Au coin du feu

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Mendoza regarda les deux garçons revenir en souriant. Ils passaient leur temps à se chamailler, voulaient tout les deux avoir toujours raison, mais quoi qu'on en dise, ils formaient une belle paire, comme le prouvait le regard complice qu'ils échangèrent en s'arrêtant, essoufflés de leur course. 

"Eh bien, vous deux ! Vous n'êtes pas fatigués à ce que je vois !"  s'exclama t-il.

Il ne put s'empêcher d'éclater de rire lorsqu'ils s'affalèrent par terre, à même le sol. 

"Une simple course vous a éreintés ? les provoqua Pedro. Moi, ajouta t-il en bombant fièrement le torse, quand j'étais gamin, je courais vite, loin, et longtemps ! Et j'étais même pas fatigué !"
Pedro perdit de sa superbe lorsque Sancho explosa de rire suite à ce qu'il venait de dire. De toute évidence, le bègue n'était pas d'accord avec ce que venait de dire son ami. Les enfants ne tardèrent pas à se mettre à rire non plus, et leurs rires se mélangeaient et s'élevaient ensemble vers le ciel rougeoyant quu offrait un spectacle fabuleux. Mendoza sourit et, en relevant les yeux, il remarqua que Laguerra s'était éloignée, sa marche ralentie par sa blessure. 

Il se dépêcha de la rejoindre en ignorant les regards rieurs des enfants et ses deux acolytes, et n'eut aucun mal à la rattraper facilement. Elle sursauta lorsqu'il posa sa main sur l'épaule et esquissa un sourire en le voyant, sourire qui  réchauffa le marin et qu'il lui retourna.

"Besoin de solitude, Señorita ? lui demanda t-il.

-Pas vraiment, Señor." répondit-elle, appuyant sur ce dernier mot d'un ton espiègle avant de se rembrunir.

"Seulement, je préférais vous laisser un peu entre vous. J'ai conscience que ma présence change quelque chose, tant pour vous que pour eux. ajouta t-elle sans émotions apparente.

Mendoza la regarda un instant sans répondre. La Laguerra froide, distante et sans émotions était de retour, et ça ne lui plaisait qu'à moitié. Il ne savait jamais vraiment comment réagir devant cette Laguerra là, car il savait qu'à la moindre parole de travers, même prononcée involontairement, elle se fermait comme une huître.

Et Isabella l'huître lui plaisait encore moins que la sauvage.
Enfin non, il l'aimait dans tous les cas. Disons qu'elle le déstabilisait.

Cependant, il savait aussi que parfois, certains-et dans le cas de sa belle huître espagnole, certaines- dissimulaient leurs émotions pour ne pas les laisser éclater ou paraître aux autres. Et cela, il le comprenait parfaitement.

"Vous ne nous dérangez absolument pas. finit-il par répondre.

-Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que ça changeait  quelque chose. Et je vois bien que parfois, Tao reste un peu méfiant à mon égard. Tout comme je comprends que ma présence intrigue vos marins.

-Un peu de changement ne fait jamais de mal. rétorqua Mendoza. Et Tao s'y habituera. Il a seulement un peu de mal à accorder sa confiance, depuis la trahison d'Ambrosius. Il l'a très mal vécue, vous savez."

Isabella se contenta de hocher la tête, mais Mendoza vit qu'elle se rapprochait imperceptiblement de lui, et cela lui fit plaisir.
Ils marchèrent quelques insants dans un silence apaisant. Un silence dans lequel ils n'avaient pas besoin de parler pour se comprendre, ni pour être heureux. Mais soudain, le capitaine s'aperçut que la jeune femme n'était plus à ses côtés. Elle s'était arrêtée, courbée en deux, la main sur son abdomen et le souffle court.
Il rebroussa chemin vers elle et lui posa une main dans le dos.

"Tout va bien ? Votre blessure vous fait souffrir ?

-Ça va. lui répondit-elle en lui posant une main sur le bras, simple geste qui suffit pourtant à propager un frisson dans tout le corps de l'Espagnol.
Elle se releva, le regard rempli de détermination, et Mendoza comprit qu'elle refusait de se montrer vulnérable face à lui. Après tout, elle avait déjà pleuré dans ses bras, alors il savait très bien qu'elle ne supporterait pas de lui avouer qu'elle avait mal. Il sourit malicieusement à cette pensée et décida de la taquiner :

Les Mystérieuses Cités D'Or-Le Secret Des HéritagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant