Chapitre II :

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Ama défroissa rapidement sa tunique blanche et descendit les deux étages du Terrier pour aller voir Harry. Ce dernier attendait dans le couloir en tenant Ginny par la taille tandis que Molly lui parlait d'une voix chaleureuse.

— Comment vas-tu Harry chéri ? Ce n'est pas trop dur au Ministère ?

— Je vais bien et vous Mrs. Weasley ? Et ça va, je n'ai pas les pires tâches, expliqua Harry en haussant les épaules pendant que Ginny s'écarter pour rejoindre Ama.

— Tu lui as parlé du nouveau professeur de défenses contre les forces du mal ? demanda l'Empathe dans un murmure à Ginny.

— Non pas encore, je me disais que ce serait mieux d'attendre qu'il demande au lieu de chambouler avec notre abominable professeur, répondit Ginny sur le même ton.

Ama hocha la tête les yeux clos, il est vrai que le remplaçant de Rogue, ce fameux héros défunt, n'était pas le professeur le plus agréable qu'on puisse connaitre. Très sombre et menaçant il avait terrifié plus d'un première année rien qu'avec un regard dans les couloirs.

— Ama ? Ama ! Tu es toujours tête à l'air à ce que je vois ! s'esclaffa Harry en agitant une main devant les yeux d'Ama lorsqu'elle les rouvrit.

— On ne change pas une équipe qui gagne, affirma Ama avec un sourire.

Elle regarda ensuite Harry, son regard plongé dans ses yeux vert émeraude en amande elle y lisait de la fatigue et de la détresse, il avait beau exceller dans l'art du mensonge à la suite des nombreux qu'il avait dû dire au court de sa vie, Ama n'était pas dupe. Il était fatigué et en avait visiblement assez des corvées que les membres du Ministère lui imposaient, il avait intérêt à tenir le coup s'il voulait devenir ministre de la justice comme il le voulait.

— Donc je disais, tu tiens le coup à Poudlard ? demanda Harry sortant Ama, une nouvelle fois, de ses pensées.

— Oui, merci. Bon, j'admet que les parchemins qui sont à rendre sont de plus en plus long, soupira Ama en levant les yeux au ciel.

— Tu peux garder ça pour toi que je ne sois pas traumatisée pour l'année prochaine ? gémit Ginny.

— Non, ce ne serait pas drôle sinon, répondit Ama avec un sourire malicieux.

Ginny leva les yeux au ciel, la mâchoire crispée tandis qu'Harry cachait des pouffements de rire derrière une toux polie pour ne pas se faire taillader par Ginny.

— Tu vas rester combien de temps sinon Harry chéri ? demanda Molly tout en souriant d'amusement.

— Je n'ai que deux jours de congé. Je repars après-demain, soupira Harry.

— Ho ! Tu as intérêt à bien te reposer alors ! le prévint Molly de son regard de mère poule.

Le regard qui disait qu'il valait mieux ne pas la contredire soit dit en passant. Ama écouta à peine Harry répondre poliment à Molly, son regard était fixé sur la porte d'entrée. Elle ne savait pas si elle attendait la venue des jumeaux, ou alors qu'un miracle se produise et qu'elle revoie Ace. Son frère ainé.

Depuis qu'il avait emménagé avec Ashley et qu'il s'était trouvé un travail, Ama ne le voyait presque plus et n'obtenait des réponses qu'à une lettre sur deux ce qui l'attristait fortement. Elle aurait espéré qu'ils restent proches après toutes les pertes qu'ils avaient endurées.

Visiblement, elle s'était trompée.

Soudainement, elle fut tirée de ses pensées lorsque Ron les bouscula, elle et Ginny, pour serrer amicalement Harry dans ses bras.

— Bah enfin mon vieux ! Ton travail te prend trop de temps ! déclara-t-il.

— Lui au moins il travaille, ça te changerait, dit Ginny d'une voix sèche.

— Tu n'as toujours rien trouvé ? s'écria Harry.

