En quête de nourriture et de réponses

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Esteban, Zia et Tao se poursuivaient en riant autour du feu. Mendoza restait assis, les yeux dans le vague et Sancho poursuivait tant bien que mal Pichu qui lui avait pris son bonnet.

Pedro soupira. Il avait faim, et cette savane triste qui semblait s'étendre sur des milliards de kilomètres était visiblement vide de toute nourriture.
Ils n'allaient pas manger de la vieille herbe séchée tout de même !

Pedro décida de prendre les choses en main. Après tout, il était marin, il avait affronté des tempêtes en pleine mer ! Un peu de nourriture ne devrait pas être trop compliquée à trouver.

"Et Sancho !" appela t-il son compagnon.
Le bègue, qui avait récupéré son bonnet, se tourna vers lui, essoufflé.

"Qu-qu-qu'est ce qui y a P-Pedro ?

-Viens avec moi trouver de quoi manger.

-Rh-rholala n-non alors  ! J-j-en peux p-plus moi ! protesta son ami.

-Allez, viens ! T'es un marin ou pas ?" le provoqua Pedro.

Sancho finit par le suivre en bougonnant et tous deux  s'éloignèrent de leurs amis en quête de quelque chose à se mettre sous la dent.

                                      ****

"Touché !" Esteban sentit la main de Tao dans son dos et s'arrêta net, à bout de souffle.

"C'est bon, pff pff, j'en peux plus là !" il s'écroula sur la couverture qui lui servait de lit, le dos voûté, sous les rires de ses deux amis, qui s'installèrent sur leurs couches respectives à leur tour.
Tous prirent le temps de reprendre leur souffle, et il régnait un silence seulement troublé par leurs respirations saccadées. Étalé en étoile sur sa couche, Esteban regardait les nuages glisser dans le ciel, laissant ses pensées vagabonder.

Les événements de Kûmlar avaient été une catastrophe. Ils avaient échoué. Ambrosius avait le double médaillon, de l'avance sur la piste à prendre et sur les indices, et comme si ça ne suffisait pas, une Nef que la tombée de la nuit n'empêchait en rien de voler ! Une catastrophe...

"Et zut !" s'écria t-il rageusement.

"Qu'est ce qu'il y a Esteban ? demanda Zia en se redressant.

-Ambrosius est sûrement en train de se diriger vers je ne sais ou, peut être même déjà au prochain indice vers la cité d'or !

-Arrête avec ça, Esteban ! râla Tao. On peut les rattraper le lendemain, et puis certaines choses sont réservées exclusivement à Zia et à toi, il ne pourra pas les obtenir, même avec le double médaillon !

-Ah oui, et comme quoi ? tempêta Esteban.

-Euh... je... bredouilla Tao.

-On dirait qu'il sèche, notre Nacaal ! se moqua l'Élu.

-Pas du tout ! Un Nacaal ne lit pas l'avenir je te signale ! Et puis mes ancêtres étaient intelligents ! Ils ne vont pas vous réserver une quête aussi importante si n'importe qui peut la faire à votre place avec un double médaillon !

-Tao n'a pas tord tu sais ! dit Zia d'une voix douce. Tu devrais essayer de penser à autre chose... on perd du temps, c'est sûr, mais on y arrivera, j'en suis certaine !"

Esteban se détendit un peu. Son regard se posa sur Mendoza, et sans savoir pourquoi il se sentit gêné. Il avait totalement oublié, avec tout ça ! Kûmlar, Laguerra !
Il croisa le regard de Zia, qui semblait avoir lu dans ses pensées.

"Ça va Mendoza ? On ne t'a pas entendu depuis qu'on est partis.

-Tu parles, il pense à sa Laguerra oui ! s'exclama Tao. Qu'est ce qui t'a pris de lui faire confiance ? T'as oublié dans quel camp elle était ?"

Mendoza fronça les sourcils, Zia vint à sa rescousse.

"Arrête, Tao. Ce n'est pas de leur faute, si ils s'aiment !

-Tu parles. bougonna le Nacaal.

-Ça ne nous regarde pas de toute façon. décréta la jeune Inca. Mais si tu veux mon avis Tao, Laguerra n'est pas une mauvaise personne !

-Et comment tu peux en être sûre, hein ? pesta Tao.

-Je le sens, c'est tout. répondit son amie.

-Ouais bah tu me diras si tu le sens toujours autant le jour où tu finiras prisonnière de Zarès après avoir faire confiance à ta nouvelle meilleure amie. bouda Tao. J'ai pas raison Esteban ?"

L'Atlante sursauta. Il ne savait absolument pas quoi penser de tout cela. En réalité, il était extrêmement perturbé. Mendoza, l'homme qui avait eu la bravoure de sauter dans une mer agitée pour le sauver de la noyade lorsqu'il était bébé, Mendoza qui avait enduré et résisté à tant de choses, Mendoza, leur second père et leur protecteur... Depuis Patala, lorsqu'il s'était battu en duel contre la fille du Docteur Laguerra pour la première fois, il semblait  bien lointain et surtout, bien plus fragile.

Que s'était-il donc passé ?

Il se sentait un peu gêné, d'être sollicité dans une conversation concernant l'Espagnole et le marin.

"Je... je sais pas... je.." mais il n'eut pas besoin d'ajouter quoi que ce soit car Mendoza prit la parole pour la première fois depuis des heures.

"Nous pouvons faire confiance à Laguerra, Tao. Elle agit ainsi car elle a ses raisons. Elle a essayé de vous empêcher de chuter.

-Bah voyons." bougonna le Mueen.

Mendoza et Zia échangèrent un regard consterné et soupirèrent de concert.

"Où sont passés Sancho et Pedro ? demanda le marin à la cape bleue.

-Bonne question. dit Esteban. Partis chercher à manger je suppose. C'est la seule chose qui pourrait les persuader de s'aventurer seuls dans un endroit pareil."

                                *****

Pendant ce temps là, Sancho et Pedro progressaient difficilement dans les hautes herbes en pestant contre tout et n'importe quoi. Voilà vingt minutes qu'ils cherchaient quelque chose à se mettre sous la dent, et du fait de leur nature peu patiente, ils auraient sûrement abandonné si la nourriture n'occupait pas une si grande place dans leur coeur.

"T'inquiètes pas, Sancho, on va trouver !" déclara Pedro, sur de lui.

Aucune réponse ne lui parvint, pourtant Pedro aurait juré que son ami le suivait la seconde précédente.

"Sancho ? Sancho !"

Il se retrourna et vit son ami, étalé au sol.
Le marin explosa de rire en se tenant le ventre, son rire se répercuta contre les rares arbres et rochers autour d'eux, il riait tellement que les larmes coulèrent de ses yeux.

Sancho se releva, vexé.

"Et b-bah ça s-suffit ! M-moi j-e ren-ren- je rentre !"

Il partit devant, bras croisés et la tête haute, d'un pas rapide et la mine boudeuse.
Pedro se rendit soudain compte que son ami s'éloignait et rester seul dans cette savane déserte ne lui disait pas tant que ça.

"Sancho ! Attends moi !" cria t-il en courant à sa poursuite.

Les Mystérieuses Cités D'Or-Le Secret Des HéritagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant