[Aruani] Always

Chapitre 5

Maison des Arlert.

Encore abasourdit dû à cette révélation, Armin l'observait en silence tandis qu'Annie analysait ses batteries entre ses mains. Elle pouvait régler la pression avec ces objets mais aussi arrêter sa vie. Mais généralement, le cœur artificiel était autonome et se réglait tout seul en fonction des activités que la blonde pratiquait. Si elle courait, il battrait plus fort.

- Tu es sûre de ne pas vouloir aller à l'hôpital pour... pour voir si tout va bien ? demanda-t-il en lui tendant un verre d'eau.

- Je serai déjà morte, répondit Annie en déposant les deux batteries sur le lit du blond avant de prendre le verre d'eau.

- Tu es en insuffisance cardiaque ?

Elle hocha la tête tout en buvant.

- Tu veux bien... me raconter ?

- Raconter quoi ?

- Ton histoire.

Annie haussa des sourcils et prit son verre avec ses deux mains.

- J'avais 14 ans quand tout a commencé. C'était lors d'un cours de sport où on devait courir. Je me suis effondrée sans savoir pourquoi et j'ai fait deux crises cardiaques. Plongée dans un coma artificiel pendant trois mois, le médecin a diagnostiqué une insuffisance cardiaque que mon grand-père avait. Il en est décédé. Je suis restée jusqu'à mes 17 ans à l'hôpital avant d'être transplantée mais cette transplantation n'est que temporaire. J'attends un cœur depuis 6 ans maintenant.

Le blond l'écouta sans la couper, plongé dans son incroyable récit. Il n'en revenait pas. Elle était incroyable, courageuse et forte.

- Mais grâce à ce cœur artificiel, je peux vivre à peu près normalement. Voilà.

- Je ne pensais pas que...

- Ça ne se voit pas, coupa Annie. C'est assez discret. Si, on enlève les cicatrices sur mon corps du aux opérations.

- Tu... Tu restes magnifique, marmonna Armin en baissant les yeux sur ses genoux.

Annie leva un sourcil.

- Tu changeras d'avis quand tu verras mes cicatrices et les deux tubes dans mon corps, continua-t-elle en le regardant.

- Même avec ceci, je te trouve belle. La maladie ne doit pas être un obstacle.

- Je te vois venir Armin.

Il cligna des yeux.

- Ce regard. Je vais être honnête avec toi. Ne t'attache pas.

- Pourquoi ? rougit-il.

- Car je suis une bombe. J'explose, je détruis tout.

Assis à la table à manger, Armin fixait son assiette sans la toucher. Les pensées ailleurs, il tourna sa fourchette, enroulant ses spaghettis entre les lames dans un silence de mort.

- Ça va ? demanda sa mère.

- Oui.

- Dis-moi, commença son père avec un petit sourire taquin. Annie est une fille très gentille, comment l'as-tu rencontré ?

Il rougit.

- Hum...Lors de la soirée.

- Elle est à la fac ?

- Fac de lettres. Deuxième année.

Les deux parents s'échangèrent un regard.

- Armin, on connait ce regard. Qu'est ce qu'il y a ?

- Je crois que... que je suis amoureux.

Ils ricanèrent tandis qu'Armin sentit sa tête brûler encore plus.

- Et ? Pourquoi te mets tu dans un état pareil ? demanda sa mère.

- Elle... Elle m'a dit ne pas m'attacher.

- Elle a déjà tout compris, sourit le père en buvant son verre d'eau.

- Pourquoi ? ajouta sa mère.

- Elle est transplantée. Elle possède un cœur artificiel.

Armin releva la tête et observa ses parents.

- C'est pour ça qu'elle a refusé que je prenne son sac pour qu'elle enlève son manteau ? demanda tendrement sa mère.

Il hocha la tête.

- Je pense qu'elle t'aime bien. Si elle refuse que tu t'attaches à elle, c'est surement pour te protéger.

Allongé sur son lit, Armin fixait le plafond. Me protéger ? Ils se connaissaient à peine mais ses sentiments étaient présents dès qu'il l'avait vu. Il n'arrivait pas. Il n'arrivait pas à la sortir de sa tête. Il fourra son visage dans ses mains.

Trop tard, il s'était déjà attaché.