12.

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Antonin se retire lentement. On se regarde droit dans les yeux. Je ne sais pas comment réagir. Il faut briser le silence. Je pensais le repousser violemment, mais j'ai perdu tous mes instincts au moment du baiser.

– Aussi bon que dans tes fantasmes ?

Je pose une question à la con, j'ai besoin de dire quelque chose.

– Bien meilleur.

– Qu'est-ce qu'y t'a pris ?

– J'en avais envie depuis tellement longtemps.

Je me lève pour chercher de quoi boire. Je crois que nous en avons tous les deux besoin. Ensuite, instinctivement, je m'assois dans le fauteuil, tandis qu'Antonin reste sur le canapé. J'ai ce réflexe de mettre une distance entre nous. Pour que ce genre de chose ne se reproduise plus ? Surtout parce que j'ai besoin d'analyser la situation.

– Comment ça tu en avais envie depuis longtemps ?

– Tu es l'homme dont j'ai toujours été le plus proche. C'est avec toi que j'ai compris que je suis homosexuel.

– Alors que moi je ne le découvre qu'aujourd'hui. Pour toi, je veux dire.

– C'est arrivé vers nos douze ans. Quelque chose a changé. Nous étions en été, c'était normal de se retrouver torse nu à cause de la chaleur. Jusque-là ça ne m'avait rien fait de particulier. Et puis soudain, un jour, sans prévenir, je t'ai regardé et je t'ai trouvé beau.

– Aussi jeune ?

– Il n'y avait rien de sexuel à ce moment, Julien. C'est juste que je trouvais ton corps magnifique, j'y pensais tout le temps, c'était un plaisir de te voir torse nu. Quand on était en vacances, sur la plage, tu fixais les poitrines des filles, moi je te regardais toi et je trouvais ton corps bien plus joli que celui de nos copines.

– Continue.

– Il n'y a jamais eu de pudeur entre nous. On se changeait dans la même pièce, on se retrouvait souvent à poil dans les vestiaires après le foot, ou simplement quand on était chez toi on utilisait la salle de bains en même temps. Après, on s'est fait du bien ensemble devant des pornos. C'est là que je suis vraiment tombé amoureux de ton corps.

– Il te donnait envie ?

– C'était une torture de ne pas te toucher. À l'adolescence j'avais envie de toi tout le temps.

– Tu es resté sage.

Il détourne le regard. Sans doute que je n'ai pas envie d'entendre la suite, mais nous sommes sur notre lancée, il faut que je sache. Quand la boîte de Pandore est ouverte, on ne peut plus la refermer.

– Parfois, la nuit, quand je me réveillais, tu étais là, allongé à mes côtés, nu. Je passais un temps infini à regarder ton corps.

– Je t'excitais.

– Oui.

– Tu m'as touché ?

– Quand je voyais que tu dormais vraiment profondément, je prenais le risque de caresser ton torse. Ce sont mes plus beaux souvenirs.

– Tu t'es contenté du torse ?

– Parfois, poussé par l'excitation, je posais délicatement ma main sur ton sexe et j'en profitais pour caresser tes testicules avec mes doigts.

Je viens de boire un verre de vin presque d'une traite.

– Tu m'en veux ?

– Franchement, je ne sais plus quoi penser. Je ne me doutais de rien.

Refaire surfaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant