Isabella ouvrit les yeux en sursaut. Elle avait donc fini par s'endormir. Un silence pesant régnait dans la petite pièce, et les respirations lourdes des passagers du Condor l'angoissaient autant qu'ils la rassuraient. Un ronflement se faisait néanmoins entendre et surpassait légèrement tout les souffles des dormeurs, et Isabella eut un petit sourire moqueur lorsqu'elle s'aperçut que le ronfleur n'était autre que Mendoza.
Ainsi donc, on ronfle, Capitán.
Elle se redressa et alla silencieusement s'appuyer contre un mur. Il lui fallait trouver un moyen de contacter Ambrosius, et même si elle ne souhaitait pas trahir Zia une seconde fois, c'était le choix le plus sensé, elle en était persuadée. Le Capitaine Mendoza ne s'en remettrait pas, elle le savait. Mais cette homme se faisait beaucoup d'illusions à son goût, et cette lueur dans son regard lorsque Tómas avait laissé entendre qu'elle leur avait caché des informations ne lui avait plu qu'à moitié, voire pas du tout.
Ah, les hommes. Ou devrais-je dire Mendoza.
Puis les pensées de la jeune femme se tournèrent vers elle, et son humeur narquoise s'évanouit. Elle souffrait. Par sa faute, en partie, et c'était cela qui la détruisait le plus. De savoir que malgré tout ce qu'elle avait fait par le passé pour la protéger, elle avait fini par subir quand même. Isabella Laguerra avait échoué. Elle avait failli.
Et elle avait beaucoup de mal à l'accepter.
L'Espagnole se mordit la lèvre, fort. Depuis le jour de la mort de son père, sa vie n'était que débris qu'elle s'efforçait de recoller, sans grand succès. Le contrôle lui avait complètement échappé, et elle avait beau essayer, elle ne contrôlait plus rien.
Rien du tout.
Elle ferma les yeux et serra les poings et les paupières, fort. Ce simple geste ajouta un poids sur ses épaules, car c'était une habitude qu'elle avait perdu. Qu'elle pensait ne plus jamais avoir. Et qui lui rappelait de bien mauvais souvenirs.
N'y pense pas, n'y pense plus, c'est terminé.
Terminé, Isa.Une petite main sur son épaule interrompit ses pensées, et sans même savoir de qui il s'agissait, Isabella se sentit soulagée et reconnaissante envers la personne venue lui parler. Et ce sentiment s'agrandit encore lorsqu'elle s'aperçut que ce n'était autre que Zia.
"Tout va bien ?" chuchota l'enfant.
Isabella hocha la tête, mais son air lointain n'échappa pas à l'Élue.
"Votre blessure sera totalement guérie dans un ou deux jours. Comment vous sentez vous ? continua t-elle.
-Je me sens déjà beaucoup mieux, merci, Zia. souffla la bretteuse sans savoir si elle parlait de sa blessure physique ou mentale.
-Vous allez retourner avec Ambrosius, n'est-ce pas ?"
Isabella resta interdite quelques instants. Elle avait toujours soupçonné Zia d'avoir un sixième sens, qui lui permettait de détecter ce que n'importe qui voudrait lui cacher. Mais lui confirmer à voix haute qu'elle comptait effectivement la trahir à nouveau, elle et son petit équipage, l'attristait, peut être plus que ça n'aurait dû.
"Si vous le faites, c'est que ça doit être la meilleure chose à faire. déclara simplement l'Inca. Vous n'êtes pas comme Ambrosius. Vous devez avoir vos raisons.
-Mais tes amis n'auront plus confiance en moi. Plus du tout.
-Moi, si. Tao proclamera qu'il avait raison, et Esteban, Sancho, Pedro, et Mendoza seront sûrement furieux, mais je saurai les calmer, vous savez. Allez-y quand vous le sentirez. Je leur expliquerai.
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Les Mystérieuses Cités D'Or-Le Secret Des Héritages
FanfictionAprès les évènements de Kûmlar, Isabella Laguerra, détruite par la mort des enfants et Mendoza, continue sans entrain de suivre Ambrosius dans sa quête à bord de la Nef. Épuisée, à bout, elle s'efforce tant bien que mal de rester impassible et impli...