Chapitre 1

929 41 11
                                    


- Allez ! Encore 4 tours et on arrête ! ordonnait le professeur de sport en regardant ses élèves.

Ses chaussures frappaient la piste tandis qu'elle accélérait sa course. Ses muscles tiraient sur ses jambes et la sueur perlait sur son front. Quelle idée de faire de la course sous un soleil aussi meurtrier qu'aujourd'hui ? Annie ne comprenait jamais les professeurs de sport. Certains disaient que lorsqu'il pleuvait, c'était un merveilleux temps pour courir ! Mon cul pensait-elle.

Elle remarquait que ses camarades souffraient tout autant qu'elle. Certains repassaient discrètement au pas lorsque le professeur avait le dos tourné. Annie tenait le rythme. Elle était de nature sportive et pratiquait le sport notamment la boxe depuis son plus jeune âge. Le dépassement de soi, c'était sa spécialité alors ce n'était pas une stupide course qui allait la négliger.

Accélérant sa course, elle dépassait ses camarades. La ligne d'arrivée était à quelques mètres d'elle. Une fois passée, elle pourra enfin souffler. Après cette ligne d'arrivée, elle rentrera chez elle, se mettra sous une douche brûlante et ira glander dans son lit devant une bonne série. Cela aurait pu se passer comme ceci... Si seulement elle ne s'était pas effondrée sur le sol. Ses muscles avaient lâché et ses jambes s'étaient dérobées sous son poids. Sa tête avait heurté le sol sans aucune gentillesse et la blonde s'était mise à suffoquer avant que tout son être ne tremble.

Une crise d'épilepsie. Le noir total. Des voix l'appelaient mais elle ne répondait plus. Un trou béant s'était formé sous elle et aucune main ne se tendait pour qu'elle puisse s'y accrocher.

Mais ce n'était rien à ce qui allait suivre ensuite. Emmenée d'urgence à l'hôpital, Annie avait subi deux crises cardiaques. La deuxième avait failli être fatale mais étant bornée, la blonde ne se laissait pas faire et s'accrochait encore et encore.

Sa vie s'était transformée depuis ce jour. Plongée dans un coma artificiel afin de calmer ses douleurs et de réfléchir à une solution, le médecin avait conclu qu'Annie souffrait d'insuffisance cardiaque sévère. Une maladie génétique qui fragilisait son cœur. Ne pouvant réaliser son travail de pompage, son cœur ne pouvait donc plus répondre aux besoins de l'organisme et il fallait l'aider.

Après de nombreuses discussions, la conclusion était sans attente : Annie devait subir une transplantation si elle voulait survivre. Malheureusement, les transplantations du cœur étaient très rares car les familles refusaient de céder ce précieux organe. Annie était maintenue en vie par des machines qui faisaient battre son cœur et qui l'aidait à respirer, notamment de petits tuyaux qui lui apportaient de l'oxygène dans ses narines. Clouée dans un lit d'hôpital, elle fixait la vie qui continuait de se dérouler par sa fenêtre. Elle enviait tellement ses jeunes qui s'amusaient et qui riaient à plein poumons tandis qu'elle, s'ennuyait à en mourir. Son père adoptif venait la voir tous les jours après son travail. C'était ses seuls moments de joie mais qui s'évaporaient dès qu'il partait.

Mais elle avait retrouvé espoir lorsqu'elle avait été sélectionnée afin de subir une transplantation d'un cœur artificiel. Malgré les risques, son père avait accepté. Il voyait la détermination et la joie dans les yeux de sa fille. Il voulait qu'elle sorte d'ici afin qu'elle puisse vivre.

Ce cœur lui avait changé la vie.

Agée désormais 20 ans, Annie vivait avec un cœur artificiel depuis presque 3 ans. Elle le transportait dans un sac à dos. Une pompe branchée sur son cœur, permettant de le faire battre et des batteries. Les tubes disparaissaient au niveau du bas de son ventre, recouverts d'un pansement gris. C'était assez impressionnant à voir mais Annie s'y était habituée.

Elle était vivante et elle voulait profiter.

[Aruani] AlwaysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant