IX

382 70 27
                                    

 ❄I love you forever where we'll have some fun

— Ta mère m'a parlé. Je ne pensais pas qu'elle pouvait être aussi terrifiante.

— Tu rigoles ? Elle cache bien son jeu, derrière ses petits sourires polis. En réalité, c'est un monstre. Si tu lui manques de respect, elle est capable de te faire passer par la fenêtre, et même si c'est du cinquième étage.

Izuku frissonna. Il jeta un rapide coup d'oeil dehors, et ne fut pas rassuré en observant les branches des arbres gelées se balancer au gré du vent. Ils étaient au troisième étage. Il espérait que les fenêtres soient bien fermées; s'il chutait de cette hauteur, il était bon pour l'hospitalisation. Remarque, ça lui aurait permis de passer plus de temps avec Shoto. Mais Izuku préférait ne pas tenter le diable.

 — Qu'est-ce qui s'est passé, hier ? Je suis arrivé lorsqu'ils t'embarquaient dans l'ambulance.

— J'ai fait un malaise. Quand je me suis réveillé, j'entendais déjà la sirène de l'ambulance. Mais j'étais trop faible pour me lever, ou pour articuler un mot. Alors je me suis laissé faire, même si l'idée de retourner à l'hôpital ne m'enchantait guère. Je déteste cet endroit, peut-être même plus encore que ma maison et ses foutus rideaux rouges.

— Mais du coup, tu vas bien ? Tu n'es pas en danger ?

— Eh bien, les médecins devraient me garder en observation pour un bout de temps, mais à part ça, je crois que ça va.

Izuku soupira. Toute la tension accumulée sur ses épaules s'évapora pour se mêler à l'odeur de désinfectant qui traînait dans la pièce. C'est à cet instant précis que madame Todoroki fit son entrée. Comme par magie, la tension qu'il venait d'évacuer lui contracta les épaules à nouveau.

— Je croyais t'avoir dit de ne plus revenir.

Izuku jeta un regard furtif à la fenêtre. Il espérait de tout son cœur que Shoto avait plaisanté, en disant qu'elle était capable de balancer des gens du cinquième étage. Mais il commençait à en douter, au vu du regard qu'elle lui lançait. Ses yeux se posèrent sur leurs mains enlacées. Elle vit rouge.

— Mais tu veux vraiment qu'il tombe malade ma parole ! Lâche-le tout de suite, tu vas lui refiler tes microbes !

 — Maman, calme-toi. Il a mis du gel, tout comme toi. Et puis, ça ne me dérange pas de tomber malade si les dernières sensations que j'ai sont ses doigts autour des miens.

Izuku rougit. Il lui sourit timidement, le remerciant silencieusement de prendre sa défense.

— Ne dis pas de bêtise. Si tu ne lui lâches pas immédiatement la main, la dernière sensation que tu auras sera ma main contre ta joue après avoir reçu la claque du siècle.

Shoto rit nerveusement. Il connaissait assez sa mère pour savoir que sa menace prendrait effet s'il ne lui obéissait pas. Il ramena ses mains sous son drap, et Izuku rangea les siennes dans ses poches. Il avait déjà essuyé une de ses baffes la veille, il ne voulait pas s'en reprendre une. Sa joue l'avait suffisamment fait souffrir comme ça. Satisfaite, elle prit une chaise pour rejoindre Izuku au chevet de son fils.

 — Ta mère sait que tu es là ? lui demanda-t-elle sans le regarder.

— Oui. C'est elle qui m'a conseillé de venir.

— Elle est au courant de ce que je t'ai dit ?

— Oui.

— Elle est culottée celle-là.

Izuku ne savait pas quoi répondre, alors il se contenta de lâcher un rire gêné. Shoto le regardait avec des yeux moqueurs, comme pour lui dire: "tu vois ? je te l'avais dit qu'elle était monstrueuse".

— J'aimerai la rencontrer, si tu es d'accord. Il faudrait qu'on discute de la situation entre adultes.

Izuku hocha la tête. Si voir sa mère permettait de trouver un accord pour qu'il puisse continuer à être aux côtés de son ange, alors il était même prêt à lui présenter son père enterré six pieds sous terre.

Shoto put sortir de l'hôpital après plus d'un mois d'observation. Sa maladie de peau restait un mystère pour les médecins, mais comme sa santé n'était pour l'instant pas en danger, ils finirent par se mettre d'accord pour le laisser rentrer chez lui, à condition d'être prudent. Entre temps, la mère d'Izuku et celle de Shoto avait eu une petite discussion.

Un soir, alors qu'il le quittait pour rentrer chez lui, madame Todorki l'avait rattrapé pour lui demander s'il était possible qu'elle le suive en voiture et qu'elle rencontre sa mère. Izuku n'avait pas protesté; de toute façon, il aurait bien fallu qu'elles se voient un jour ou l'autre. Elle l'avait alors suivi, sur les routes déneigées, jusqu'à sa petite maison aux rideaux bleus. Madame Midoriya avait été embarrassée en découvrant cette invitée surprise. Elle n'avait pas prévu de cuisiner pour trois.

Izuku avait été étonné de découvrir une nouvelle facette de madame Todoroki. Si elle pouvait se montrer aussi terrifiante qu'un orage, elle pouvait également se montrer aussi douce qu'un nuage. Elle s'était présentée poliment à sa mère qui avait immédiatement compris l'enjeu de la situation. Elle lui avait dit de faire comme chez elle et avait ordonné à son fils de la conduire à table et de rajouter un couvert.

Pendant ce temps, madame Midoriya s'était rendue dans la cuisine pour faire une salade. Elle voulait faire bonne impression devant la mère du copain de son fils. Izuku avait mis la table non sans risquer à plusieurs reprise de casser un verre ou une assiette. Il stressait tellement qu'il avait du mal à contrôler ses mouvements maladroits. Cependant, une fois le repas servi, il fut rassuré en constatant que madame Todoroki n'était pas venue en ennemie, et qu'elle se comportait plutôt comme une vieille amie.

Elle parlait normalement, sans menace, sans regard noir, sans avoir l'air de vouloir les balancer du cinquième étage. Elle s'était même excusée pour s'être laissée emporter et avoir cédé à la colère devant Izuku. Assez embarrassée par tant de politesse, madame Midoriya y avait rapidement coupé court. Elle comprenait la raison de son agressivité, et ne lui en voulait pas le moins du monde.

Le sujet sérieux était ensuite arrivé. Une fois les banalités échangées, madame Todoroki avait pris un air grave en abordant la maladie de son fils. Elle avait expliqué brièvement qu'il avait un faible métabolisme et que le moindre rhume pourrait lui être fatal, voilà pourquoi elle prenait tant de précaution et qu'elle le gardait enfermé chez eux. Madame Midoriya comprit la requête silencieuse de son fils, et demanda, en prenant des pincettes, ce que madame Todoroki comptait faire quant à la relation de leurs fils.

SnowmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant