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Nous sommes allongés sur le dos, en sueur. J'essaie de reprendre mon souffle. Je suis dans un état second, j'ai du mal à réaliser ce qui vient de se passer.

– Tu te sens comment ?

– C'est moi qui devrais poser la question.

Le début n'a pas été simple. Antonin était vierge, et moi aussi en quelque sorte. Je n'avais encore jamais fait ce genre de chose. Et puis, il ne faut pas se mentir, l'exercice n'est pas naturel. Rien n'est censé entrer par là. Il a énormément souffert, à en avoir les larmes aux yeux, mais il a voulu continuer.

– J'ai super mal, mais qu'est-ce que je me sens bien.

– Plutôt paradoxal.

– Ouais, j'ai bien morflé au début. Mais ensuite, quel pied !

Je savais qu'on pouvait prendre du plaisir par cette méthode. Sinon, personne ne le ferait. Je ne dis pas que je comprends, sauf qu'apparemment le corps humain est satisfait quand on le pénètre. Pendant un long moment nous avons été sages. Je suis resté confortablement en lui, parce que j'avoue que c'est bon, puis je suis allé et venu très doucement. Jusqu'à ce que quelque chose se déclenche et qu'Antonin me demande d'aller plus vite.

– Une vraie bête, Julien.

– Ouais, j'ai perdu le contrôle.

Je ne sais pas comment c'est arrivé. Soudain, je n'ai plus vu mon meilleur pote, là, sous moi, mais une pure source de plaisir pour me défouler. Et je ne me suis pas privé. J'ai totalement perdu le contrôle, je me suis lâché en lui.

– Je me demande lequel de nous deux est le plus pervers.

Des insultes, des mots sales, nous sommes devenus des animaux. Je ne pouvais plus m'arrêter, j'avais envie de le contrôler, de le soumettre totalement, de me faire plaisir sans penser à ce qu'il ressentait. Et lui a semblé aimer cette position de soumis, supportant mes coups, ma brutalité.

– Je crois qu'on a tout partagé maintenant.

– Ouais. Et là on en discute tranquillement, comme de la pluie et du beau temps.

Normalement ça ne se fait pas. Après le sexe on ne passe pas son temps à débriefer. C'est fini, c'était bon, on passe à autre chose. Mais là, nous avons besoin d'en discuter.

– Un vrai fauve, tu t'es déjà lâché comme ça avant ?

– Non, je ne me reconnais même pas. Pourtant, c'était bien meilleur.

– Tu t'es senti mâle.

– Exactement, et pour la première fois.

– Je ne veux pas trop intellectualiser, mais avec une femme je crois qu'on se retient. On fait attention à elle, à ne pas lui faire mal, à lui procurer du plaisir.

– Alors que là, j'avais juste envie de te faire souffrir.

– Et t'as pris ton pied en me voyant totalement à ta merci.

– Je ne me suis jamais autant éclaté, c'était incroyable.

– Donc on va recommencer.

– Oui.

– Ça ne te semble pas bizarre.

– Non. Au début j'ai eu un doute, mais très vite j'ai trouvé ça normal de te faire l'amour. J'ai pu être totalement moi, violent, vulgaire, déchaîné, sans aucune limite.

– Et moi je ne pensais pas prendre autant de plaisir. J'avais peur au début, mais tu as été parfait.

Lentement nous reprenons une respiration normale. Nous avons vraiment été bestiaux, dans tous les sens du terme. Des bêtes sauvages, sans aucune retenue. J'ai l'impression de ne pas avoir connu le sexe à l'état pur avant aujourd'hui.

Refaire surfaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant