❄My snowman and me❄
— C'est gênant, gloussa son ange en remarquant qu'il avait gardé les yeux ouverts.
— Hein ? Euh oui désolé c'est que je m'y attendais pas et euh c'est juste trop beau et euh je t'aime Shoto et euh...
Il l'embrassa à nouveau pour le faire taire. Cette fois-ci, Izuku s'autorisa à fermer les paupières pour profiter de ce contact intime et nouveau. Il avait l'impression qu'une tempête de neige avait lieu dans son ventre où tourbillonnait mille et un flocon. Il finit par reprendre conscience de la réalité en sentant Shoto frissonner.
— Ferme la fenêtre, tu vas attraper froid !
— Je vais bien.
Il venait de se pincer les lèvres et de détourner le regard. Ses joues étaient rouges, et Izuku n'était pas sûr que ce soit à cause du baiser. Shoto tremblotait.
— Je vais y aller, dit Izuku en ramenant les fenêtres vers Shoto. Retourne sous la couette et repose-toi.
— Je ne fais que ça, de me reposer. C'est ennuyant de ne rien faire en restant alité.
— S'il te plaît.
L'ange soupira. Il rehaussa sa couverture sur ses épaules.
— Soit.
Izuku lui sourit, satisfait. Il repartit en direction du portail, ses grosses après-ski aux pieds. Shoto le regarda s'éloigner un long moment. Puis, lorsqu'il eût disparu de son champ de vision, il tourna la poignée de sa fenêtre vers le bas.
Le lendemain, Izuku entendit une alarme d'ambulance en marchant vers la maison aux rideaux rouges. Mais il était tellement heureux de songer qu'il allait retrouver Shoto, tellement euphorique en repensant au baiser qu'ils avaient échangé qu'il n'y prêta pas attention. Ce n'est que lorsqu'il vit la camionnette blanche s'arrêter devant la maison qu'il commença à paniquer. Son pas s'accéléra malgré la neige qui lui arrivait aux chevilles.
Il se mit à courir en apercevant la silhouette d'un brancard sortir de la porte d'entrée. Deux hommes portaient le corps inerte de son ange qui venait de se briser les ailes. Il pouvait entendre les sanglots de sa mère et les paroles rassurantes qu'elle lui chuchotait malgré ses larmes.
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
Les ambulanciers ne prirent même pas la peine de lui répondre. La femme aux cheveux blancs, en revanche, lui jeta un regard si glacial qu'Izuku perdit toute envie d'insister. Il ne pensait pas que quelqu'un puisse avoir un regard plus froid que celui de Shoto. Il se rendit compte de son erreur, car les yeux de sa mère étaient cent fois plus terrifiant que ceux de son fils. Elle contourna les ambulanciers qui montaient dans la camionnette pour se diriger vers lui d'un pas furieux.
Izuku voulait fuir tant elle lui faisait peur, mais il était complètement figé. D'un côté, il voulait fuir les reproches de cette femme dont la colère était parfaitement légitime, et de l'autre, il voulait rejoindre Shoto, grimper dans l'ambulance et lui prendre la main, entendre sa voix, s'assurer qu'il allait bien. Son dilemme fut balayé par la baffe magistrale qu'il venait de se prendre.
— Tout ça, c'est ta faute. C'est à cause de toi qu'il est tombé malade. Vous me preniez vraiment pour une idiote hein ?! Vous pensiez réellement que je ne vous entendiez pas quand vous vous parliez la fenêtre ouverte, ou quand vous reveniez de je ne sais où en riant à gorge déployée sur ton putain de vélo ?! Je n'ai rien dit parce que je n'avais jamais vu Shoto aussi heureux. Tu comprends, il déprime toute la journée, mais quand tu es là, il retrouve le sourire... Mais c'est terminé. Je ne veux plus que tu le voies. Plus jamais.
Le ton de cette femme était sans appel. Elle s'éloigna de lui les larmes aux yeux, et monta dans l'ambulance rejoindre son fils. Izuku ne put que regarder la camionnette s'éloigner et disparaître dans le brouillard.
Sa mère remarqua rapidement qu'il n'allait pas bien. Au dîner, Izuku ne lâcha pas un mot. Il se contentait de fixer sa soupe, le regard vide. Il se saisit de sa cuillère, en but une gorgée, et se pinça les lèvres. Ça n'avait pas de goût.
— Il se passe quelque chose avec Shoto ?
Il n'en fallut pas plus à Izuku pour éclater en sanglots. Sa mère avait vu juste. Elle lui frotta le dos pour le calmer, attendant qu'il retrouve ses esprits pour avoir des explications. Elle se doutait que l'idylle parfaite qu'il vivait avec ce garçon prendrait fin un jour ou l'autre. Il avait la santé fragile et se permettait en dépit de ça d'ouvrir sa fenêtre en hiver ou de faire du vélo en été. Leur relation était destinée à déraper.
— Shoto est tombé malade. Il l'ont emmené dans une ambulance tout à l'heure. Sa mère était très en colère contre moi. Elle m'a défendu de le revoir. Elle pense que ce qu'il lui arrive est de ma faute, et je le pense aussi. Si on avaient été plus prudents, rien de tout ça ne serait arrivé. On s'est embrassés, maman. Et si ça se trouve, c'est à cause de ça qu'il est à l'hôpital en ce moment.
Sa mère fronça les sourcils. Sa main continuait de frotter son dos, mais ses larmes continuaient de couler.
— Et toi, tu veux le revoir ?
— Bien sûr que oui. Mais je ne veux pas qu'il retombe malade par ma faute. Il pourrait en mourir. Alors je crois que le mieux à faire, ce serait d'écouter sa mère et ne plus retourner le voir...
Elle le regarda durement, et retira sa main de son dos.
— Tu crois vraiment que c'est ce que Shoto voudrais ?
Izuku sécha ses larmes du revers de sa manche.
— Je sais pas... Peut-être que oui ? Après tout, c'est à cause de moi qu'il est à l'hôpital, et...
— Non, le coupa sa mère. Ce n'est pas ta faute s'il est tombé malade. Ça devait bien arriver un jour ou l'autre. Même avec les meilleures protections du monde, personne ne reste indéfiniment en bonne santé, surtout si on a un faible métabolisme à la base. Ce que je retiens de cette histoire, mon fils, c'est que ce Shoto, tu le rends heureux. Je comprends que sa mère t'ait défendu de le revoir, elle était en colère. Mais je ne pense pas que ce soit vraiment ce que désire Shoto. Je pense plutôt qu'il aimerait te voir à ses côtés. Alors fais-moi plaisir: écoute ton cœur, et va le rejoindre.

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Snowman
Fiksi PenggemarC'est officiel, Izuku s'est entiché d'un bonhomme de neige. Il aimerait bien faire fondre son cœur, mais mister Snowman ne semble malheureusement pas très réceptif à ses avances. Son regard est froid et ses paroles sont tranchantes comme des stalact...