❄Without legs to run, honey ❄
La mère d'Izuku avait toujours su trouver les mots justes pour le réconforter. Il la prit dans ses bras sans rien dire, retenant du mieux qu'il le pouvait ses larmes qui menaçaient de couler à nouveau. Il se sentait libéré d'un poids. Il avait eu besoin d'entendre sa mère lui dire que ce n'était pas sa faute pour y croire. Il avait eut besoin qu'elle lui dise que Shoto tenait à lui pour oublier les menaces de la femme aux cheveux blancs.
Shoto était son ange, son bonhomme de neige. Mais Izuku était son soleil, et le chérubin avait besoin de lui pour continuer à vivre. Il avait besoin de lui pour faire fondre la glace qui lui gelait le cœur et l'esprit. L'un sans l'autre, c'était comme la lune sans le soleil, le froid sans le chaud, le bonhomme de neige sans la carotte en guise de nez. L'un sans l'autre, c'était le vide.
Alors le lendemain, Izuku enfourcha son vélo à l'aube, direction l'hôpital. Tant pis s'il séchait les cours une journée; s'assurer du bien-être de Shoto était plus important. Les rues avaient été déneigées la veille, et il était encore trop tôt pour qu'elles soient encombrées par les voitures des gens qui partaient travailler. Elles étaient un peu glissantes, mais c'était l'heure idéale pour pédaler en toute tranquillité.
L'hôpital était situé en périphérie, alors Izuku mit bien trois quarts d'heures avant d'y arriver. Il laissa son vélo à côté de l'entrée, ne prenant même pas la peine de l'attacher quelque part avec son antivol. Il pénétra en sueur dans l'entrée principal. Des médecins et des infirmiers déambulaient devant lui d'un pas rapide, tout le monde semblait pressé. Mais l'ambiance est toujours ainsi dans les hôpitaux.
— Je peux vous aider ? lui demanda une femme qui s'occupait de l'accueil.
Le regard perdu d'Izuku l'amusait. Il s'approcha d'elle. Il espérait qu'il ne sente pas trop la transpiration.
— Je viens voir un ami. Il s'appelle Shoto. Shoto Todoroki.
Il se souvenait bien de son nom de famille écrit sur l'étiquette de sa boîte aux lettres.
— Les visites ne sont autorisées qu'à partir de treize heures et se terminent à vingt heures. Revenez cet après-midi.
Izuku hocha la tête en bafouillant un remerciement. Il se sentait bête d'avoir foncé ici tête baissée sans vérifier les horaires d'ouvertures au préalable. Mais il savait que de toute façon, il aurait été trop impatient pour attendre chez lui sans rien faire. Alors en attendant treize heures, il partit faire un tour en vélo pour se changer les idées et évacuer le stress qui montait petit à petit.
Sans s'en rendre compte, il pédalait de plus en plus vite. C'était dangereux, sur ces routes encore humides, mais Izuku s'en fichait. Il avait besoin de se dépenser pour se vider la tête. Il revint à l'hôpital à midi cinquante-neuf, après avoir parcouru une trentaine de kilomètres, fait sept pauses, et mangé un sandwich. La femme de l'accueil le regarda avec le même air amusé, et lui indiqua le numéro de la chambre de son ami. Chambre 216.
Il avait toujours la boule au ventre malgré tout ce temps passé à pédaler. Il se mit du gel antibactérien sur les mains en tremblant. Il appréhendait sa rencontre avec madame Todoroki, mais surtout, il redoutait le regard de Shoto. Et si sa mère s'était trompée ? Et s'il lui en voulait ? Il sortit de l'ascenseur le cœur battant à la chamade. Il traversa un long couloir en jetant un œil à chaque porte. Chambre 202. Chambre 204. Chambre 206. Plus il se rapprochait du but, et plus l'angoisse d'être rejeté grandissait en lui.
Chambre 214. Chambre 216. La porte était fermée, et il hésita longtemps avant de toquer. Il faillit même repartir dans l'ascenseur et s'enfuir sur son vélo, loin des reproches que pourrait lui faire la femme aux cheveux blancs, loin de cette odeur mélancolique typique des hôpitaux. Mais ce n'était pas n'importe qui derrière cette porte verte qui sentait le désinfectant. C'était Shoto. Alors Izuku prit son courage à deux mains, et entra dans la pièce.
Les rideaux étaient ouverts. Izuku les détesta immédiatement: leur couleur terne n'avait rien de comparable au rouge écarlate des rideaux de Shoto. Celui-ci se reposait d'ailleurs dans le lit blanc au centre de la chambre. Il avait les yeux fermés, et était sous perfusion. Le cœur lourd, Izuku s'approcha de lui sans faire de bruit. Il rapprocha une chaise, s'assit dessus, et saisit tendrement la main de son ange.
Shoto, qui somnolait, ouvrit les yeux en sentant ce contact chaleureux se faufiler entre ses doigts. Il pensait que c'était sa mère, alors il fut surpris de voir Izuku et son sourire triste, Izuku et ses cheveux en pagaille, Izuku et sa légère odeur de transpiration.
— J'avais espéré que tu ne viennes pas.
Le cœur d'Izuku se serra.
— Être sous perfusion, c'est pas très sexy.
Son coeur se desserra d'un coup. Il pouffa, serrant un peu plus sa main dans la sienne. Il fut soulagé de retrouver ses piques et sa langue de vipère. Il n'imaginait pas qu'entendre Shoto se moquer pourrait lui faire autant plaisir. Ça lui faisait tellement de bien, de le voir plaisanter comme s'il ne s'était rien passé, comme si les murs qui les entouraient ne sentaient pas la mort, comme s'ils étaient toujours dans la maison aux rideaux rouges.
— Tu es toujours sexy, être sous perfusion n'y change rien.
— C'est vrai.
— Ta mère n'est pas là ?
— Non, mais elle ne devrait pas tarder. Ils l'ont obligé à rentrer chez nous hier soir pour qu'elle puisse se reposer.
— Je vois.
— Quand elle va nous voir ensemble, elle va te tuer.
Izuku sourit. Shoto se moquait encore de lui. Mais dit comme ça, sa mère sonnait comme une farce. Tant pis si elle l'insultait, le menaçait, le baffait. Il était aux côtés de son ange, et c'est tout ce qui comptait.

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Snowman
FanficC'est officiel, Izuku s'est entiché d'un bonhomme de neige. Il aimerait bien faire fondre son cœur, mais mister Snowman ne semble malheureusement pas très réceptif à ses avances. Son regard est froid et ses paroles sont tranchantes comme des stalact...