❄Don't cry, snowman, don't leave me this way ❄
Par une après-midi de décembre, Izuku rendit visite à son bonhomme de neige pour la énième fois. Ils avaient quatorze ans, et l'année suivante, Izuku passerait au lycée. Shoto avait mal au cœur en voyant le fossé qui se creusait entre eux. Pourtant, Izuku le voyait toujours autant, avec le même sourire émerveillé qu'au début. Mais lui était libre tandis que Shoto restait prisonnier de cette chambre, prisonnier de sa maladie.
Izuku faisait de nouvelles rencontres, avaient de nouvelles expériences, découvraient le monde. Mais Shoto restait enfermé dans sa routine: tous les jours, il voyait les mêmes murs, les mêmes personnes, les mêmes rideaux rouges. Izuku lui racontait chaque jours de nouvelles anecdotes, des discussions qu'il avait eu avec ses amis. Il lui parlait des bourdes qu'il avait faites en classe et des insultes toujours plus inventives que lui balançait Katsuki.
Shoto n'avait rien à raconter. Et ce manque de réponse, chaque fois qu'Izuku lui demandait ce qu'il avait fait de sa journée, commençait à lui peser. Il ne savait pas ce qui pouvait bien le pousser à revenir sans se lasser. Lui-même se trouvait ennuyeux, alors il se demandait ce qu'Izuku pouvait bien lui trouver d'intéressant.
— Ça fait cinq ans qu'on se connaît, et tu continues de me faire des bonshommes de neige dès que le temps s'y prête. Tu crois pas qu'il serait temps de grandir ? ne put s'empêcher de lancer Shoto.
Son pique venait d'atteindre Izuku en plein cœur. S'il voulait le vexer, c'était réussi. Il gonfla immédiatement ses joues, mettant sa création en suspend pour répondre à son ange.
— Laisse-moi être un enfant si j'en ai envie ! Je veux bien devenir un adulte désenchanté quand j'aurais dix-huit ans, mais sûrement pas avant !
Il lui tira la langue et retourna à la confection de ses amis neigeux. Il avait rapporté deux carottes de son réfrigérateur pour leur faire des nez digne de ce nom, largement plus joli que les vulgaires bouts de bois qu'il utilisait avant. Plus les hiver passaient, et plus ses bonshommes de neige étaient élaborés. Ils mesuraient désormais sa taille, étaient de rondeur parfaite, composés de trois boules superposées et leur ventre étaient décorés d'authentiques boutons en bois.
— Si j'étais toi, je serais fier d'avoir un ami aussi doué, se vanta Izuku qui admirait ses créations.
— Tu dois être fier de m'avoir alors.
— Je parlais de moi, fit-il mine de chouiner. Mais c'est vrai que je suis content de pouvoir être à tes côtés !
Shoto rougit. Il se mordit la lèvre en sentant des larmes lui monter aux yeux. Sérieusement, qu'est-ce qu'Izuku pouvait bien lui trouver ? Il était blasé, moqueur, ennuyeux, égoïste. Alors qu'Izuku était comme le soleil, il brillait et réchauffait son cœur. Pourquoi Izuku revenait-il le voir ? Pourquoi semblait-il si heureux en sa présence ? Pourquoi ne s'était-il pas lassé après tout ce temps ?
— Shoto ? Pourquoi tu pleures ?
Ses larmes avaient quitté ses yeux sans même qu'il ne s'en rende compte. Le courant d'air frais qui passait par la fenêtre avait tellement refroidi ses joues qu'il les sentait à peine. Il avait pourtant une couverture sur les épaules pour se protéger du froid, mais elle ne couvrait pas son visage. À chaque fois qu'il essuyait ses pleurs avec la manche de son pull, ses larmes redoublaient d'ardeur.
C'était la première fois qu'il se montrait si faible devant Izuku. Son cœur se serra tellement en le regardant ainsi qu'il ne réfléchit pas avant d'écarter les fenêtres en grand et de se mettre sur la pointe des pieds pour venir enlacer Shoto par le cou. Il avait oublié le froid, oublié la maladie. Il ne pensait plus qu'à son pauvre petit ange qui pleurait devant lui.
Les mains de Shoto vinrent rapidement s'agripper à son blouson. Elles n'allaient pas tarder à blanchir à cause du froid, mais tant pis. Ça contrasterait avec le rouge de ses tâches qui commençait à apparaître sur ses bras, de la même manière que celle qui s'étendait sur son visage. Il avait enfoui son nez dans son cou, l'épaule d'Izuku n'allait pas tarder à être trempée. Mais il s'en moquait pas mal. L'important, c'était que Shoto aille mieux.
Au bout d'un moment, lorsqu'Izuku n'entendit plus les sanglots de son ange, il se décida à s'éloigner. Un peu. Il prit tout de même son visage entre ses mains pour essuyer ses dernières larmes avec ses pouces. Il lui sourit tendrement pour le rassurer. Il était son rayon de soleil, il était de son devoir de lui redonner le sourire en chassant les nuages de son coeur.
— Qu'est-ce que tu me trouves, sérieusement... souffla Shoto, le visage encore entre les mains d'Izuku.
— Regarde-moi.
Les yeux de l'ange eurent du mal à obéir. Il évitait son regard comme la peste, il n'assumait pas d'avoir pleuré devant lui.
— Tu es beau, Shoto. Tu es la personne la plus belle que j'aie jamais rencontré. Et je ne sais même pas pourquoi je pense ça. Pourquoi j'ai tant de plaisir à te voir tous les jours, pourquoi je suis autant attiré par toi. C'est comme ça, c'est tout. Dès le premier regard, c'était comme une évidence. Tu es froid comme un bonhomme de neige, et pourtant, je te trouve éblouissant comme un ange. Alors cesse de t'en vouloir tout le temps, parce que moi, je t'aime tel que tu es. J'aime le fait que tu te moques de moi sans arrêt, j'aime ces tâches que te laisse ta maladie, et j'aime te voir rire derrière mon vélo quand tu t'échappes discrètement par la fenêtre.
Shoto observa attentivement le visage d'Izuku. Il aimait compter ses tâches de rousseurs qui parsemaient son visage. Quelques boutons d'acnés se glissaient parmi elles — c'était l'âge de la puberté — mais ça ne sembla pas déranger Shoto lorsqu'il déposa ses lèvres sur les siennes en guise de merci. Izuku sentit les battements de son cœur résonner dans ses oreilles. Il avait les yeux écarquillés et observait avec stupeur le visage de Shoto contre le sien. Ce baiser lui paraissait tellement irréel qu'il lui fallait garder les yeux ouverts pour le croire.

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Snowman
ФанфикC'est officiel, Izuku s'est entiché d'un bonhomme de neige. Il aimerait bien faire fondre son cœur, mais mister Snowman ne semble malheureusement pas très réceptif à ses avances. Son regard est froid et ses paroles sont tranchantes comme des stalact...