"Mon frère"

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Un silence régnait dans le Condor. Isabella et Zia semblaient tendues, mais aucune n'avait répondu clairement aux questions que leurs amis leur avaient posées. Esteban, qui pilotait le Condor, ne pouvait s'empêcher de penser que Zia semblait s'éloigner de lui ces derniers temps, et il sentit son coeur se serrer à cette idée. Il était lié à la jolie Inca, et pas seulement parce qu'ils portaient le même médaillon, pas seulement parce qu'ils avaient une lourde quête sur les épaules. Dès le premier jour, dès qu'il avait vu son visage si doux encadré de ses longues mèches brunes et son air à la fois si fragile et effrayé, il avait eu envie de la protéger, il l'avait tout simplement aimée.

Cette affection innocente et naïve qu'il avait d'abord éprouvé pour son amie s'était transformée en autre chose, quelque chose qu'il ne savait pas définir et ni même exprimer.
Tout ce qu'il savait, c'était qu'il la trouvait très belle, en cet instant, le regard perdu dans l'immensité du paysage qui s'étalait sous leurs yeux, ses cheveux ramenés sur un côté et son demi-sourire sur les lèvres...

Zia...

L'Atlante remarqua aussi la lumière du soleil qui commençait à changer et à s'atténuer. Il allait devoir poser le Condor. Ses pensées se dirigèrent alors vers un petit homme à lunettes dont la barbe rousse et les yeux sournois lui donnaient un air de savant fou.
Qui sait, peut être qu'Ambrosius était reparti ? Il serra les dents. Il ne voulait pas qu'il ai de l'avance, il ne voulait pas... Après tout c'était leur quête, et Zarès ne s'y intéressait que pour devenir le maître du monde, alors il devait absolument découvrir ce que cachaient les mystérieuses cités d'or avant lui. Ce qui revenait à sauver le monde, après tout, car Ambrosius nourrissait de sombres projets de destruction et de domination, semblait-il. Le fils d'Athanaos soupira et manoeuvra afin de poser le Condor sur la terre sèche et craquelée sur laquelle ils allaient devoir passer la nuit. Ils n'avaient passé qu'une heure et demie dans le Condor, depuis qu'ils avaient quitté le village de Céphas, mais les longues heures qu'ils avaient passées dedans avant de s'arrêter se faisaient ressentir, d'autant plus qu'ils avaient passé la plupart de leur temps assis, dans le village. Alors dès que ses pieds rencontrèrent le sol, Esteban se mit à courir en direction du soleil couchant, yeux fermés et bras écartés en respirant profondément.
Tao le suivit en riant et les deux garçons s'amusèrent à courir le plus loin possible pendant un moment. Lorsqu'ils se décidèrent enfin à s'arrêter, leurs amis n'étaient plus qu'un petit point à l'horizon et ils se mirent d'accord pour les rejoindre en marchant.

"Ça fait du bien, de se dégourdir enfin les jambes ! dit Esteban en s'étirant.

-Tu l'as dit ! répondit son ami. J'en pouvais plus, toutes ces heures dans le Condor...

-Moi aussi. Dis, tu en penses quoi, toi, d'Isabella ? l'interrogea encore l'Élu.

-J'en sais trop rien... dit le Nacaal. Elle est... gentille. Drôle, peut être aussi... mais elle est tellement mystérieuse... et elle était du côté d'Ambrosius ! Sans parler de ses regards mystérieux avec Zia...

-Et avec Mendoza ! rigola l'Atlante. Zia a l'air de lui faire confiance, elle... mais c'est vrai que j'ai l'impression qu'elles nous cachent quelque chose.

-Tu veux rire, c'est évident ! s'écria Tao. Je me demande bien ce que c'est.

-Ça ne doit pas être dangereux, si Zia se comporte ainsi avec elle.

-Tu l'aimes beaucoup, hein ? dit Tao, avec un sourire indéfinissable sur les lèvres.

-Qui, Laguerra ?

-Mais non, Zia ! rit Tao devant l'air ahuri de son ami.

-Ah bah je... je sais pas, qu'est ce qui te fait dire ça ? le questionna le porteur du médaillon, les joues rouges.

-Tu la prend souvent en référence... tu la regardes beaucoup...

-Même pas vrai !" cria Esteban, mais il se calma bien vite devant l'air hilare de Tao.

"Ça... ça se voit beaucoup, tu crois qu'elle l'a remarqué ? finit-il par demander.

-J'en sais rien. rigola Tao. Alors, tu l'aimes bien ?

-Bah je... je... oui !?..." lâcha l'Atlante, d'un air perdu.

Les épaules du jeune Mueen s'affaissèrent, il baissa les yeux.

"Je le savais bien. dit-il doucement.

-Quoi, toi aussi ? demanda Esteban.

-Moi ? Ah nonononon ! s'exclama Tao.

-Ah non, pardon. Toi c'est Indali. ricanna Esteban, le regard malicieux.

-Euh... ehe. bafouilla Tao, une main sur la nuque.

-AAAH JE LE SAVAIS ! se réjouit Esteban.

-Eh, Esteban ! Tu le dis à personne, hein ? paniqua Tao.

-T'en fais pas, je dirai rien ! assura le fils d'Athanaos.

-Moi non plus, je dirai rien pour Zia ! renchérit Tao.

-Promis ?

-Promis !"
Les deux garçons s'arrêtèrent et se fixèrent dans les yeux durant un instant. Sur leur visage se reflétait la même chose : l'amour que l'on porte à son meilleur ami.

"Mon frère ! dit Esteban avec un sourire.

-Mon frère." murmura Tao en le prenant dans ses bras.

"Esteban, Tao ! Vous venez ?" les appela au loin la voix de Zia. Avec un sourire, les deux amis rejoignirent leurs compagnons en courant, le visage baigné par la lumière dorée du soleil qui se couchait.

Les Mystérieuses Cités D'Or-Le Secret Des HéritagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant