Best Distraction

Chapitre 55

Je profite de cette intervention pour me calmer et sécher mes pleurs mais je ne donne pour autant aucun signe de ma présence.

-Je sais que tu es là mon chaton, dit la voix de mon ami. Je t'ai vue venir avec tes sourcils démesurément froncés comme tu as l'habitude de faire lorsque quelque chose t'attriste. Ne te fais pas prier et laisse moi entrer.

Je pousse un nouveau soupir las, inutile de lui résister, iel risquerait de rester planté devant la porte à parler de trucs qui ne la regardent souvent pas vraiment. Je tends donc le bras vers la poignée, non loin de moi et ouvre un peu la porte, sans bouger de ma place. Iel n'attend pas plus longtemps et s'incruste dans mon abri. Une fois l'entrée refermée, iel se poste devant moi, les mains sur les hanches.

-Regarde toi... soupire-t-iel avant de s'accroupir. Qu'est-ce qui t'as mis dans cet état là ?

Je la regarde simplement pendant quelques secondes puis baisse enfin la tête en soupirant, résignée à parler.

-Elle l'a choisie, elle l'a choisie ELLE. Et pas moi, avoue-je avant de relever les yeux vers iel et développe devant son manque d'expression. Adora a choisi Ténébra, d'accord ? Pas moi. Adora ne veut pas de moi. Pas comme moi je veux d'elle...

Je me recroqueville un peu plus sur moi-même et réfugie mon visage dans le creux que forment mes bras avant de la relever quand iel prend enfin la parole.

-Tu sais, ça m'a pris un moment, mais je crois que j'ai finalement cerné ta personnalité.

Quoi ? Iel veut en venir où là ?! Je la regarde en fronçant les sourcils puis iel continue.

-Tu fais des efforts démesurés pour jouer les grandes méchantes. Mais ton cœur ne sait pas faire ça, n'est-ce pas ?

-Qu'est-ce que ? Stop, arrête tout de suite.

-Certaines personnes t'ont fait du mal, j'ai raison ? Elles n'ont pas cru en toi, elles ne t'ont pas fait confiance, elles n'ont pas eu besoin de toi, elles t'ont abandonnées.

Je l'écoute, choquée, mes yeux commencent à piquer de nouveau, je revois donc successivement Hordak, Ténébra et enfin Adora.

-Mais t'es-tu jamais demandé si au fond, c'était vraiment elles le problème ? C'est de ta faute, c'est toi qui les fait fuir petit fauve.

-Pourquoi est-ce que tu fais ça ?

-Mais je fais ça pour ton bien, chérie, toi et moi on sait que ce n'a jamais été ce que tu voulais. Remets toi en question.

Puis iel enfonce son index sur mon nez et repart, comme iel est venue, me laissant cogiter seule là-dessus. Mais ses mots résonnent encore en boucle dans ma tête comme quelque chose de connu depuis bien longtemps mais dont je viendrais pourtant à peine de prendre conscience. D'où vient réellement le problème ? De l'une d'elles ? Ou de moi ? Et il y a-t-il vraiment un problème ou est-ce juste dans mon esprit blessé et un brin paranoïaque ?

Pdv Adora

Je n'ai que peu dormi cette nuit, pourtant je suis restée recroquevillée dans mon lit à ne rien faire, à penser, à me poser toutes sortes de questions d'apparence inutiles car je n'ai trouvé aucunes réponses à apporter à mon raisonnement. Je me redresse paresseusement en entendant une joyeuse activité dans la maison. On va tous les trois accompagner Angella et Micah un peu plus tôt pour les aider à finaliser quelques détails de dernières minutes puis on ira attendre les autres dans le gymnase. Je profiterai du trajet pour qu'il m'attribue tout de même quelque chose à faire afin de tuer le temps. Cette journée ne sera finalement pas différente à n'importe quelle autre. C'est sans doute ce qu'il arrive quand on attend un événement avec trop d'impatience, on finit par être déçu. D'un geste de bras je balaye mes pensées ainsi que les draps enroulés autour de mes jambes, témoins de mon agitation nocturne. Je me mets sur mes pieds encore engourdis de fatigue et revêtis tout de même la tenue de sport que j'avais préparée il y a maintenant plusieurs jours. On ne sait jamais, peut-être qu'ils me feront courir au secours de Kyle qui risque sans doute de se retrouver bloqué quelque part. Je ricane à cette simple pensée, on a passé des bons moments tout de même à l'orphelinat, on peut dire ce qu'on veut, on n'était pas si malheureux que ça. Perdue dans mes souvenirs, je ne remarque que tardivement mes deux amis, appuyés contre l'encadrement de ma porte.

-Qu'est-ce que vous faites là ? M'étonne-je après avoir sursauté.