18 - Sirius

929 72 71
                                    

Dans le silence du dortoir en ce début d'après-midi, Sirius laissait divaguer son esprit tout en écoutant le cœur de Remus qui battait à quelques centimètres de son oreille. Ce dernier, allongé sur son lit, lisait un manuel de Défense contre les Forces du Mal, bras tendus au-dessus de la tête de Sirius, qui était allongé sur son torse.

- Tu sais que ça fait atrocement mal aux bras, Sirius ?

- Et alors ?

- Alors je ne suis pas un oreiller !

- T'as qu'à arrêter de lire ce bouquin, objecta Sirius.

Remus soupira, puis finit par refermer le livre et le poser sur sa table de chevet. Sirius laissa courir son doigt sur la fine ligne blanche qui barrait le torse de l'adolescent.

- Encore une cicatrice qui va rester, hein ? demanda-t-il.

Remus haussa les épaules.

- Ouais. Une parmi d'autres. Au moins, je ne risque pas d'oublier cette nuit.

Sirius se redressa, faussement outré.

- Parce que tu as besoin d'une cicatrice pour te rappeler de notre premier baiser ?

- Ce n'était pas vraiment le premier.

- Tu parles. Le premier vrai. La première fois tu t'es jeté sur moi, j'ai rien compris.

Remus se renfrogna.

- On peut oublier cette fois-là.

Sirius éclata de rire.

- J'ai pas dit que j'avais pas aimé.

Il reposa sa tête sur le torse de Remus. Cela faisait une semaine que la pleine lune avait eu lieu. Chacun avait eu le temps de se remettre de ses émotions. Remus avait admit que tout cela n'était qu'un accident, James et Sirius avait retrouvé leur nonchalance habituelle, et Peter avait pris ses précautions pour que l'erreur qu'il avait faite ne se reproduise plus. Sirius peinait à croire, en revanche, que ses relations avec Remus avaient autant évolué en si peu de temps. Après cinq ans et demi d'une amitié infaillible, ils pouvaient dire qu'ils sortaient ensemble. Et après des longs mois à se mentir à lui-même, Sirius avait fini par accepter, de manière toute relative, qu'il n'aimerait toujours que les garçons. Le fait d'être avec Remus rendait les choses plus faciles. L'acceptation de James et Peter aidait aussi. Ils étaient pour l'instant les seuls au courant, avec Lily, mais Sirius savait que rien ne restait secret bien longtemps à Poudlard. Cela l'inquiétait un peu, en réalité, mais il savait qu'il pouvait tout affronter aux côtés des Maraudeurs. Il ne serait pas tout seul. Jamais.

Sourire aux lèvres, Sirius se redressa un peu pour s'avancer jusqu'à se trouver à quelques centimètres de Remus, à demi-allongé sur lui.

- En fait, j'aime bien tes cicatrices, dit-il. Ça donne un côté un peu bad boy. J'ai l'impression de sortir avec moi-même.

Remus lui donna un coup sur le crâne.

- Aïe ! s'exclama-t-il. Qu'est-ce que j'ai dit ?

- Sortir avec toi-même, vraiment ?

- Je déconnais, grogna Sirius en se frottant le cuir chevelu.

Remus lui offrit un sourire amusé.

- Tu fais quoi pour les vacances d'hiver ? demanda-t-il.

Sirius leva les yeux au ciel.

- On est obligés de parler de ça ?

- C'était juste pour savoir.

Quatorze févrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant