Idylle amoureuse

vingt deux

-Félicitation.

Je me retourne vers le rappeur qui a sa tête virée vers la mer, comme moi quelques secondes avant.

-Merci Sneazzy.

-Tu peux m'appeler Amine tu sais.

-C'est pas Mohammed ton prénom ?

-Si, Mohammed Amine. Mais je préfère Amine.

J'hoche de la tête silencieusement, tandis que je sens son regard sur moi. Alors j'empreigne mon regard dans le sien, et j'ai juste envie de pleurer.

-Ça va ? Tentais je doucement

-Ouais, et toi ? Demande t il en pouffant, de moquant sûrement de ma tentative d'être douce

J'hausse des épaules en guise de réponse, un sourire nostalgique au coin des lèvres.

-Comment ne pas aller ? Tu viens de remporter un prix au festival de Cannes, demain tu seras une admiration aux yeux de tout le monde.

-C'est justement ça que je redoute. Dis je en plissant des yeux

Il hoche silencieusement de la tête.

-C'rst la première fois qu'on se parle gentiment je crois.

Je pouffe.
C'est vrai, à chaque fois qu'on s'adresse la parole c'est soit pour se lancer des piques, soit pour s'insulter de tous les noms.

-Je vais finir par croire que t'es devenue gentille.

J'écarquille des yeux exagérément en souriant, ce qu'il fait lui aussi.

On entend le rire des autres à l'arrière, qui sont pourtant en dessous de nous, dans la salle de l'immense hôtel.

-Écoute, pour la dernière fois je-

-Mon père m'a abandonné quand j'avais six ans. Je l'ai pas vraiment connu, j'ai que de vagues souvenirs. Suite à ça, ma mère a enchaîné les petits boulots. Elle ne dormait pas plus de quatre heures par nuit et s'épuisait pour donner à moi et ma grande sœur de quoi manger. Je l'admire tellement. Elle a passé plus de vingt ans à vouloir me cacher les factures impayées, les larmes qui coulaient toutes seules de ses yeux la nuit. Tandis que mon père, je le hais tellement. Quand le rap ça a commencé à marcher pour moi et qu'un reportage sur 1995 est passé un soir à la télé, il s'est empressé de nous appeler. Il s'est excusé un millier de fois envers ma mère, moi et ma sœur. Il lui a supplié de tout recommencer avec elle et nous et de le laisser revenir vivre à la maison. Mais comment il avait pu croire une seule seconde qu'on aurait pu lui pardonner après l'enfer qu'il nous a fait vivre ? Il nous avait abandonnés au moment où on avait le plus besoin de lui.

J'ai les larmes aux yeux face à ses aveux, et je me sens mal d'avoir porté autant de jugement à son égard. Et j'ai mal au cœur, je me sens avide. Avide de rire, de penser, de marcher. De vivre. J'ai envie de crier de toutes mes forces pour faire sortir cette douleur incessante qui reste en moi depuis bien trop longtemps. J'ai la rage. La rage de vouloir être aussi dure avec moi même et les autres.

-Je suis désolée, vraiment. Dis je en le regardant

Et je crois rêver quand il s'approche de moi pour poser son regard sur mes lèvres. Il passe sa main sur ma taille et me colle à lui. Ses doigts passent lentement sur mes joues, et ses lèvres entrent en contact avec les miennes.

Mais ce moment qui me procurait un bien fou est trop vite interrompu par mon téléphone qui sonne.

Le nom qui s'affiche montre Élouan, et je trouve cela très bizarre car ça va faire plus d'un mois qu'on ne s'est pas revu.

-Allo ?

-Gaby, c'est Élouan.

-Je sais, ton nom s'est affiché. Dis je assez amusée

-Je voulais te féliciter, tu mérite grave tout ce que tu vis, et je voulais te dire aussi que t'es une personne incroyable.

Je souris légèrement, mais assez gênée et embarrassée de la situation.

-Bon...merci. Dis je en me grattant les cheveux

-Écoute, j'ai besoin de te parler, ça te dit quand tu remonte à Paris, on se voit ?

-Oui si tu veux, mais me parler de quoi ?

Je l'entends bégayer, chercher ses mots.

-Je préfère qu'on en parle quand tu reviens. Passe une bonne soirée .

Je le remercie et raccroche, alors que le rappeur est toujours à côté de moi.

-Tu parles encore à ce mec ?

Je fronce des sourcils, lui montrant que je ne comprends pas ce que ça peut lui faire.

-Ce mec , ça se voit il est là que pour faire décoller sa carrière en restant à tes côtés, juste parce que papa ne lui suffit pas pour devenir célèbre.

-Qu'est ce que t'en sait ? Il est gentil et puis il-

-Il est surtout hypocrite, sérieux, faut avoir de la merde dans les yeux pour pas le remarquer.

-Mais qu'est ce que ça peut te faire de toute façon ?

-Rien, c'est juste que ce mec, à part des emmerdes il va rien t'apporter.

J'écarquille des yeux face à ses propos. J'ai envie de le frapper.

-Vas te faire foutre et occupé toi de ta vie. Dis je en voulant partir alors qu'il m'attrape le bras

-Mais tu sais, je dis ça pour toi, je pense pour toi, pour que tu sois heureuse.

-Et moi ? Qu'est ce que t'en sais ce que je veux moi ? Tout le monde choisit à ma place, tout le monde prend mes décisions pour mon bonheur, mais est ce qu'un quart de seconde tu t'es demandé ce que MOI je voulais ?

Il ne répond pas, m'énervant encore plus.

-Arrête d'être susceptible wesh, calme toi, t'es limite impulsive.

-C'est pas une question d'être impulsive ou susceptible. Et arrête de déformer les faits.

Je me rends compte que ce que je dis n'a aucun sens.

-La prochaine fois occupe toi de tes affaires. Dis je sèchement avant de partir et de redescendre à l'intérieur.

Doums m'attend, tout sourire, étirant ses bras pour m'inciter à m'avancer vers lui. J'essaie de faire abstraction de tout ce qui peut me donner envie de pleurer parce que je suis à deux doigts de le faire.

-T'es la reine de la soirée et tu t'absente pendant plus d'une heure. Me dit il

-J'étais montée sur la terrasse, j'ai fumé. Lui disais je simplement

Il me fixe, comme s'il se persuadait que je ne disais pas la vérité. Mais il laisse vite tomber puis m'incite à venir danser avec lui.

Je profite, oublie que demain tout ce que je redoute le plus m'attendra.
Je danse, boit, jusqu'au lever du jour.

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chapitre pas fou et assez court, j'étais assez absente en ce moment, mais je suis de retour.

J'espère que vous allez bien et que vous prenez soin de vous en cette période toujours autant compliquée 😬.

Des avis ?

Promis je reviens avec beaucoup mieux <33