2.

904 56 3
                                    

Me voilà en train de déshabiller Antonin, encore une fois. Je l'ai installé dans la baignoire, hésitant entre laver ses fringues ou simplement les brûler. Il ne les porte que depuis peu mais elles sont déjà imprégnées d'une odeur... de mort ! Si je ne l'ai jamais autant déshabillé, ce n'est par contre pas la première fois que je le vois nu. Sous les douches collectives, dans les saunas, les hammams, ou simplement quand on matait des pornos ensemble, son anatomie est loin d'être un mystère pour moi. Donc cela ne me dérange pas du tout. Et puis, il faut que je le remette en état, il y a urgence. Je fouille dans mes affaires, j'ai toujours une brosse à dents d'avance, je la change régulièrement. Je commence par lui laver la bouche, un réflexe intéressant. L'haleine est quand même un signe de bonne ou de mauvaise santé et là il pourrait me tuer rien qu'en me respirant en plein visage, je ne vais pas prendre le risque. Il bouge à peine, difficile de l'obliger à se rincer la bouche et à recracher. Tout finit sur son torse, on s'en fout, puisqu'il est temps de passer au décrassage complet.

Je laisse couler l'eau un bon moment sur son corps. Je débute par les cheveux. Gras, collants, plein de pellicules, je ne sais pas depuis combien de temps il ne les a pas lavés.

– N'ouvre pas les yeux !

Ce qui ne changerait pas grand-chose puisqu'ils sont déjà rouges, injectés de sang comme un toxico. Quand même, ce n'est pas agréable d'avoir du shampoing dans l'œil. Je rince. Avec un gant de toilette et du savon je m'attaque au visage. Là aussi il y a du boulot, surtout pour les oreilles. Oui, je vais aller partout, il est tellement sale qu'on pourrait attraper une maladie rien qu'en le frôlant. Lui qui est toujours si soigneux, terrorisé quand un seul poil dépasse... il a dû se passer quelque chose de grave pour qu'il se retrouve dans cet état.

– Si tu pouvais te réveiller un peu !

Je lui soulève chaque bras pour m'occuper de ses aisselles. J'ai l'impression de manipuler un pantin inerte, c'est une drôle de sensation, désagréable. Puis je frotte son torse, son dos, ses jambes, j'insiste sur les pieds. Entre chaque étape je le rince et je change de gant de toilette. Maintenant, il faut s'occuper de ses parties intimes. Il est quasiment inconscient, mais quand même je le préviens :

-Je vais y aller à fond.

Je commence par ses testicules. Puis je le décalotte doucement, je vais vraiment le laver dans les moindres détails. Il n'y a que de cette façon qu'on enlèvera toute odeur nauséabonde. La partie suivante est plus délicate. Alors qu'il est mouillé, qu'il glisse entre mes mains, j'essaie de le retourner pour le mettre à quatre pattes dans la baignoire. Il me faut plus d'un quart d'heure pour y arriver. Je frotte ses fesses, je vais à l'intérieur. Je m'étonne que rien ne me dégoûte. En fait, je ne pense pas réellement à ce que je suis en train de faire. J'ai une mission, celle de prendre soin de mon pote, et je veux aller jusqu'au bout. Ce n'est pas par plaisir que je fais tout ça, c'est indispensable.

– Voilà, propre comme un sou neuf.

Maintenant je parle comme ma mère ! Un grand rinçage, avant de faire une pause. Il va me falloir encore un peu de force puisque je vais passer au séchage, pour lequel je vais devoir le lever, sachant qu'il y met toujours encore de la mauvaise volonté. Puis c'est un Antonin nu, propre, que je porte jusqu'à mon lit. Je le recouvre de la couette, même s'il ne fait pas froid il est si faible qu'il vaut mieux prendre toutes les précautions.

– Je pose ça à côté de toi.

Il faut prévoir un récipient au cas où de nouveaux vomissements surgiraient. Je le regarde, là, endormi, paisible. Il respire lentement, sereinement. Je ne sais pas ce qui est arrivé, mais je suis content qu'il soit là, chez moi. Désormais il est sous ma protection, je vais tout faire pour le requinquer.

Refaire surfaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant