Enlèvement

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Mendoza se réveilla en sursaut, haletant. L'adrénaline coulait dans ses veines, son coeur battait la chamade et chacun de ses sens était en alerte.

Il sentait le danger.

En regardant autour de lui, il vit que tout le monde, adultes comme enfants, dormaient paisiblement. Aucune autre forme de vie ne semblait les entourer. Alors pourquoi se sentait-il épié, en danger, alerte ? Il était sûr que ce sentiment n'était pas lié à quelqconque rêve ou cauchemard. Voilà bien longtemps que le capitaine ne s'échappait plus au pays des songes lors de son sommeil. Instinctivement, il chercha son épée de sa main, tatonna le sol à la recherche de son arme, et ressentit une vague de panique lorsqu'il découvrit qu'elle n'était plus là.

"Par la malpeste !" s'écria t-il. Il regarda aux côtés d'Isabella et constata que son fouet et son épée avaient également disparu.

"Isabella ! Pedro ! Sancho !" appela t-il ses amis. Il ne voulait pas réveiller les enfants, les inquiéter pour rien. Le bègue fut le premier à s'éveiller.

"Qu-qu-qu'est ce qui se pa-pa-pa-passe Mendodo, Mendoza ? demanda t-il.

-Chut, moins de bruit. lui intima Mendoza. Je crois qu'on nous épie.

-Mais qui ça ? intervint Isabella.

-Vous croyez que c'est Ambrosius ? suggéra Pedro.

-Non. déclara Laguerra, sûre d'elle. Pas déjà. La Nef était vraiment endommagée, même lui n'aurait pas pu la réparer en aussi peu de temps.

-Alors qui ?"

Pendant que les Espagnols, rassemblés autour des restes du feu, continuaient leur conciliabule, Tao sentit un léger courant d'air sur son visage, ce qui eut pour effet de le sortir de son sommeil.

"Mmh Pichu, laisse moi..?" gromella t-il, pensant que c'était le petit perroquet vert.
Mais il sentit qu'on lui enserrait les chevilles et les poignets, et il fut pris d'un sentiment de panique.

"Aaah Mendozaaa ! À l'aide ! Mais lâchez moi enfin ! hurla t-il.

-Ahh mais qu'est ce qui se passe ? cria Zia, réveillée et apeurée à son tour.

-Zia ! Tao !" s'exclama Esteban, réveillé par les cris de ses amis.
Deux bras lui enserraient le torse, et il avait beau se débattre, rien ne semblait pouvoir faire lâcher prise à son mystérieux ravisseur. En face de lui, Tao et Zia étaient à présent dans la même position, et Mendoza se rua vers la silhouette qui tenait la jeune Inca pour tenter de la libérer. Poings serrés, il assèna un direct magistral dans la mâchoire de l'homme et ses jointures rencontrèrent le visage de sa cible dans un craquement. En serrant les dents, il s'apprêtait à lui en assener un autre mais une main inconnue lui saisit le poing pour lui tordre le bras avec une force inouïe. Le marin céda, en proie à la douleur, et il voyait, impuissant, Sancho, Isabella et Pedro se faire attacher les poignets en opposant une maigre résistance tandis que lui même sentait des liens lui enserrer les poignets avec force.

"Mille tonnerres ..." pesta t-il.
Sans un mot, leurs ravisseurs les poussèrent en avant et ils se mirent en marche dans un silence de plomb.

"Où est ce que vous nous amenez ?" questionna Esteban, aggressif.

Son bourreau se contenta de ricanner. Seuls ses yeux brillaient d'un éclat mauvais, le reste de son visage était dissimulé par un bandana qu'il portait noué autour du nez et de la bouche, à l'instar de ses compagnons. Mendoza remarqua que chacun d'entre eux avait un foulard d'une couleur différente, et il se demanda si cela était fait exprès ou totalement au hasard.

Bon sang, Juan ! Essaye de trouver un moyen de nous sortir de cette galère au lieu de t'intéresser à de vulgaires foulards ! 