— Je cherche à avoir la place de Verity chez les jumeaux, tu sais elle est morte, mais ils font passer plusieurs candidatures avant la mienne, expliqua Ron en glissant un regard noir à Ginny qui le lui rendit bien.

Verity, l'assistante des jumeaux, était décédée il y a peu. Ama n'en savait pas la cause et les deux frères non plus par ailleurs, elle était morte de façon bien mystérieuse. Optant pour une solution rationnelle, la crise cardiaque, Ama n'y avait pas réfléchi plus que cela. Elle savait juste que Fred ne s'était jamais autant plaint dans une lettre que lorsqu'il lui avait raconté toutes les candidatures désastreuses qu'on lui envoyait.

— Bah courage, tu connais tes frères, s'esclaffa Harry en tapant amicalement dans le dos de Ron.

— Justement c'est ça le problème, soupira Ron.

— Vous êtes adultes maintenant ! Apprenez à vous supporter ! pesta Molly.

— Des frères et sœur ne sont pas censés s'entendre de base, rétorqua Ron.

— C'est dans l'ordre des choses, confirma Ginny.

Molly leva les yeux au ciel, exaspérée, et Ama la suivit. Maintenant qu'Harry était là Ginny parlerait avec lui, l'Empathe décida donc d'aider la mère des Weasley, elle s'était montrée si clémente avec elle qu'elle s'en sentait redevable.

Sans un mot elle vint donc l'aider à la cuisine, aucune des deux ne parla, mais elles appréciaient toutes deux la présence de l'autre. Pas la peine de se parler pour savoir cela.

Près d'une heure plus tard, le repas était prêt, Harry avait raconté ses mésaventures en tant qu'apprenti du Ministère, Ginny et Ron avaient écouté avec attention, au contraire d'Ama dont l'esprit avait bien vite dérivé vers d'autres occupations.

Perdue dans ses innombrables pensées Ama n'entendit pas la porte s'ouvrir, comme elle n'entendit pas les jumeaux arriver en maudissant la pluie. Ce fut seulement lorsque Fred s'ébroua devant elle, et qu'elle fut mouillée par la même occasion, qu'elle prit la peine de taire ses pensées.

— Espèce d'idiot ! siffla-t-elle en se passant une main sur sa manche trempée.

— Espèce de rêveuse, répliqua Fred avec un sourire en coin tout en s'appuyant sur l'accoudoir du canapé.

Ama leva les yeux au ciel, exaspérée d'avance elle remonta les manches de sa tunique en grommelant des jurons incompréhensibles. Bien qu'elle soit déjà fatiguée alors que les jumeaux venaient seulement d'arriver, elle ne parvint pas à retirer le sourire de contentement qu'elle avait aux lèvres.

— J'adore la façon dont Ama montre sa joie lorsqu'elle nous voit, directe elle nous traitre d'idiot. C'est fabuleux, ironisa George.

— Un « AMA SORT DE TES PENSEES ! » aurait suffit au lieu de me tremper, se défendit Ama.

— Oui, c'est une solution. Mais elle est moins drôle, admit Fred.

— Moi qui espérais que vous seriez plus mature, gémit Ama.

— Rêve pas trop ! prévint immédiatement George.

— Je crois qu'elle a perdu tout espoir maintenant, confirma Ginny en riant.

Pendant ce temps-là, tandis que tout le monde riait, Ama remarqua le regard de Fred qui s'attardait sur la porte d'entrée du salon. Son regard brun obstinément fixé il semblait attendre quelque chose, ou quelqu'un.

Il attendait de voir Arthur.

Son père, il attendait de le voir arriver, de les rabrouer tout en souriant. En se détendant un peu Ama confirma ses pensées en sentant les ondes de tristesse qui s'échappaient de Fred, dans un geste de réconfort elle posa sa main sur la sienne avec un sourire triste aux lèvres.

Les ondes de tristesse se calmèrent un peu et laissèrent place à des faibles ondes de joie et de reconnaissances, Ama, rassurée, se recentra sur elle-même pour taire au maximum les émotions d'autrui.

La Mélodie du Temps. Tome I : Souvenirs de printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant