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Ce matin, nous nous préparons pour le premier objectif de la journée : retourner à l'appartement d'Antonin pour prendre le maximum de ses affaires. Pour l'instant ce n'est pas un déménagement, l'essentiel est qu'il puisse s'habiller. De façon totalement naturelle, nous reprenons les habitudes contractées pendant notre colocation à l'époque de l'université. Je suis le premier à me lever, pour passer sous la douche. Quand j'ai terminé, je réveille Antonin, pour qu'à son tour il se lave pendant que je m'habille. Lorsque lui a fini et utilise la chambre pour s'habiller, je prépare le café. On se retrouve côté cuisine pour boire ce qui devrait nous donner de l'énergie. Toutes ces étapes se déroulent sans échanger aucun mot. Ni l'un ni l'autre n'est du matin, il nous faut environ une heure après le réveil pour commencer à avoir envie d'être sociable !

– Bonjour Antonin, vous allez mieux ?

La concierge de son immeuble est vraiment là en permanence. C'est sympa d'avoir quelqu'un qui se soucie des résidents, parfois c'est quand même un peu lourd. Il est impossible de circuler sans être épié.

– Oui, merci. Le temps de me remettre je vais rester quelques jours avec Julien.

– Il est gentil votre ami. Ne vous inquiétez pas, je surveille.

Ce qui veut dire qu'elle passera plusieurs fois par jour à l'étage d'Antonin pour vérifier que la porte de son appartement n'est pas fracturée. C'est l'avantage de la gardienne, oui parce que moi je dis concierge mais ce n'est plus le terme officiel.

– C'est l'apocalypse !

J'aurais peut-être dû venir seul. Maintenant qu'Antonin a repris ses esprits, il redevient le psychorigide que je connais, celui qui ne supporte pas le moindre désordre, et son appartement est un concentré de tout ce qu'il déteste. En fait, je voulais qu'il voie le chaos, pour qu'il prenne conscience de la gravité de la situation.

– Je fais un peu de rangement, toi tu vas dans la chambre pour rassembler tes affaires.

Il faut au moins que je ramasse les cadavres de bouteilles, les paquets de chips qui jonchent le sol et que je nettoie rapidement le vomi pour que cet appartement arrête de sentir la mort. Le tout nous prend quand même trois heures.

– C'est bon. Je n'ai pas envie de rester ici.

Il a rempli deux sacs de sport et moi quatre sacs poubelle.

– Il faut passer cet appartement au napalm.

– Ne t'inquiète pas, on reviendra pour faire un grand nettoyage dès que tu seras prêt.

Il avait l'air plein d'énergie ce matin au réveil et là, on dirait qu'il est de nouveau épuisé. On va vite quitter cet endroit qui le déprime.

– À bientôt, Antonin !

Elle m'agace cette gardienne. Bref, nous revenons chez moi et il est l'heure de faire tourner des lessives. Toutes les fringues de mon pote sentent très mauvais. Je prépare la machine sous sa supervision.

– Tu mélanges tout et n'importe quoi.

– Quoi ?

– Ces fringues se lavent à 30, celles-ci à 40 et le reste à 60.

Disons que c'est une bonne chose qu'il devienne énervant, c'est le Antonin que je connais. Que de disputes autour des lessives quand nous étions étudiants !

– Euh, pas besoin d'autant de lessive.

– Tu veux le faire ?

– Non, je ne dis plus rien.

Je suis ses conseils, comme je le fais toujours. Après tout ce temps il veut encore m'apprendre à bien gérer le lave-linge, c'est agaçant.

– Je vais m'allonger un peu.

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