Il étudia les rares possibilités. Isabella n'était pas en possession de ses armes et lui non plus. Leurs ravisseurs étaient sept. Un pour chacun d'entre eux. Tous étaient solidement bâtis, menaçants, et, en prime, ils portaient tous un poignard terriblement acéré à la ceinture de leur pagne. 

Autrement dit, nous voilà dans de beaux draps. soupira mentalement le capitaine. 

Il leur fallait donc se laisser conduire. Ils aviseraient plus tard. Si ils n'étaient pas tués ... 

Devant lui, Isabella marchait la tête haute. Il imaginait sans peine son air froid et distant qu'elle arborait en toute circonstances et remarqua qu'elle avançait d'une manière peu ordinaire. Elle avait la jambe droite un peu raide et le marin savait pertinemment que ce n'était pas lié à sa blessure, qui n'avait pas endommagé ses membres. Alors quoi ? 

Un sourire étira ses lèvres. Bien sûr ...

Lorsqu'ils s'étaient couchés, il avait remarqué qu'Isabella avait soigneusement aligné son fouet et son épée, mais il n'avait pas vu de pistolet. Son sempiternel pistolet... Qu'elle devait porter sur elle en ce moment même. 

Un plan germa aussitôt dans son esprit. Distraire cette équipe pour permettre à Isabella de faire feu était ce qui le paraissait le plus évident. Mais comment faire ?

Trop tard. songea le capitaine en apercevant une muraille de pierre à une cinquantaine de mètres d'eux. Une sorte de lourde porte permettait l'accès à la zone derrière cet édifice, et deux gardes aussi imposants que ceux qui les avaient capturés en gardaient l'entrée. Mendoza nota qu'ils portaient eux aussi des foulards, dont les couleurs différaient, encore une fois.
Lorsqu'ils arrivèrent devant la grande porte, les deux hommes les toisèrent. Mendoza ne put réprimer un frisson. Il avait l'impression qu'ils savaient quelque chose à propos d'eux qu'eux même ignoraient.
Poussés par leurs bourreaux, ils pénétrèrent enfin de l'autre côté de la muraille, et Mendoza observa avec attention les trois
bâtiments gris qui s'élevaient au milieu de la cour dans laquelle une centaine d'hommes et de femmes au moins semblaient suivre une sorte d'entraînement sans leur prêter le moindre intérêt.

Bouche-bée, il regarda une jeune femme qui devait avoir l'âge d'Isabella excécuter une prise qui envoya un homme à terre sans la moindre douceur avant de réajuster un foulard autour de son cou.

"Décidément, les foulards sont importants pour eux. bougonna t-il.

-Silence l'Espagnol !" lui intima sèchement l'homme qui l'avait frappé et conduit.

Mendoza serra les mâchoires, avant de rouvrir la bouche, ses lèvres formant un "o" interloqué. Comment diable savait-il d'où il venait ? Son regard se porta sur ses deux marins qui n'avaient pas l'air d'avoir remarqué ce détail mais qui l'observaient d'un air craintif. Où étaient-ils donc tombés ?

Il tenta alors d'établir un contact visuel avec Laguerra, mais celle ci fixait le sol, le teint aussi pâle que de la porcelaine et le corps aussi tendu que la corde d'un arc.

"Isabella." appela t-il.

La jeune femme leva les yeux vers lui et Mendoza fut frappé par l'inquiétude qui les agitait.

"Tu connais ces gens ?" chuchota t-il tandis que son bourreau s'entretenait avec une femme qui se tenait devant la porte du bâtiment qui s'avérait être le plus imposant des trois.

"Je... commença l'Espagnole, mais elle fut  coupée par une voix grave.

"Mais que vois-je ? Isabella !"

Coucou à tous ! Je suis tellement désolée, ça fait presque un mois que j'ai rien publié... J'ai fini le chapitre dimanche dernier, et il vient d'être relu et corrigé. J'ai eu plein de travail, avec la reprise des cours et tout ça, un brevet blanc qui arrive pour bientôt... Enfin bref.
J'espère que vous aurez aimé ce chapitre et que vous êtes quand même un peu contents de retrouver ma fanfic' ^^
Bisouus

Les Mystérieuses Cités D'Or-Le Secret Des HéritagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant