vingt

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-Gabrielle ? Oh je te cause là!

Je relève mes yeux lentement vers lui, qui témoignent de ma fatigue intense.

-Bon c'est ok ?

Je le fixe dans le blanc des yeux, incapable de répondre à sa question sachant que je ne l'ai pas écouté depuis qu'il est rentré dans mon appartement.

-Mais qu'est ce que tu as en ce moment ? T'es complètement avide, on dirait que t'as pas dormi depuis une semaine et tu ne réponds même pas au téléphone. Et puis t'as vachement grossi.

Ça aussi, un problème auquel je n'arrive pas à aller mieux. Mon corps a changé depuis quelques semaines, et rien qu'à me regarde dans le miroir ou le simple contact que j'ai avec me donne presque la nausée.

-Je l'ai en mode avion.

-Pourquoi ? S'exclame mon agent, qui hausse des sourcils en attente d'explications

Je le refixe et hausse lassement des épaules

-Bon dis moi ce qu'il y a sérieux, dans deux semaines c'est le festival de cannes, tu es nommée dans deux catégories, tu es sous le feu des projecteurs depuis maintenant deux mois depuis ta couverture de magazine et tu pars dans cinq jours à Cannes, sérieux, que demander de plus ?

Il est vrai qu'entre temps, j'avais accepté de poser pour cette campagne de soutien avec la fédération nationale de la solidarité des femmes. Alors une semaine après le shooting, j'avais fait la couverture du magazine ELLE, dénudée et seulement vêtue d'une culotte, en faisant une pose qui cachait mes seins. Adam avait eu raison, les médias n'avaient plus la haine contre moi, même si au fond cette couverture me faisait me rappeler à quel point je détestais mon corps. Il est mon pire ennemi, depuis des années, j'ai l'impression qu'il porte toutes les marques et cicatrices qui m'ont abîmée , tout ce qui a pu me rendre mal.

-Ça va faire quatre ans Adam.

Il fronce des sourcils

-Et alors ? Bordel mais Gabrielle ne te ruine pas le moral pour de misérables souvenirs, prends le bon côté des choses, tu es l'actrice la plus sûr côté du moment ! Dit il, en même temps de s'accroupir pour être à ma hauteur et poser sa main sur mon poignet

-Mais j'en ai rien à foutre de ma popularité putain ! Dis je en lançant mon poignet pour me séparer de son emprise et de me lever, vivement. J'en ai rien à foutre du festival, des galas, de ma carrière, de ma réputation, je... j'en ai rien à foutre de mon image ! Je m'en fou de gagner des prix, d'être sous le feu des projecteurs, moi je veux pas ça ! M'emportais je

-Alors tu veux quoi ?!

Je le fixe dans le blanc des yeux, ne sachant pas quoi répondre. Qu'est ce que je veux ? J'en sais absolument rien.

-Te morfondre dans ton malheur, chialer à ne plus en finir et broyer du noir parce que t'arrive pas à aller mieux ?! C'est ça que tu veux ?

Je baisse des yeux et plus personne ne parle, j'ai juste une envie, c'est de disparaître.

-T'aime bien jouer les grands discours disant que tu t'en fou de ta popularité, de ton métier, mais toi comme moi savons à quel point il ne te reste plus que ça. Reprend il

-Tu sais quoi ? Commence mon agent en remettant sa veste en jean. Rappelle moi quand t'auras arrêté de faire ta gamine, parce que c'est tout ce que t'es en train de faire en ce moment même. Sinon tiens,il me tent une chemise remplie sûrement de documents, ton billet de train est dedans, ton planning et emploi du temps pareil, comme ça, je n'aurais pas besoin de te parler une minute de plus.

Idylle amoureuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant