Un accord coûteux

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"Mendoza ! Elle est là !" Gaspard regardait, incrédule, les trois enfants le contourner et se précipiter vers sa Señorita qui pâlissait considérablement.

"Oh mon dieu... souffla Zia.

-Il faut la ramener au Condor !" s'écria Tao.

Les yeux du Nacaal reflétaient une réelle inquiétude dont Esteban s'étonna. Après tout, il avait toujours été très réticent à l'égard de la jeune femme.

Mendoza accourut et souleva Laguerra le plus délicatement possible. Isabella laissa échapper un faible cri de douleur, à demi consciente. Le marin paniqua en  voyant la mare de sang qui s'étalait sur son corset devenu encore plus écarlate.

"Il faut stopper l'hémorragie !" dit-il.

Zia arracha un pan de sa robe et Sancho déchira le bas de la cape de Mendoza, puis la jeune Inca se servit de ces bouts de tissu pour en faire un bandage qu'elle serra du mieux qu'elle le pouvait autour de la taille de Laguerra.

"Un instant !" dit Gaspard en croisant les bras.

"Où croyez vous aller ?
-La sauver, gros balourd ! rétorqua Pedro qui avait bien compris que la Señorita comptait beaucoup pour Mendoza.

-Tatatata. Hors de question. Elle ne serait sûrement pas d'accord, et puis Ambrosius peut très bien la soigner, avec ses elixirs.

-Mais bien sûr que non ! Seule Zia peut la guérir ! cria Esteban. Il faudrait lui retirer sa chemise !

-Ah oui c'est vrai... bon bah... bredouilla Gaspard qui n'avait pas pensé à cela. Je... je vais chercher Messire Ambrosius pour voir ce qu'il en pense.

-Nul besoin, cher Gaspard." intervint une voix inhumaine. Ambrosius apparut vêtu du costume de Zarès. Les enfants sursautèrent.

"Laissez nous l'emmener ! dit Zia. Vous n'allez pas la laisser mourir !"

Zarès explosa d'un rire sadique. 

"Et pourquoi pas ?

-ça suffit ! dit Mendoza, les dents serrées. Laissez nous l'emmener ! 

-Elle compte pour toi, n'est ce pas, l'Espagnol ? dit Ambrosius d'un air mauvais. 

Mendoza baissa la tête sans répondre. Dans ses bras, Isabella poussa un nouveau grognement de douleur, haletante. Elle ne tiendrait pas longtemps dans cet état là. 

"Soit. Il est vrai que ce serait inhumain de ma part de laisser mourir ma propre nièce. ricanna Zarès. Néanmoins, il va falloir me donner quelque chose en échange. 

Esteban serra les dents. Tous se sentirent envahis de désespoir. Le Fils du Soleil croisa le regard de Tao et fut surpris d'y trouver une lueur de détermination farouche. 

"Que voulez vous ? cracha le Nacaal. 

-Bonne initiative mon cher ami. dit l'Alchimiste. Voyez vous, vous m'avez dérobé ma chère boussole en orichalque, et elle me manque atrocement. Restituez la moi, et vite. dit-il sèchement. 

-QUOI ? s'étrangla Tao. Mais... 

-Pas de mais. C'est vous qui choisissez." dit Ambrosius. 

Tao soupira. Son regard passa de Mendoza, qui tenait Laguerra, inconsciente dans ses bras, et l'Alchimiste français qui avait abaissé sa capuche de Zarès pour les toiser d'un air satisfait.

Le regard noir, il sortit la boussole de sa tunique et s'avança vers Ambrosius pour lui restituer la boussole. 

"Bien." dit le petit homme avec un rictus. 

"Je vous confie donc mon bras droit. Ramenez-la moi en bonne santé, et au cas où vous comptiez lui soudoyer des informations, je vous avertis : elle ne vous dira rien. Nous avons une sorte de... marché, elle et moi. Et, Isabella, au cas où tu sois à demi-éveillée : Souviens toi de notre accord..." 

Mendoza, Pedro, Tao, Sancho, Zia, et Esteban commencèrent à repartir sans adresser un regard à l'horrible individu ni à Gaspard. 

Laguerra aurait pu être inconsciente, mais Zia avait vu une larme rouler sur sa joue lorsque Zarès avait évoqué leur "marché". Et elle ne savait pas si la jeune femme pleurait à cause de la douleur que lui procurait la blessure, ou celle de son accord avec Ambrosius.

Les Mystérieuses Cités D'Or-Le Secret Des HéritagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant