Chapitre 3

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- As-tu perdu la tête ? Te rends-tu comptes de ce que tu demandes ? Il est absolument hors de question que ce maudit dragon sorte de son cachot, ça serait trop dangereux...

Et patati et patata, ça y est, je l'avais perdu. Il était parti dans un de ses fameux monologues, m'expliquant encore une fois à quel point ces êtres étaient dangereux, vils... Bizarrement, lorsqu'il se mit à me les décrire comme tel, un sentiment de dégoût face à son opinion sur eux, pointa dans mon esprit. Pendant quelques secondes, je me pris à croire qu'ils n'étaient peut-être pas aussi mauvais qu'ils en avaient l'air, après tout Natsu devait bien avoir raison, ils n'étaient pas de vulgaires animaux. J'aimais à croire que Natsu disait vrai, je voulais que ce soit la vérité, car si ça l'était, peut-être que j'aurais des réponses à mes questions.
Mais pour l'instant, il fallait stopper mon père qui me parlait... Me parlait de quoi d'ailleurs ? Je n'écoutais plus rien de ce qu'il disait depuis le mot sauvage. Et je me demandais ce que le mot purée venait faire dans sa phrase sur la guerre. Une métaphore, je présume ?

- Vous voulez que je récolte des informations pas vraies ?
- Oui, mais...
- Alors laissez-moi faire. Écouter depuis que je l'ai soigné et mis des bracelets, il est comment dire... plus confiant, il s'ouvre un peu plus. Alors si on lui laisse des sorties peut-être que je pourrais en apprendre plus.


Bien sûr, j'omis de dire que c'était surtout des réponses à mes questions que je voulais, ainsi que mon souhait de lui rendre son séjour plus agréable on va dire. Il faudra d'ailleurs que je pense sérieusement à arrêter de penser à lui comme à un ami, et surtout de m'attacher à lui, après tout, c'est l'ennemi, et il n'hésiterait sûrement pas à se servir de moi si je lui en donnais l'occasion. Et comme je viens de le dire à mon père, j'ai une mission, mais plus le temps passé, plus je l'oubliais.

- Ton idée et valable, les gardes m'ont confirmé que « vos relations » si je puis dire, étaient meilleures qu'avant. Mais ma réponse reste négative. Maintenant, j'ai d'autres choses et personnes à voir donc si tu permets.
- Mais...
- Lucy, ça suffit !

Déçue. Je sortais de son bureau. Mon père venait de refuser, mais j'étais aussi têtu qu'une mule, c'est donc plus déterminé que jamais que je prenais ma décision.


Presque une semaine s'était écoulée sans que je n'aille voir Natsu. Cela m'avait fait bizarre d'ailleurs de ne plus le voir, si j'écoutais mon subconscient, je pourrais jurer qu'il me manquait. Mais un prisonnier ne peut pas nous manquer, pas vrai ? Pourtant, il y a quelques jours de cela, j'avouais m'être attachée à lui un minimum. Je me posais encore la question du pourquoi du comment d'ailleurs. C'est vrai que j'avais appris à lire un minimum en lui, qu'il semblait beaucoup plus intelligent qu'il en avait l'air, que grâce à lui je pourrais apprendre des choses... Mais jamais je n'aurais dû me laisser charmer et m'attacher même rien qu'un minimum à lui, je n'en avais pas le droit. Le fait de ne pas l'avoir vu pendant quelques jours me permit de prendre du recul sur mes sentiments, et je voulais me convaincre que cette idée était la bonne. Pourtant, tout au fond de moi, je savais qu'il me manquait, et pas uniquement parce qu'il était devenu « ma routine », et cela je devais l'empêcher, je ne connaissais rien de véritable sur lui en plus.
Et pourtant, si je n'étais pas allé le voir pendant tout ce temps, c'était uniquement pour faire barrage contre mon père. Je me disais : c'est pour la mission. La mission, tu parles, elle passait au second plan, au fond, je voulais toujours lui rendre son séjour plus agréable. Le simple fait de le reconnaître me donnait des envies de meurtre envers moi-même. J'avais l'horrible impression pas de trahir les miens, mais presque, c'est comme si le fait de vouloir en apprendre plus, de vouloir un minimum son bien, me détournait des miens et me souiller et eux avec. Mais je continuais de persister dans cette voie qui me tiraillait entre deux consciences, à la fois bien distinctes et affreusement proches.
Lorsque mon père vint me trouver dans ma chambre un matin, j'avais décidé de me refuser tous attachements supplémentaires et autres. Mais quand il m'annonça que mon « blocus » avait fonctionné, que Natsu pourrait avoir des sorties quotidiennes, je dus me retenir de ne pas sauter de joie. Ma décision, de ne pas aller le voir afin d'obliger mon père à m'accorder ce que je demandais, avait fonctionné à merveille. Le simple fait de ne plus recueillir de potentielles informations, devait l'avoir décidé.
C'est avec joie que je me rendis à nouveau au cachot, la clé de sa cellule en main et tenue de combat apprêté juste au cas où, même si je doutais qu'il tente quoi que ce soit au milieu de la cité et sans pouvoir.
Père m'avait donné des consignes très claires, interdiction de l'emmener dans les quartiers réservés à la préparation des batailles, dans l'aile des conseillers et de tout ce qui touche à l'information sur nos plans que ce soit de la cité, de batailles et sur les habitants. Sinon, je pouvais l'emmener où je voulais. Nos destinations du jour serraient la douche et la cuisine de Cana, qui est bien meilleure que ses repas tous prêts.
Une fois devant sa cellule, je vis une personne encore plus abattue qu'à l'accoutumer, était-ce parce que je n'étais plus venue ? La culpabilité m'assaillit, mais je décidais de ne pas y prêter attention. Après tout, je l'avais fait pour une bonne cause au final. Quand il tourna son regard vers moi, la surprise et ensuite la méfiance apparut dans son regard avant de redevenir impassible.

Aussi différent qu'on soit et malgré les préjugés...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant