12 - Sirius

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Cela faisait presque une semaine que James ne leur avait pas adressé la parole, et chaque fois qu'il croisait sa silhouette dans un couloir, chaque fois qu'il le voyait entrer dans la Grande Salle, Sirius avait l'impression que son coeur tombait un peu plus bas dans sa poitrine. Il commençait à croire qu'il n'aurait plus jamais l'occasion de passer un moment avec son ami. Il avait tout gâché.

Il passait ses journées avec Remus, la plupart du temps dans un silence pesant, sans qu'aucun d'eux n'ait eu le courage d'aborder ce qui s'était passé cette soirée là. Sirius regrettait. Il ne regrettait pas d'avoir embrassé Remus, il regrettait d'avoir chamboulé à ce point leur amitié, à tous. Il regrettait d'être ce qu'il était. Il se sentait plus seul que jamais et n'osait même pas demander à Remus ce qu'il pensait de tout cela. Ce dernier restait muré dans une sorte de silence détaché, mais chaque regard qu'il portait sur James était un mélange de regret et de mépris. Sirius n'arrivait même pas à le mépriser. Il était trop anéanti de savoir le jugement que son ancien meilleur ami portait sur lui.

Il ne comprenait même pas que les choses aient pu changer à ce point.

Une semaine, autrement dit une éternité. Cela commençait avec James, et cela se poursuiverait avec tous les autres. Il aurait voulu aimer les filles, il en était incapable. Il aurait voulu parler à James, il n'en trouvait pas le courage. Leur groupe d'amis lui manquait, par-dessus tout. Même Peter lui manquait, lui qui pourtant ne le regardait jamais avec la même colère que James. Mais il ne lui parlait pas non plus. Il se fondait dans la masse plus encore que d'habitude.

Allongé sur son lit dans le dortoir silencieux, Sirius avait laissé Remus à son devoir d'astronomie, et il contemplait le ciel de son lit avec un regard vide, se demandant encore et encore comment tout aurait pu être différent. Un bruit de pas dans l'escalier résonna et Sirius retint un grognement. Il voulait être seul et ne supportait plus les regards inquisiteurs, parfois triomphants, de ceux qui assistaient au délitement de l'incroyable quatuor de Gryffondor. Il n'avait pas pris conscience autrefois d'à quel point il aimait être admiré de la sorte. Ils n'étaient plus que des bêtes de foire tous les quatre, et avaient indéniablement perdu de leur superbe. Il se redressa en voyant se prolonger une ombre sur le mur opposé, prêt à quitter le dortoir si l'autre s'attardait.

Son regard croisa celui de James et leurs deux visages affichèrent un air de surprise, qui se transforma bientôt en une gène non dissiumulée. Sirius se sentit rougir, ce qui ne lui arrivait presque jamais. James détourna le regard, visage fermé.

- Désolé, je savais pas que t'étais là, lâcha-t-il.

- Pas grave.

- Je venais juste chercher... Servilus a mystérieusement renversé son pot d'encre partout dans la bibliothèque.

Il avait dit cela d'un ton neutre, sans un regard pour Sirius.

- Mystérieusement ? tenta Sirius, hésitant.

- Ouais, répondit James.

Il avait risqué un regard vers le jeune homme avec un léger sourire flottant sur le visage. Chacun d'eux savait ce qui tenait derrière ce "mystérieusement". Une boule se coinça dans la gorge de Sirius.

- Il l'a bien mérité, remarque, dit-il. Je l'ai vu tourner autour de Lily ce matin.

- Ouais.

Sirius se redressa quelque peu, avec l'impression de marcher sur des oeufs.

- Il y a quelque chose qui ne va pas... avec elle ?

James secoua la tête en haussant les épaules.

Quatorze févrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant