Je pousse la porte de la salle de cérémonie.
Grande, somptueuse et dans les tons argent et or, elle est décorée de petites fleurs taillées dans du faux améthyste, ambre et argent. Cela reflète assez bien la politique de l'Atrium. Tout dans l'apparence. Ce soir, un buffet avec des assiettes non ébréchées est monté pour l'occasion sur toute la longueur de la pièce, faisant face à une façade de miroir spécialement nettoyée, reflétant les six vieux lustres au plafond. Dépoussiérés, pour une fois.
La salle de cérémonie est largement critiquée dans nos rangs pour être un pur gâchis. La plus grande salle de l'Atrium pourrait servir à autre chose qu'accueillir des cérémonies. Près du chauffage, elle serait idéale pour en faire un dortoir l'hiver pour les novices, qui dorment loin du principal chauffage centrale : les cuisines. Près des cuisines, elle pourrait aussi bien servir de réfectoire, mais non, elle ne sert qu'à accueillir au chaud des gens qui sont si chaudement vêtus qu'ils n'en ont même pas besoin.
Je repense au manoir des doubles-âmes. A l'évidence, il n'est pas souvent nettoyé et j'ai remarqué de nombreuses fissures dans les murs ou des meubles à qui ils manquent un pied ou une étagère. Malgré la taille du manoir, ils n'ont pas l'air riche. Je me demande ce qui les maintient encore en vie. Seule Ines semble travailler et les autres ont l'air de rester à la maison. Sauf peut-être Kyle et Ash, qui doivent avoir l'âge d'avoir un boulot. Je me demande ce qu'ils font. Les yeux ambrés d'Ash doivent lui refuser beaucoup de postes vu la force des superstitions ici et Kyle n'a pas les mains rêches typiques des travailleurs ou alors, il ne fait pas un travail manuel. Je fronce les sourcils. Je dois me concentrer sur cette soirée. Je prends une inspiration, et m'avance.
Une multitude de personnes est rassemblée us la lumière, riant, parlant, mangeant et dansant dans des robes, smokings, et tenues élégantes, parfois agrémenté de fourrure, de gants ou de collants chauds. Leur tenue sont parfois si volumineuses et colorée qu'on les appelle « les perroquets », entre nous. Et puis, ils caquettent tellement qu'il est impossible de ne pas voir la ressemblance.
Ces soirées de haute compagnie sont des évènements publicitaires important pour l'Atrium. Elles servent à attirer de nouveaux sponsors pour faire de bons arrangements et créer des contrats en échange de tickets de combats, de places spéciales dans les gradins ou d'une relation publique particulière avec celui ou celle qu'il sponsorise. Comme certains sont propriétaires de quelques terres cultivables, chef des bouchers, boulangers, poissonniers ou encore patron des bûcherons ou de boutiques de textiles, ils nous fournissent en contrepartie des biens essentiels comme du lait, de la laine, des céréales, du bois, des légumes, des fruits, parfois même de la viande... c'est grâce à ce système que l'Atrium ne s'est jamais effondré, même dans les périodes de crise. En hiver, notamment, lorsque le nombre de citadins qui assistent au duel baissent beaucoup à cause du froid, cela nous sauve de la famine totale. Nous ne vivons pas dans des lits à baldaquins avec des feux de cheminées dans les pièces, mais au moins, nous avons l'assurance de pouvoir manger chaque jour.
Je balaye des yeux la salle, indécise. Je pourrais partir sans que personne ne le remarque là tout de suite, il en est encore temps. J'ai besoin de dormir afin d'être en forme pour un combat demain et toutes ces personnes ne m'inspirent pas beaucoup de sympathie.
Mais leur argent nous garde vivant, et j'en ai besoin plus que de ma colère. Crier ne va pas remplir mon ventre, au contraire ça éloignerait des bons contrats. Alors je me compose un visage neutre, je me prépare à sourire et j'entre sous la lumière. Au moins, je me dis en fixant le buffet, je vais enfin pouvoir manger un repas entier depuis plusieurs jours.
Je n'ai pas le temps de faire un pas de plus, néanmoins que Kaïcha me fond dessus. La Rafale est vêtue d'une robe orange fluide qui est retenue par deux attaches à l'épaule droite. La couleur vive de sa tenue fait ressortir le teint mat de sa peau et ses cheveux noir bouclés contrastent joliment avec la clarté du tissu, un effet sans doute voulu, car avec elle, rien n'est mis au hasard. C'est elle qui a cousu sa robe, comme toujours. Elle a des doigts aussi habiles à manier le sabre que l'aiguille à coudre et comme l'Atrium permet à ses combattants de développer une capacité manuelle à côté de la formation martiale pour pouvoir trouver plus facilement du boulot après qu'on est obligé de partir, à nos dix-neuf ans, elle coud nos tenues de soirées à Laaja et moi. Le talent de Kaïcha, c'est coudre, pour Laaja, c'est cultiver. Et moi... faire peur aux gens en les fusillant du regard.
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La Guéparde Dorée - Double-âme [1]
ParanormalUn éclat. Celui de sa lame. _____________ J'espère que cette histoire vous plaira, elle a été publiée en janvier 2021 ^^ #3 - Fantasy le 09/06/2021 #3 - humour le 28/08/2021 #6 - romance le 21/08/2021 #7 - action le 13/06/2021 #9 - aventure le 14...