chez moi. Comme c'était bon de rentrer chez soi, de se sentir là où l'on devrait être. Je refermais la porte derrière moi. Je sursautais lorsque des voix résonnaient dans l'appartement.

— Il faut qu'on parle, lâchait l'une d'entre elle, je ne la connaissais que trop bien.

Mon rythme cardiaque ne pouvait s'empêcher de battre à tout rompre. Comme si mon heure était venue. Comme si tout était fini. Comme si le gong de fin venait de retentir. Comme si j'avais déjà les deux pieds dans la tombe.

J'essayais tant bien que mal de reprendre mon souffle. Je ne devais pas craquer. Non, je n'avais pas le droit. Je me retournais puis avançais, le coeur lourd, vers eux. Son visage que je n'avais pas revu depuis plus d'un an était bien là. C'était bien réelle, rien n'était illusoire.

Éphémère Où les histoires vivent. Découvrez maintenant