Kasaniwé

395 21 8
                                    

Les villageois regardaient maintenant les aventuriers avec stupeur. Un murmure général se répandit, sans qu'aucun des sept voyageurs ne sache ce que ça signifiait.
"Vous êtes les Élus... répéta encore l'homme.

-Et ça veut dire quoi, ça ? demanda Pedro.

-Ces enfants sont la clé d'une énigme bien mystérieuse. expliqua le chef.  Mais ne restez donc pas là. Rentrez !"

Après une courte hésitation, Sancho fit un pas en avant, suivi par le reste du groupe. Esteban et Zia s'étaient instinctivement reculés au milieu de leurs amis, juste devant Mendoza et Tao et entre Laguerra et Pedro. Sancho menait la marche et suivait le chef, qui les conduisit jusqu'à sa case dans laquelle se cachait toujours le petit garçon.

"Guénolé ! Apporte du lait de chèvre à ces étrangers en attendant que le repas soit prêt."

Le petit garçon sortit de la pièce, les yeux rivés sur le médaillon de Zia et Esteban.
Gênée, Zia rentra le pendentif dans sa robe et Esteban ne tarda pas à faire de même. Ce geste n'échappa pas à leur hôte, qui leur adressa un sourire rassurant. Il s'assit sur une sorte de tapis, invitant ses invités à faire de même.

"Je me nomme Céphas. Je suis le chef de ce village, qui est un des plus importants du Centre-Afrique.

-Je suis Zia. dit la jeune Inca. Et voici Esteban, Sancho, Tao, Mendoza, Pedro, et Isabella. ajouta t-elle en désignant ses amis les uns après les autres.

-Ravi de vous rencontrer. dit le chef.

-Nous de même. Et donc, vous voulez dire que nous sommes au Centre Afrique ? demanda Mendoza.

-C'est exact.

-Sauriez-vous où se trouve Bangui ? continua Tao.

-Bien sûr. C'est le village le plus connu de notre pays. Le plus grand, aussi. Il doit se situer à environ quatre jours de marche d'ici. Trois, si vous sacrifiez une nuit."

Ce qui leur faisait environ deux ou trois heures dans le Grand Condor. Quatre, peut être.

"Que voulez vous faire à Bangui ?

-Nous cherchons un puits mystérieux. Avec un oeil représenté dessus. Il... commença Isabella.

-Kasaniwé. l'interrompit Céphas.

-Ka-ka-ka, kasa quoi ? demanda Pedro.

-Kasaniwé. répéta l'homme. Le puits du malheur. Pourquoi le recherchez-vous ?

-Nous avons entendu dire des choses à son sujet, que nous aimerions vérifier. dit la fille du Docteur, pesant ses mots.

-N'y allez pas. Jamais. Sauf vous deux. dit-il en désignant Esteban et Zia.

-Et pourquoi eux ? demanda Pedro.

-Bah-bah à cau-cause de leurs médada-médada, médaillons baaaanane ! répondit Sancho tandis que le petit garçon-Guénolé- leur apportait les bols de lait de chèvre. Gourmand, le bègue porta le sien à ses lèvres et le vida avant de soupirer d'aise. C'était excellent. Pendant ce temps, Céphas continuait ses explications :

"Kasaniwé était au départ un puits comme les autres. Les habitants de Bangui allaient y puiser leur eau, tout naturellement. Mais un jour, il y a de ça bien longtemps, il s'assécha, sans explications. Petit à petit, les villageois l'oublièrent, car ils avaient également une rivière à proximité, ce qui leur permettaient de ne pas mourir de soif, et ils avaient fini par construire un autre puits. Et une nuit, huit mois après cet évènement, un rire démoniaque retentit. Les villageois se rendirent compte qu'il venait du puits, et certains d'entre eux descendirent voir ce qu'il se passait. Aucun n'est revenu. Mais du puits sortait une fumée épaisse, et dans l'air, il y avait cette odeur d'incendie. Depuis, personne n'est plus jamais retourné à ce puits, que nous avons appelé ainsi car il signifie "malheur" dans notre langue. Pour le distinguer des autres puits, les anciens ont dessiné un oeil dessus, pour appeler à la vigilence. Voilà, c'est tout ce que je sais."

Les Mystérieuses Cités D'Or-Le Secret Des HéritagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant