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J'ai passé du temps à scanner les vieilles photos qui sont dans les albums de mes parents, à les remettre dans l'ordre chronologique et aussi à trier toutes ces photos que l'on prend avec nos smartphones. Un travail qu'il faudrait faire régulièrement, pour conserver les meilleurs souvenirs.

– Waouh, on était tout le temps fourrés ensemble quand même.

– Ouais, je suis aussi allé regarder les photos conservées par ta mère, mais ce sont à peu près les mêmes que celles de la mienne. On était tout le temps ensemble, avec nos deux mères qui nous surveillaient et nous mitraillaient de photos.

– On sourit tout le temps. On était heureux à l'époque, c'était tellement plus simple.

– On peut dire qu'on a eu une belle enfance.

– Même les vacances on les passait ensemble.

– Je me suis toujours demandé si c'est parce que nos parents s'entendaient bien ou s'ils se forçaient pour nous faire plaisir.

– Tu crois qu'ils s'en sont voulu de n'avoir chacun qu'un seul enfant ? Personnellement je ne suis pas perturbé par le fait d'être fils unique.

– Moi non plus, mais c'est parce que je t'ai toujours eu toi. Combien de fois on nous a demandé si on était frères ?

– Et combien de fois a-t-on répondu oui de façon totalement naturelle ?

Il y a évidemment beaucoup de photos de nos anniversaires respectifs.

– Les amis changent, mais jamais je n'ai manqué un seul de tes anniversaires.

– Pareil pour moi.

Il y a aussi un dossier « sport », parce que nous en avons pratiqué beaucoup, ensemble : tennis, basket, foot, piscine, athlétisme...

– Là par contre, Julien, tu fais souvent la tronche.

– C'est toi qui m'entraînais dans tous ces délires. Moi je voulais juste rester devant la console.

– Tu te forçais pour moi ?

– Je n'ai jamais pris de plaisir à faire du sport. Mais tu te souviens de ton chantage préféré ?

– Non.

– Il suffisait que tu dises : « Si tu ne viens pas je n'y vais pas non plus » pour que je te suive. J'avais peur de te rendre malheureux.

– Punaise, on a remporté plein de compétitions.

– Ouais, toi t'étais toujours sur le podium et moi loin derrière.

– On a quand même passé du bon temps.

– C'est vrai. Même si j'étais toujours un peu dans l'ombre.

– Qu'est-ce que tu racontes, Julien ?

– C'est toi qui étais populaire, apprécié, admiré. Moi on me parlait parce que j'étais l'ami d'Antonin, sinon je crois que je serais passé totalement inaperçu du primaire au lycée.

– N'importe quoi.

Les preuves sont là, sur toutes ces photographies où on voit Antonin mis en avant et où, pour me trouver, il faut bien chercher, voire zoomer sur les visages.

– Je me demande ce que sont devenus tous ces potes.

Nous n'avons gardé de lien avec personne. C'était un peu particulier, puisqu'il y avait notre amitié et puis tous ces autres qui gravitaient autour de nous. Ils étaient nos potes parce que nous étions dans la même classe, mais d'année en année nous avons perdu le contact avec tous ces garçons et toutes ces filles.

Refaire surfaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant